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Du 21 janvier au 15 février 2020, le Centre du Théâtre d’aujourd’hui accueille la pièce Corps célestes de l’auteur Dany Boudreault. Alors qu’une guerre fait des ravages autour d’eux, Florence, son conjoint, leur fils et sa mère se trouvent isolés dans la maison familiale. Lorsque la mère se retrouve paralysée de tout son corps, c’en est trop! Florence écrit à sa soeur Hélène, surnommée Lili, pour qu’elle vienne lui prêter main forte. Le retour de Lili réveillera ses vieilles blessures et ses rêves déchirés, tout comme ceux de chaque membre de la famille. Corps célestes propose une guerre où se débat la curiosité et le sacrifice, le jouissif et le sacré.
Il y a quinze ans que Lili (Julie Le Breton) n’a pas revu sa famille. Réalisatrice de films pornos, elle a quitté la maison familiale pour se libérer, vivre intensément sa vie, sa sexualité, ses relations. Femme colorée et en pleine possession de son corps, elle retrouve sa soeur Florence (Evelyne Rompré), mère d’Isaac (Gabriel Favreau) et femme de James (Brett Donahue), qui se dévoue seule avec leur mère paralysée depuis peu. Florence a tout donné à sa famille, a tout sacrifié pour que tout soit parfait, rejetant ses propres besoins, s’oubliant quelque part dans le temps.
L’arrivée de Lili chamboule le quotidien morne et routinier de la famille. Dany Boudreault a exploré le désir féminin dans toute sa complexité pour écrire sa pièce Corps célestes. Sans se limiter à la dimension sexuelle du sujet, l’auteur a sondé le côté spirituel du désir, le côté interdit, le côté romantique, le désir qui se tisse entre deux personnes et qui peut les éloigner, la peur de jouir, de se laisser aller, la peur d’aimer...
La pièce Corps célestes redéfinit le véritable don de soi dans la sexualité en parlant ouvertement des dimensions physique, spirituelle et relationnelle qui la régissent et soulève le voile du sacré, de la sainte sexualité qui limite au besoin de satisfaire l’autre en se sacrifiant soi-même.
Aimer autrement
La poésie qui ressort du texte de Dany Boudreault n'épargne aucun personnage pas même celui de la mère paralysée durant une grande partie de la pièce. Le silence du personnage interprété par Louise Laprade reflète le noyau d’une famille brimée par la peur de se révéler aux autres, de se révéler à soi-même. Son silence est différemment interprété par les membres de sa famille, reflet des peurs de l’une et des convictions de l’autre.
Lili a toujours cru que sa mère la jugeait dans ses choix de vie, son choix de carrière. N’était-ce que l’écho de ses propres remords à avoir écouté son envie de vivre intensément plutôt que de demeurer recluse avec sa famille? Florence, quant à elle, a refoulé tous ses rêves et ses fantasmes et s’exprime sans émotion, comme un robot qui ne réfléchit pas et qui n’agit qu’en fonction du bien des autres.
« Je désire infiniment quelqu’un que je vois en rêve / chaque nuit je tente d’identifier cette personne, mais je n’y arrive pas / je ne fais qu’imaginer cette personne alors elle ne me déçoit jamais. »
Florence a eu un fils avec James, ancien amant de Lili, ami de longue date. James, tout comme Florence, parle comme un robot à qui on a enlevé tout ressenti. Pourtant, lorsqu’il revoit Lili, le regard de James se rallume. Florence et lui n’ont plus de lien sexuel et tentent d’être de bons parents pour Isaac, 15 ans, en pleine découverte de son corps, de son être, qui dit ne rien ressentir, mais qui déborde de curiosité à savoir ce qui se passe ailleurs, en-dehors de la maison. Ses parents le confinent à l’intérieur pour le protéger de la guerre, mais l’instinct d’Isaac le pousse à transgresser les règles. Il trouvera en sa tante Lili l’écoute qu’il n’a pas eu de ses parents, l’ouverture et les échanges qu’il ne pourrait avoir avec personne d’autre. Lili ouvre la porte à Isaac afin qu’il expérimente par lui-même le monde extérieur. La liberté aura un prix pour Isaac.
« Papa dit que tu as sacrifié l’amour comme on entre en religion / Maman dit que ton dieu c’est le corps et Grand-mère elle ne dit rien pour l’instant. »
Isaac est complexe, déroutant, troublant et est magistralement interprété par Gabriel Favreau. L’acteur est incroyable dans cette peau de misère et de désir ardent et son jeu nous capte du début à la fin. Les scènes de ce jeune homme sont puissantes et impossibles à décrire tant elles sont fortes en mots et en images.
Julie Le Breton personnifie une Lili attractive et sensuelle, mais aussi vulnérable. On découvre peu à peu Hélène sous ses pelures de Lili et on s’attache au personnage sans filtre qui déjoue les règles au risque de s’écorcher elle-même. Evelyne Rompré offre un personnage délicat et fort à la fois, une Florence en perpétuel combat avec ce qu’elle est et avec ce qu’elle désire être. Le jeu de ces deux grandes actrices est impeccable et émouvant.
La mère interprétée par Louise Laprade est fascinante et sa seule présence influence la trajectoire de tous les personnages qui gravitent autour d’elle. Son monologue est porteur de vérité et de paix, de haute réflexion et de lâcher-prise. Il ressort tout de même un léger malaise dans la salle suite aux propos de la matrice, preuve qu’un chemin est encore à tracer entre ce qui se dit ou non concernant la sexualité.
Le travail d’écriture et de recherche de l’auteur Dany Boudreault donne des résultats surprenants et déconcertants. Le texte nous amène à réfléchir sur de la consommation pornographique et sur les conséquences de celle-ci tout en s'interrogeant sur la place que l'on donne aujourd'hui à la sexualité. À qui revient le droit de l'éducation sexuelle? Qui éduque nos jeunes afin qu'ils apprennent à se respecter, à se connaitre, à entrer en contact avec l'autre? La pornographie ne montrera jamais au public comment aimer, aimer l'autre, aimer autrement que par une sexualité calculée et stéréotypée. Alors qui peut enseigner l'art d'aimer?
La mise en scène d’Édith Patenaude s'harmonise au texte et reflète la grande noirceur parsemée d'éclaircies de l'histoire. Beaucoup de respect ressort de chaque scène et malgré les secousses incessantes que provoquent les mots et des actions des personnages, on ne peut que ressentir de l’empathie pour tous. Les acteurs sur scène sont d’une grande authenticité, chacun engagé dans la tempête intérieure de son personnage, transparents et éblouissants devant le public.
La pièce Corps célestes est une oeuvre théâtrale d’où personne ne ressort indemne ni sur scène ni dans la salle. Du très grand théâtre! Corps célestes sera en salle jusqu’au 15 février 2020. Pour obtenir des billets, cliquez ici.
Corps célestes
Centre du théâtre d’aujourd’hui
Du 21 janvier 2020 au 15 février 2020
Une création du Centre du Théâtre d'aujourd'hui et de La Messe Basse
Texte : Dany Boudreault
Mise en scène : Édith Patenaude
Interprétation : Brett Donahue, Gabriel Favreau, Louise Laprade, Julie Le Breton, Evelyne Rompré.