Artistes en confinement – L'artiste franco-québécoise Christine Tassan propose à ses fans un apéro jazz tous les jeudis sur sa page Facebook. La sortie de son nouvel album, Voyage intérieur, a été repoussée pour mieux vous éblouir.

Depuis plus de huit semaines, des sonorités jazz résonnent sur la page Facebook de Christine Tassan tous les jeudis à 17 heures. Cet apéritif musical en ligne est organisé dans la continuité des spectacles qu'elle proposait chaque semaine, ce jour-là, au Diese Onze de Montréal.  Le spectacle hebdomadaire présenté dans le cadre du Conseil national des arts est vite devenu un rendez-vous incontournable pour ses admirateurs. « Je me suis fixé comme défi de proposer à chaque fois de nouvelles pièces, différentes compositions, que ce soit des reprises ou des musiques issues de mon répertoire », note Christine Tassan. Pour l'artiste, si ces spectacles en ligne ne remplacent pas le contact du public, elle est tout de même satisfaite de l'engouement et des interactions que génère son spectacle virtuel. « Des gens se donnent rendez-vous toutes les semaines et discutent pendant le concert », s'amuse l'artiste, leader du groupe Christine Tassan et les Imposteures. 

« Je vois ce rendez-vous hebdomadaire comme un véritable spectacle. Il y a toute une préparation technique en amont, sans parler des répétitions et du choix des morceaux que j'interprète. J'ai toujours une certaine émotion à l'idée de jouer en ligne! D'autant plus que je cherche à proposer un contenu de qualité. »

Voyage intérieur

Pour Christine Tassan, le début de l'année 2020 aurait dû être synonyme de rencontres et de nouveautés. Mais la Covid-19 l'a contrainte à annuler un à un ses représentations, y compris la soirée de lancement de son nouvel album, Voyage intérieur, initialement prévue le 16 avril à La Sala Rosa. Une période « très dure à vivre » pour la musicienne qui aime être au contact de son public à travers ses tournées. Pour compenser les pertes de revenus liées à l'annulation de ses spectacles et compléter les aides financières qu'elle perçoit, l'artiste a mis en place un chapeau virtuel que le public peut remplir à sa discrétion. Passé le choc des premières semaines et malgré le temps nécessaire à la préparation de son rendez-vous musical du jeudi, la musicienne travaille, comme prévu, à la réalisation d'un nouvel album avec son groupe, Christine Tassan et les Imposteures. Elle est également prête à collaborer avec d'autres artistes pour stimuler sa création musicale pendant cette période.

Christine Tassan prend aussi le temps de réfléchir à la sortie de Voyage intérieur, qui pourrait se faire virtuellement si la crise venait à durer. Elle aimerait, si cela est possible, réunir des musiciens sur une scène suffisamment grande pour respecter la distanciation physique et ainsi proposer ce lancement en direct.

« Cet album-là est différent de tout ce que j'ai fait jusqu'à aujourd'hui avec les Imposteures. Je sors un peu de mon étiquette jazz manouche pour explorer d'autres styles musicaux. C'est un album très varié, dans lequel on peut entendre du funk, du jazz, du swing... Voyage intérieur rejoint mon côté européen avec le swing de Django Reinhardt et l'exploration d'un jazz avec des sonorités plus américaines, à la Wes Montgomery. Ce sont des idées musicales que j'ai développées au fil des années et arrangées en quintette : basse, batterie, piano, saxophone / clarinette et moi à la guitare jazz ».

Christine Tassan et les Imposteures © Randy Cole

Faire évoluer la culture dans le bon sens

Pour Christine Tassan, la crise va profondément changer le paysage culturel et développer de nouvelles habitudes, temporaires ou définitives. Elle suggère notamment de « mettre en place des moyens techniques pour continuer à diffuser en ligne, voire en plein air pour certains spectacles. Les salles de spectacle devraient également s'équiper pour proposer des petits studios avec quelques caméras et l'aide d'un technicien pour diffuser des concerts en ligne ». La mise entre parenthèses forcée des spectacles peut également, selon Christine Tassan, apporter de nouvelles réflexions sur la réduction de l'empreinte carbone de la culture et les modèles de rémunération des artistes.

« S'il y a moins de tournées, mais que l'on peut quand même permettre à un public de nous découvrir au-delà du Canada par le biais de diffusions payantes, c'est intéressant et on utiliserait moins l'avion. J'espère tout de même que ce ne sera pas la seule solution, car le public a besoin de nous voir pour vrai et nous avons besoin de rencontrer ce public. Il faut en profiter également pour changer la méthode de rétribution des droits d'auteur, que les nouveaux médias et les plateformes de diffusion en streaming participent davantage à notre rémunération. »

Christine Tassan voit une volonté de faire évoluer la culture dans le bon sens au sortir de la crise de la part de toute la sphère artistique, musiciens comme agents, salles de spectacle et techniciens. « Il y a beaucoup de choses à mettre en place, il faut se concerter. Je participe déjà à des discussions en ce sens avec d'autres artistes », poursuit la musicienne. Enfin, elle déplore que le gouvernement laisse les travailleurs autonomes (artistes ou non) sur le bord de la route concernant les formations professionnelles, « notamment dans cette période où nous avons le temps de nous former », conclut Christine Tassan.

Retrouvez l'actualité de Christine Tassan sur son site.