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La pièce de Sarah DeLappe, mise en scène de Solène Paré et traduite par Fanny Britt, est présentée à l’Espace GO du 10 septembre au 6 octobre 2019.
Je me dois d’inaugurer cette critique par une confession : je ne connais rien, absolument rien au soccer. Rien, en dehors de la pratique et de la finalité du jeu : taper dans un ballon et marquer des buts pour gagner. Je sais aussi qu’il faut onze joueurs pour constituer une équipe. Et que gagner, comme dans de nombreux sports, est l’objectif du combat, qui anime les joueurs et les joueuses cramponnés au gazon comme à la vie.
Sur le terrain de l’Espace Go, neuf jeunes filles (et pas onze, donc) s’échauffent avant un match de qualification pour les championnats nationaux. Suivant le texte de Sarah DeLappe, rigoureusement traduit et adapté par Fanny Britt, ces neuf adolescentes arpentent sans filtre le gazon synthétique et le terrain rugueux de la vie, se livrant à de petites joutes verbales aussi rigolotes que juvéniles. Les corps se délient et la parole s’échauffe juxtaposant des sujets de société aussi variés que les Khmers rouges, les troubles de l’alimentation, les serviettes hygiéniques, les garçons et les cheveux que l’on coupe court (comme Mulan). Lors des entrainements, les Louves se distinguent par leur individualité, marquée par des escalades verbales et des affrontements chorégraphiés. Lors d’une game, elles forment un corps collectif, une meute assoiffée de victoire.
Le rythme est tenu, les apostrophes sont belles, les interprètes sont justes. La mise en scène de Solène Paré est impressionnante de réalisme. Les Louves en version originale a marqué le « Off-Broadway » à New York en 2016. Auréolée de plusieurs distinctions, la pièce a été finaliste d’un Prix Pulitzer en 2017. Pourtant, tout cela sonne creux. Dans le texte de Sarah DeLappe, le terrain de soccer devient métaphore de l’existence, l’espace privilégié de l’exercice de la vie où « marquer », « to score » est une action performative. Dans une lettre, elle dit avoir « envisagé la pièce comme un film de guerre » narrant l’histoire de stéréotypes : la capitaine, la naïve, la rebelle, la nouvelle recrue, etc.
Ma déception vient du fait que je m’attendais à un choc frontal. Une diatribe sulfureuse du patriarcat, une plongée sans concession dans le monde barbare de l’adolescence et celui, plus impitoyable encore, du soccer à l’américaine, exacerbé par des personnages au potentiel tragi-comique énorme, à la hauteur des Soccer Moms les plus féroces. Malgré le dynamisme indéniable du jeu de jambes, les personnages restent sagement engoncés dans leurs narrations stéréotypées. La conclusion de l’épopée des Louves est quant à elle tragique, précipitée par un drame ordinaire dont l’introduction dramaturgique nous renvoie aux glorieuses heures du cinéma hollywoodien.
Une coproduction ESPACE GO + Fantôme, compagnie de création + Théâtre français du Centre national des Arts
Texte : Sarah DeLappe
Traduction : Fanny Britt
Mise en scène : Solène Paré
Avec : Claudia Chan Tak + Claudia Chillis-Rivard + Leïla Donabelle Kaze + Célia Gouin-Arsenault + Dominique Leduc + Stephie Mazunya + Alice Moreault + Noémie O’Farrell + Elisabeth Smith + Zoé Tremblay-Bianco
Assistance à la mise en scène : Suzanne Crocker
Scénographie : Robin Brazill
Lumière : Martin Sirois
Costumes : Ginette Noiseux
Assistance aux costumes : Marie-Luc Despaties
Collaboration au design des uniformes : David Ayotte
Musique : Alexander MacSween
Mouvement : Virginie Brunelle
Entraînement sportif : Joël Chancy
Maquillages et coiffures : Justine Denoncourt
Habilleuse : Nicole Langlois
Direction de production : Audrey Blouin
Direction technique : Alex Gendron