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La pièce de théâtre N'essuie jamais de larmes sans gants offre un voyage poignant au cœur de l'épidémie du VIH des années 1980 en Suède. L'intrigue, centrée autour de sept hommes gais qui se soutiennent mutuellement dans un Stockholm perturbé, explore les thèmes de l'amour, de la tolérance, de la maladie et de la solidarité.
L'histoire principale suit Rasmus, jeune homme qui s’est extirpé de son cocon familial étouffant et Benjamin, ancien témoin de Jéhovah qui a dû délaisser sa foi pour accepter son identité. Les deux hommes cherchent à échapper aux contraintes de leur passé pour vivre pleinement leur amour à une époque où le sida fait des ravages. La pièce s'articule autour d'une famille choisie, dirigée par le personnage haut en couleur de Paul, interprété par Maxime Robin avec une élégance irrépressible. Les personnages, chacun confronté à leurs propres défis et dilemmes, forment un ensemble captivant qui transcende les frontières culturelles, combinant habilement la réalité suédoise avec une touche québécoise.
L'approche narrative, avec Reine en tant que narrateur revenant d'outre-tombe, offre une perspective unique et émouvante sur la tragédie qui frappe le groupe. Cette mise en scène ingénieuse maintient les disparus présents dans l'esprit du public, créant ainsi une connexion émotionnelle forte avec les personnages et leur destin.
La direction d'Ariane Sauvé et la conception scénique sont saluées pour leur créativité et leur efficacité. Le dispositif scénique, constamment reconfiguré par le biais de cubes gris remplis d’eau, évoque les multiples lieux tout en soulignant le combat incessant des personnages contre la maladie. L'éclairage magistralement réalisé par Elliot Gaudreau contribue à créer une atmosphère mémorable, où l'eau occupe une place symbolique cruciale.
La musicalité exquise et la théâtralité exacerbée de la pièce sont mises en valeur par la présence de mots de Daniel Lavoie et la voix unique de Marie Carmen, offrant ainsi une expérience sensorielle immersive. Alexandre Fecteau, en adaptant le roman de Jonas Gardell pour la scène, réussit à créer une œuvre qui transcende les frontières géographiques et temporelles, tout en soulignant l'importance de la mémoire dans le contexte du VIH.
N'essuie jamais de larmes sans gants est plus qu'une pièce de théâtre ; c'est un hymne magistral à la vie, à la tolérance et à la mémoire. Cette œuvre puissante et émotionnelle rappelle aux spectateurs le courage nécessaire pour affronter l'adversité, tout en honorant la génération qui a lutté contre les débuts dévastateurs de l'épidémie du sida. Un témoignage nécessaire qui transcende les frontières culturelles et temporelles, invitant le public à réfléchir sur le chemin parcouru tout en encourageant à avancer, ensemble.
La pièce sera jouée au Théâtre Duceppe jusqu'au 17 décembre 2023 et il reste des places. Pour accéder à la billetterie, cliquez ici.