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Angela Konrad offre son adaptation radicale de la pièce inaugurale de l’œuvre d’Anton Tchekhov, au Théâtre Prospero jusqu’au 15 décembre.
La toute première pièce de Tchekhov n’a jamais été jouée de son vivant. Ce geyser de passion est l’œuvre d’un jeune homme de 18 ans, une satire épique et d’une maturité exceptionnelle. Il faut dire que, longtemps, la pièce a été jugée injouable, du fait de sa longueur et de ce que l’on considérait alors comme un texte bourré d’acrobaties stylistiques. En ce sens, la traduction d’André Markowicz et de Françoise Morvan publiée en 2004 marque un tournant dans la compréhension de la pièce. Les deux traducteurs interprètent les intonations, les variations de langage et les motifs récurrents pour retranscrire la densité du texte original et révéler au grand jour le réseau souterrain de non-dits, essentiels à la compréhension du propos.
Une relecture incisive
Angela Konrad a incisé dans cette masse textuelle pour en extraire l’essence, une sélection de répliques condensant le potentiel dramatique de la pièce.
Dans le texte et sur la scène de Konrad, Platonov, jeune instituteur issu de la petite noblesse russe se rend par une chaude journée de printemps chez Anna Pétrovna, veuve d'un général qui reçoit sur son domaine une tripotée de nobles et de bourgeois criblés de dettes. Les invités s’amoncellent, frappent par leur désœuvrement et tournent autour de Platonov comme des planètes autour d’un soleil. Platonov, désabusé et lucide, renvoie à chacun sa véritable image, décortiquant ses manières peu louables et ses vices cachés. La puissance du personnage réside dans sa force d’attraction, autant que dans sa capacité de répulsion. L’« archange » qui « s’ennuie comme un rat mort » en présence de ses pairs se montre enclin à saccager l’ordre établi et à remettre en question les fondements mêmes de l’existence humaine.
Tisser la masse des angles morts
Dans la mise en scène d’Angela Konrad, l’espace scénique s’ouvre sur l’extérieur. La scène d’ouverture signe la fin de Platonov – avec des échos, projections de voix dans le temps et l’espace qui nous permettent de palper ouvertement le texte. Le sous-titre « Amour, haine et angles morts » a été ajouté par la metteure en scène pour souligner ce travail de projection en arrière du texte, initié par la traduction de Morvan et de Markowicz. Angela Konrad explique avoir voulu « creuser avec les comédiens […] ce lieu où l’inconscient travaille en dépit des mots qui peuvent être prononcés. » L’inconscient, le sous-texte est ici exploité de manière truculente, dans une mise en scène usant et abusant d’une gestuelle outrancière. C’est ainsi que, durant deux heures, les personnages se projettent, se débattent inlassablement et s’affaissent sur la scène dans l’espoir vain d’y laisser une trace de leur trajectoire.
Une adaptation électrique
La mise en scène d’Angela Konrad brille par sa rigueur esthétique et son indéniable charge électrique. Globalement, la pièce est servie par une interprétation à la fois grotesque et fantastique. Seul bémol à la distribution, si le Platonov de Tchekhov est un personnage torrentiel et dont l’humanité trop pleine nous explose à la figure, celui de Konrad manque de charisme. Ce charisme fabuleux qui fait de Platonov un authentique et légitime agent du chaos.
Platonov, amour, haine et angles morts, d’après Anton Tchekhov. Jusqu'au 15 décembre au Théâtre Prospero.
Coproduction : Le Groupe de la Veillée et La Fabrik
Traduction : Françoise Morvan, André Markowicz
Mise en scène, adaptation, conception costumes et espace scénique : Angela Konrad
Interprétation : Violette Chauveau, Samuel Côté, Pascale Drevillon, Renaud Lacelle-Bourdon, Debbie Lynch-White, Marie-Laurence Moreau, Diane Ouimet, Olivier Turcotte
Lumières : Cédric Delorme Bouchard
Conception sonore : Simon Gauthier
Assistance à la mise en scène : William Durbeau
Assistance à la scénographie : Wanderson Damaceno
Assistance aux costumes : Fruzsina Lanyi
Intégration vidéo : Julien Blais
Recherche dramaturgique : François Genest
Second assistant : Hubert Rivest