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L’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+) et sa directrice musicale, Véronique Lacroix, soulignent l’arrivée du printemps avec un concert éclatant de couleurs le 26 avril prochain à Montréal. Le Quatuor Molinari et le violoniste Victor Fournelle-Blain se joindront à l’orchestre pour guider le spectateur dans l’univers intrigant et singulier du compositeur Jean Lesage. atuvu.ca a eu la chance de s’entretenir avec le soliste et le compositeur sur leur vision respective d’un spectacle à la croisée des arts et des époques.
À l’Université McGill où il enseigne la composition, Jean Lesage partage avec nous les sources d’inspirations de ses œuvres qui seront présentées lors de ce concert dressant le portrait de sa fructueuse carrière. En compagnie de Victor Fournelle-Blain, violoniste soliste maintes fois récompensé et membre de l’Orchestre symphonique de Montréal, son enthousiasme pour l’art sous toutes ses formes et la singularité de sa démarche créative se révèlent.
Stylus Phantasticus (ou le style fantastique) réfère à un style de composition qui s’est développé en Italie et en Allemagne lors de la période baroque. Il est caractérisé par des changements très rapides de textures sonores : « Les compositeurs d’alors appelaient ces textures des affetti, liés à l’expression d’émotions particulières », explique Jean Lesage.
Fidèle à son dialogue continuel avec l’histoire de l’art, Lesage revisite ce style afin de tracer des liens entre celui-ci et la perception du temps que nous avons au 21e siècle. « Aujourd’hui, les individus passent d’un état à l’autre très rapidement. Dans notre vie contemporaine très active, on est continuellement confrontés à toutes sortes de stimuli ! », constate Lesage. C’est ce rapport entre ce nouveau mode de vie dicté par les médias sociaux et cette pratique fantaisiste du baroque qu’il exploite à son maximum : « Au lieu de changer de climat (d’affetti), d’un mouvement à l’autre comme le faisaient les compositeurs baroques, je le fais pratiquement à chaque mesure. Le baroque n’est pas uniquement une période, c’est une façon de penser l’art, d’appréhender les choses. Mes créations sont le résultat de cette vision baroque particulière, mais à travers le filtre de l’imaginaire contemporain. »
Pour ce spectacle de l’ECM+, Lesage propose un dialogue entre l’art pictural et la musique contemporaine. À partir du programme de ses œuvres retenu par la directrice de l’ECM+, il a fait un choix d’œuvres d’art qui correspondaient au climat de chacune de ses compositions et qui seront projetées pendant la prestation. Au cœur du répertoire fantasque de Jean Lesage, l’imaginaire pictural de Picasso règne en maître : « J’ai entre autres choisi des tableaux de peintres classiques qui ont été revisités par Picasso à travers le filtre de sa propre imagination. Par exemple, Picasso a réalisé plus de 58 (!) variations de la toile Las Meninas du peintre baroque Diego Velázquez. »
À l’image de Picasso, d’ailleurs, Lesage aime revisiter des œuvres du passé, comme dans son Projet Mozart où le point de départ d’une sonate de Mozart est réinterprété à travers la lentille de son propre langage. Le matériel d’origine peut donc d’abord être facilement reconnu par l’auditeur, avant d’être « défamiliarisé » par Lesage : « La suite de notes est telle qu’on la connaît, mais je la présente de telle sorte qu’elle perde sa connotation historique et qu’elle devienne mystérieuse, intrigante grâce à des couleurs différentes, que Mozart n’aurait pas utilisées. » Chaque phrasé d’origine est ainsi suivi d’un commentaire de Lesage, pour donner lieu à une conversation. « C’est Mozart, mais Mozart bizarre ! », résume Jean Lesage.
Jean Lesage laissera à Victor Fournelle-Blain beaucoup de liberté dans la création du concerto pour violon Soliloques aux figures éphémères qu’il jouera en solo avec l’orchestre, ce soir-là : « J’ai rencontré Victor après l’écriture de la pièce. Nous n’avons pas travaillé directement ensemble pendant l’élaboration de l’œuvre, mais avons tout de même discuté par la suite de la faisabilité du tout, de mes intentions, puis des différents climats. J’ai entièrement confiance en lui. »
Il faut dire que les codes sont semblables pour les deux artistes. « Je n’apporte jamais une interprétation qui modifierait volontairement l’œuvre d’une façon qui ne collerait pas naturellement au texte de la partition. Ça doit se faire naturellement, sinon la prestation devient trop maniérée. Je me suis concentré sur ce que les différents gestes musicaux évoquent pour moi, de les communiquer et de les transposer le plus justement possible dans ma façon de jouer », estime Victor Fournelle-Blain.
Le violoniste est toutefois confronté à un défi récurrent sur le plan du répertoire contemporain : « Pour un interprète, la création d’une œuvre est plus complexe que l’interprétation du répertoire classique, parce qu’il n’y a pas de tradition préexistante à laquelle on peut se référer », soulève-t-il.
Gagnant d’un Diapason d’Or, le Quatuor Molinari se joindra aussi à cette scène de l’ECM+ pour interpréter le Quatuor à cordes IV de Lesage, où le jeu entre familiarité et étrangeté se poursuit, cette fois à partir de chef d’œuvres de peintres surréalistes qui inspirent aussi sa démarche : « La communication avec l’auditeur est extrêmement importante pour moi. Je pars habituellement d’un objet connu, pour le transformer, le déconstruire. Si c’est suffisamment familier, l’auditeur pourra suivre le processus compositionnel créatif, même complexe. C’est ma stratégie de compositeur, et je crois que c’est ce qui créé le plaisir de l’écoute. »
S’il existe plusieurs types de musiques contemporaines, Jean Lesage en offre une qui se veut accessible et porteuse d’innovations puisées à même la riche tradition qui l’a précédé. « Ce qui fera la valeur de ce concert, ce sont les différents niveaux de lecture qu’on pourra y retrouver. Pourvu qu’il se montre ouvert à la découverte, le public aura certainement du plaisir le 26 avril prochain. »
À ce concert-spectacle séduisant se greffera une création musicale de Yannick Plamondon en hommage à Laurent Major, un des grands travailleurs de l’ombre du milieu de la musique contemporaine, au Québec. Ancien réalisateur, ce dernier est derrière la captation d’innombrables concerts diffusés par Radio-Canada pendant plus de trois décennies, avant d’avoir été récemment forcé à la retraite, suite aux grands bouleversements qui ont affecté la Radio d’état. Pour honorer ce fidèle collaborateur de l’ECM+, qui a bénéficié de son travail dévoué et assidu depuis sa fondation il y a trente ans, Véronique Lacroix a choisi de faire appel à ce compositeur québécois des plus originaux pour lequel Laurent Major a agi comme un mentor. Pour l’occasion, Plamondon poussera la machine orchestrale et son soliste, le bassoniste Antoine St-Onge, au-delà des limites possibles de la virtuosité.
L’ECM+ présente le concert « Stylus Phantasticus » le 26 avril prochain à 19 h 30 à la Salle Pierre-Mercure. Profitez de l’offre sur atuvu.ca