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Du 18 au 20 mai et en première mondiale, le M.A.I. (Montréal Arts Interculturels) présente Laundry of Legends II, une performance/pièce de danse du metteur en scène saoudien Jassem Hindi basée sur un texte poétique de l’auteure/artiste peintre/poétesse libanaise Etel Adnan. Nous étions à la première date, compte rendu.
1 salle de taille humaine. 3 interprètes: 2 hommes et 1 femme. Un public d’une quarantaine de personnes. Une scénographie réduite à son plus simple élément et une musique entêtante d’inspiration electro-ambient qui joue en boucle, à volume réduit. C’est à travers ce décor intimiste que nous sommes accueillis dans le monde post-apocalyptique de cette performance. Les 3 interprètes (Justin de Luna, Clara Furey et Simon Portigal) tiennent une pause statique qui dure un temps. C’est intrigant et autour de nous, le public, tout concentré, retient son souffle et se demande ce qui va arriver ensuite!
Lorsque commencent à retentir via la sonorisation les premiers vers du poème L’Apocalypse arabe (1980) d’Etel Adnan, les interprètes-danseurs, tout de noir vêtus, commencent à se mouvoir, sur un rythme saccadé et dans des postures courbées. On dirait des cadavres qui sont revenus à la vie… ou plutôt sont entre la vie et la mort. Leurs mains sont noircies par de l’encre noire. Symbole du sang sur les mains ou de la terre que ces cadavres ont creusée pour revenir à la vie? Sûrement un peu de tout ça. En tout cas, les lumières se tamisent, la musique devient de plus en plus sombre. L’ambiance post-apocalyptique est lourde: on ressent presque dans notre chair la douleur et l’inconfort que ces corps-cadavres vivent devant nous. Jamais pendant tout le temps que dure la performance, ils ne danseront de manière douce ou gracieuse. Ou peut-être si, une grâce macabre et sombre. Une grâce tragique qui accompagne une poésie tout aussi tragique. C’est osé, exigeant avec le public et courageux comme choix de mise en scène. Nous avons trouvé que cela cadrait bien avec le propos politique de la performance. À ce propos, le texte de présentation de Laundry of Legends II nous indique que cette dernière « fait partie d’une série de performances sur les « poèmes-de-mort ». Ce sont des textes singuliers, qui, lorsqu’ils sont incarnés par des corps dansants, se transforment en machines oraculaires, voyageurs dans le temps, alimentés par la mort. » CQFD.
Justement, parlons de ce texte singulier: L’Apocalypse arabe est un poème de l’artiste multi-disciplinaire libanaise Etel Adnan, publié en 1975, deux mois avant le déclenchement de la Guerre Civile dans son pays. Il préfigurait déjà la violence, le chaos et les remous politiques qu’allait vivre le pays du Cèdre mais aussi la région du Moyen-Orient, en général. En le choisissant comme base textuelle de cette performance, le metteur en scène Jassem Hindi a sûrement voulu souligner l’actualité toujours aussi brûlante, près de 50 ans après sa sortie. La violence est toujours là. Le chaos et les remous politiques aussi.
D’ailleurs, avant d’entrer dans la salle où la performance était jouée, le public pouvait feuilleter le fameux livre signé Etel Adnan. Un voile blanc d’une taille imposante était également disposé à l’entrée. Sur ce voile blanc, sont écrits au charbon noir, les passages les plus poignants du poème. Nous en retenons ce passage:
In the night in the night we shall find knowledge love and peace
(Dans la nuit dans la nuit nous trouverons savoir amour et paix)
Cette phrase est prononcée au tout début de Laundry of Legends II et est répétée à sa toute fin: il s’agit d’un message d’espoir, une promesse de fin heureuse. Il le fallait pour balancer autant de noirceur. Mais attention, noirceur ne signifie pas forcément négatif. Il s’agit pour ce spectacle d’une belle noirceur, esthétiquement irréprochable. Une noirceur nécessaire qui a donné au public présent l’occasion de réfléchir à l’impact tragique du politique sur l’humain surtout dans ce qu’il est convenu d’appeler « le monde arabe », une région qui vit une apocalypse qui malheureusement n’en finit plus… mais qui, espérons-le, finira un beau jour par s’arrêter. Pour paraphraser Etel Adnan, nous finirons bien par trouver le savoir, l’amour et la paix…
Les représentations de Laundry of Legends II sont finies. Pour connaitre le reste de la programmation du MAI, rendez-vous ici.