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La généreuse prestation de Ramon Chicharron au Quai des brumes vendredi dernier (17 février), se déversant comme une cascade tropicale, prémisse du printemps qui tarde à arriver, a fait danser, sourire et rêver la salle comble -et comblée- pendant deux bonnes heures.
La réputation de Ramon n’est plus à faire. Depuis la sortie de son premier album en 2015, Uepaje (duquel est tiré l’hymne à la joie montréalais « Le jour du seigneur »), deux autres albums complets et un EP - Merecumbia, composé en 2018 à partir d’un studio portatif installé dans une cabane au fond de la jungle costaricaine - ont vu le jour. Le deuxième album du nom (propitiatoire ou prophétique ?) de Pescador de suenos (pêcheur de rêves), produit en 2021 par Boogat et truffé de collaborations inspirées, marque une sorte de consécration dans la carrière de l'artiste : lauréat du Félix de l’album de musique du monde de l’année puis du prix de meilleur album de l’année au Canadien Latin Awards. Entre 2015 et la sortie du tout récent Destello de estrellas, Ramon a sillonné le Québec de salle en salle, de festival en festival : du vénérable Ballatou, épicentre de la musique du monde à Montréal -où il a donné son premier concert officiel au Québec-, à la Petite plage de Cloutier à Rouyn-Noranda, en passant par le Festival de la chanson de Tadoussac et le Festival Harricana de Vassan.
Si les choses se sont accélérées depuis la sortie du premier album et a fortiori depuis celle de Pescador de suenos, la carrière de l’artiste d’origine colombienne s'est tout de même amorcée par une longue gestation. D’abord établi à London en Ontario, où il s’est posé à son arrivée au Canada en 2002, il a décidé de déménager à Montréal en 2005, après un premier passage comme visiteur en été, saison où la ville s'épanouit dans la plénitude de ses charmes et de son effervescence musicale. Durant les années d'enracinement, Ramon a acquis, parallèlement à son apprentissage du français, à la fois notoriété locale et inspirations diverses au contact de la très active et hybride scène de musique latine montréalaise. Il s'est fait connaître entre autres en organisant des soirées hebdomadaires au défunt et regretté bar culturel L’Escalier, où il se produisait comme musicien et dj.
Le nom qu’il s’est choisi comme artiste, « Ramon Chicharron », témoigne d'ailleurs de la genèse et de la coloration particulière de son œuvre. Avant d’immigrer au Canada et de se faire appeler « Ramon », Alexander (son vrai prénom) jouait surtout du rock et d’autres genres musicaux venus de l’extérieur de la Colombie. C’est arrivé ici que s’est fait sentir le besoin de rendre hommage et de communier, au moyen des sonorités de l’enfance, avec l’héritage culturel. « Ramon Chicharron », c'est donc le Sud vu et vécu du Nord et c'est paradoxalement le fruit d'un baptême québécois symbolique. Adopté ici tout comme la cumbia, la champeta et le merecumbia, son nom, comme une incantation, convoque immédiatement et à dessein la nostalgie du soleil des Caraïbes et des dancefloors enflammés, l’ambiance survoltée de ces festivals où on vend dans des kiosques la fameuse couenne de porc frite. « Ramon Chicharron », scandé par l'artiste tout au long du spectacle, avec un plaisir communicateur et avec des "r" appuyés, leitmotiv rythmique sonnant comme un roulement de tambour, qui met le sourire aux lèvres immédiatement et transporte dans le fantasme d’une chaude nuit colombienne.
Même s’il est indéniable que la musique de Ramon est d’une grande efficacité pour faire danser « collé, collé », il ne faudrait pas, tout de même, la ranger simplement sous la catégorie valise de musique latine dansante, étiquette réductrice qu’on lui accole souvent malheureusement dans les médias de la belle province. Le son de l’artiste est aussi indéniablement singulier qu’il est latin, aussi montréalais que colombien. Le dernier album, notamment, a été composé pendant la pandémie lors de séjours dans les Laurentides aux abords de la Rivière Rouge, pendant lesquels il enregistrait les sons naturels de la forêt pour s'inspirer des arrangements et textures sonores dans sa création. Le paysage de Destellos de estrellas y gagne en nuance et en profondeur, avec une tonalité parfois franchement boréale. La soirée de vendredi au Quai des brumes offrait, grâce à une setlist puisant judicieusement dans les quatre albums parus à ce jour, une traversée majoritairement ensoleillée (Soy de aqui, Oye, Bombero, Abre tu corazon), mais comportant aussi des moments plus sombres et introspectifs (Contigo escapar -sur l’album, un duo avec l’artiste innu Natasha Kanapé Fontaine, malheureusement absente au Quai des brumes-, Penas). La tristesse (au sein de son œuvre ? dans sa vie ? dans la vie ?), nous disait Ramon avant d’amorcer les premières notes de Penas, trouverait son origine dans le froid (celui du climat humain ou du climat naturel?) des contrées nordiques. L’idée est intéressante. En tout cas la vague de chaleur qui a happé la foule vendredi faisait du bien, c'est certain. Peut-être, par contre, qu’il faut ajouter que « s’il est une samba sans tristesse, c’est un vin qui ne donne pas d’ivresse. »
Rendez-vous sur le site de l'artiste pour connaitre ses prochains concerts!