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Avec Bâtiment 5, Ladj Ly revient sur les marges de la société française, entre luttes sociales et fractures institutionnelles. Si le film aborde des thématiques essentielles, comme la gentrification et la résilience face à l’injustice, il peine à transcender ses ambitions initiales. À travers le combat de Haby, déterminée à sauver l’immeuble de son enfance, Ly cherche à peindre une fresque poignante, mais le récit s’égare, dilué dans des intrigues secondaires et des stéréotypes qui affaiblissent son propos.
Le récit promettait d’être centré sur les habitants du Bâtiment 5, figures emblématiques des luttes sociales, mais leur présence est reléguée à l’arrière-plan. Haby, travailleuse sociale dans une association d’aide au logement et stagiaire aux archives de la mairie (jouée par une Anta Diaw au talent indéniable), incarne pourtant une détermination admirable dans son combat contre la destruction programmée de son immeuble. Mais au lieu de mettre en avant les résidents et leurs histoires, le film accorde une attention disproportionnée à Pierre Forges, le maire corrompu, et sa famille. Ces figures politiques, présentées de manière caricaturale, captent une place centrale qui étouffe la richesse humaine que le récit aurait pu explorer.
Cette approche affaiblit le propos initial du film, qui semblait vouloir mettre en lumière la solidarité et les luttes quotidiennes des habitants. En insistant sur les élites déconnectées, Ly semble détourner le regard de ceux qu’il prétend défendre, laissant une impression d’inachevé et de déséquilibre.
L’ajout d’une intrigue amoureuse entre Haby et Blaz, jeune homme révolté du quartier qui semble défaitiste et las de tout (et on le comprend), n’a pas réellement d’intérêt et ralentit la dynamique du film.
Cette dernière, reposant sur le contraste entre deux personnages aux idéologies opposées même s’ils sont enragés d’être témoins de ces injustices, s’avère redondante, tant ce schéma a déjà été largement exploré au cinéma. Plutôt que d’enrichir l’histoire, cette romance détourne l’attention des enjeux centraux du film, affaiblissant la tension dramatique et réduisant l’impact des luttes collectives.
Ce choix narratif paraît d’autant plus regrettable qu’il occupe un temps précieux, au détriment de personnages secondaires qui auraient mérité davantage de développement. Ces résidents, censés être le cœur battant du récit, sont réduits à de simples figures de décor, leurs trajectoires personnelles restant largement inexploitées.
Visuellement, Bâtiment 5 brille par sa mise en scène, notamment grâce à l’usage des plans drones qui capturent l’ampleur des injustices sociales et spatiales. Ces vues aériennes traduisent une volonté de prendre de la hauteur, de montrer la désolation d’un système qui broie les individus. Néanmoins, cette ambition visuelle contraste avec l’écriture, souvent trop convenue.
Les scènes de violence sont bien chorégraphiées mais perdent parfois en impact à cause de dialogues qui versent trop souvent dans les stéréotypes. Certaines répliques, censées véhiculer la colère ou la détresse, tombent à plat, emprisonnées dans des formulations déjà entendues ailleurs. Ces faiblesses narratives diminuent la portée émotionnelle de moments pourtant clés.
Alors que le film promet une montée en puissance dramatique, il s’achève sur une note abrupte, laissant le spectateur sur sa faim. Les tensions accumulées au cours du récit n’aboutissent pas à une résolution claire, et les arcs narratifs restent en suspens. Cette conclusion frustrante donne l’impression que le film s’interrompt au moment où il devrait culminer, affaiblissant le message qu’il cherche à transmettre.
Ce manque d’aboutissement reflète une problématique plus large : un récit morcelé, où les fragments d’injustices et de tensions peinent à s’assembler en une fresque cohérente et percutante. Bâtiment 5 semble rester à mi-chemin entre l’intime et le systémique, sans parvenir à fusionner les deux avec la même intensité que Les Misérables.
Bâtiment 5 témoigne d’une ambition louable : mettre en lumière les fractures sociales et les luttes des oubliés. Mais le film, malgré ses thématiques brûlantes et une mise en scène soignée, échoue à capturer toute la complexité de ces enjeux. En privilégiant des intrigues secondaires et des schémas narratifs éculés, il perd en profondeur et en intensité.
Malgré tout, Ladj Ly continue de poser des questions essentielles sur l’injustice et l’exclusion, mais Bâtiment 5 laisse derrière lui un sentiment d’occasion manquée. Là où il aurait pu incarner un véritable manifeste, le film se contente d’effleurer son sujet, laissant le spectateur partagé entre admiration pour son engagement et frustration face à ses maladresses.
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