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En s’attaquant à l’une des pièces phares du dramaturge Bernard-Marie Koltès, Brigitte Haentjens signe une mise en scène originale, inspirée du cirque contemporain, au sein de laquelle les comédiens Hugues Frenette et Sébastien Ricard proposent une interprétation à la fois classique et cinglante, à l’image du style littéraire propre à Dans la solitude des champs de coton.
Au détour d’une rue interlope, deux destins se croisent et s’entrechoquent dans la nuit. Échange de regards, trajectoire droite ou déviée, tout est prétexte à ce que la discussion éclate, ou plutôt rien. Car tout oppose ces deux hommes, et à ceux qui croient que les rapports entre les gens sont dictés par l’amour ou l’affection, Koltès répond que seul le troc peut lier les hommes. Ainsi, l’un des personnages revendique son statut de dealer et l’autre semble subir celui de client. De cette rencontre avec l’altérité découle la pièce de théâtre écrite en 1985 et construite sur une joute autant verbale que physique.
Une mise en scène sobre et délicieusement oppressante
Dès le début de la représentation, la metteure en scène Brigitte Haentjens plonge le spectateur dans la peau de ces malfrats et bouleverse l’ordre habituel des choses. Un couloir sombre et sinueux, une ruelle qui nous cloître derrière un grillage, une musique drone inquiétante composée par Bernard Falaise : l’arrivée dans la salle de l’Usine C met en place un dispositif ingénieux, à la fois sobre et oppressant.
Autour de la scène, le public se fait également face, comme dans un défilé, un ring de boxe ou encore un chapiteau de cirque contemporain. On est au théâtre et pourtant, les masques tombent. Chacun s’observe et devient le miroir de l’autre. L’être humain se révèle, sur scène et hors champ, comme un laboratoire à la recherche du mouvement de l’être. Et au-delà des corps, on se demande si l’échange a vraiment lieu, car les longs monologues du dealer et du client ne réussissent jamais à combler les désirs de l’un et de l’autre. Les corps se tournent autour, s’affrontent et expriment par les mots le mystérieux écart qui les réunit là, tout en manquant constamment de le rendre fertile, d’en faire un terrain d’entente.
Crédit photo : Jean-François Hétu
Un jeu d’acteur, mélange de classicisme et de capoeira
Au centre de l’arène, les comédiens se donnent la réplique violemment. Pourtant, ils conservent aussi une certaine préciosité de langage. Leur phrasé semble remonter autant de la rue, que de Racine. Si l’on sait que Koltès a beaucoup voyagé, mourant seul dans une chambre d’hôtel à 41 ans, on entend dans sa langue simple une volonté complexe de raconter un désir tragique, un désir universel et inassouvi, qui tire son influence du théâtre classique.
Ainsi s’opposent les deux comédiens qui vont et viennent, comme lions en cage, et à défaut de pouvoir s’échapper de la scène, crachent une diction parfaitement articulée. Si articulée parfois qu’elle en fait grimacer les visages, crier le corps tout entier. De la tenue des mains, aux transes du client incarné par le talentueux Sébastien Ricard, le rapport de force, littéralement décrit comme « animal » dans le texte, devient un sport de combat, un mouvement de capoeira – ce mélange de danse et d’art martial né au Brésil dans un contexte esclavagiste. Le jeu consiste alors moins à s’entendre qu’à goûter la part inconnue de l’autre, à faire exister le vide qui les sépare et les ramène sans cesse à leur propre néant.
Une production Sibyllines à voir jusqu’au 10 février 2018 à l’Usine C. Pour plus d’information et pour vous procurer vos billets, cliquez ici.