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Pièce sensation du moment, en particulier car il s’agit de l’un des désormais rares retours d’Anne Dorval sur scène, Je t’écris au milieu d’un bel orage cherche à incarner de toutes ses forces l’amour épistolaire du légendaire écrivain Albert Camus et de la grande tragédienne Maria Casarès. Si l’on peut accorder le mérite d’un effort si colossal à l’adaptation de Dany Boudreault et à la mise en scène de Maxime Carbonneau, le résultat nous laisse toutefois quelque peu mitigé. Tenter de jouer avec un joyau si délicat de la littérature, c’est courir le risque de parfois frôler dangereusement la caricature.
C’était véritable soir de fête jeudi 19 janvier dernier dans le lobby du Théâtre du Nouveau Monde. Il y a longtemps depuis l’annonce de cette production que l’on attendait l’instant où Anne Dorval allait prononcer ses premiers mots dans la peau de la brillante Maria Casarès, figure dramatique incontournable du XXe siècle. L’excitation était palpable, surtout auprès des spectateurs qui étaient déjà familiers avec l’histoire de cet amour déchirant d’après-guerre, entre la comédienne mythique et ce Prix Nobel de littérature, marié à une autre et mort trop jeune, qui est immortalisé aux éditions Gallimard sous le titre Correspondance (1944-1959) Albert Camus et Maria Casarès. Ce sont 865 lettres d’amour qui composent cette œuvre touchante sur laquelle Dany Boudreault et Maxime Carbonneau ont choisi de braquer les projecteurs. Et c’est avec enthousiasme que celle-ci a été accueillie par le public québécois.
Nous ne pouvons reprocher à l’idéateur et au metteur en scène leurs intentions derrière cette production. On y ressent dès les premières minutes un véritable respect pour les deux protagonistes, et une réelle volonté de rendre justice à leurs mots de la façon la plus sincère possible. Néanmoins se glisse dans les détails de l’exécution des petits accrocs qui viennent écorcher le fini qu’on aurait voulu grandiose. À commencer par le texte lui-même, qui d’emblée était attendu d’être verbeux (on parle ici tout de même d’une correspondance entre deux artistes européens du milieu du siècle dernier), mais sa transformation en récit théâtral a eu tendance à lui donner un aspect mélodramatique.
Il s’agit là peut-être de l’une des principales difficultés des adaptations littéraires. Le ton ici donné par la mise en scène n’a malheureusement pas aidé à corriger le tir, car les indications scéniques et l’interprétation du texte a maladroitement donné par moments des airs de téléroman à ce qui est tristement l’une des plus belles histoires d’amour authentiques que nous avons sous la main.
Anne Dorval en Maria Casarès et Steve Gagnon en Albert Camus. Crédit photo: Yves Renaud.
Le jeu des deux interprètes – Anne Dorval en Maria Casarès et Steve Gagnon en Albert Camus – a de quoi être célébré par ses grands élans de beauté, mais a aussi connu ses embûches. À la première on peut lui offrir nos meilleurs éloges, entre autres pour ce retour sur scène qui n’est pas piqué des vers, mais aussi pour avoir appris et dominé cette quantité gigantesque de lettres toutes uniques. Anne Dorval était géniale en Casarès, mais sa voix parfois tremblante et quelques hésitations ont trahi une nervosité devant la grande salle du TNM. Pour ce qui est de Steve Gagnon, son interprétation de l’écrivain titanesque avait ses qualités et ses défauts, mais ce dernier a quand même su habiter avec intelligence les manies et grandeurs du personnage.
Pour me permettre ici un commentaire plus éditorial, on retrouve cependant une certaine maladresse avec l’adaptation de certaines formulations européennes dans la bouche québécoise, qui ne se veut pas nécessairement un reproche ni aux interprètes ni à cette production en particulier. Parce qu’il s’agit avant tout d’une écriture destinée à être lue plutôt qu’à être jouée, les exclamations et les accents toniques semblent à quelques instants exagérés, ce qui enlève malheureusement à la profondeur du propos. Et je dis ça en toute humilité en tant que Québécois natif de Montréal…
En somme, malgré ses maintes faiblesses, Je t’écris au milieu d’un bel orage est un hommage juste et senti à une histoire d’amour magnifique et contemporaine. Je pourrais vous encourager à aller y faire un tour, mais je crois que la réputation de la pièce et de ses interprètes serviront amplement à vous convaincre.