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Artistes en confinement - La pianiste et chanteuse montréalaise Lady Sylva s'apprêtait à lancer un projet de chorale avec des enfants de migrants, lorsque la crise de la Covid-19 est arrivée. Elle continue de donner des cours de musique en ligne pendant le confinement.
Née au Liban de parents d'origine arménienne, Lady Sylva est l'une des pianistes et chanteuses qui comptent sur la scène montréalaise. Alors que la crise de la Covid-19 frappe le monde, le confinement et l'interdiction des rassemblements arrivaient alors qu'elle était sur le point de lancer un nouveau projet artistique. En effet, le 23 mars, elle devait organiser un événement avec une chorale composée d'enfants de migrants, projet organisé avec l'association Haydoun, dont le sociofinancement sur Indiegogo se termine fin avril. En plus de ce spectacle, Lady Sylva aurait dû être invitée à la version moyen-orientale 2020 de l'émission La Voix.
« Dans cette vie en confinement, il y a des hauts et des bas. J'essaie de ne pas aller à contresens et de respecter les consignes. Les gens sont tellement accros aux informations, j'ai du mal à supporter cette hystérie collective, car la vie continue. Ce que nous vivons est très pénible, nous sommes impuissants alors que nous avions l'habitude de maîtriser notre quotidien. Je suis cependant étonnée par l'adaptabilité humaine pour continuer d'avancer malgré la crise ».
Lady Sylva compose toujours sur le même piano, celui de son enfance - Gracieuseté
Le confinement pousse à une créativité d'urgence
Passée la déception de ne pas pouvoir réaliser ce spectacle, Lady Sylva continue de proposer des cours de musique, mais en ligne. Ses élèves, de tous les âges, répondent présents et s'inquiètent même lorsque Lady Sylva est légèrement en retard. « La musique apporte tellement de nourriture, les jeunes élèves sont accros. Même l'aînée de nos élèves, âgée de 94 ans, a appris à utiliser la technologie pour continuer de suivre mes cours », savoure la musicienne. Pour elle, ce confinement pousse beaucoup de gens à « une créativité d'urgence », à l'image de ce que proposent de nombreux artistes sur les réseaux sociaux.
Lady Sylva profite de ce temps disponible pour continuer de composer, de créer de nouvelles musiques et de nouvelles chansons. Son premier album, Souffle d'Orient (sorti en 2002), prenait clairement racine dans sa culture orientale, tandis que son album éponyme, Lady Sylva (sorti en 2015), venait souligner la femme montréalaise qu'elle est devenue. Dans son nouveau projet, baptisé À mon père, elle prévoit notamment de reprendre des chansons de grands artistes qu'elle a côtoyés, comme Charles Aznavour. Elle prévoit une chanson pour rendre hommage à son père. Pour avancer sur son projet, la chanteuse s'est créé plusieurs espaces. « Chaque coin de la maison est un espace de travail, de création ou de sport. J'enregistre mes chansons sur le coin clavier, notamment ». Elle se réunit aussi régulièrement en ligne avec son agent, Teddy Milama pour la construction de cet album et la gestion du sociofinancement.
Première partie de Charles Aznavour à Byblos
La musique coule dans les veines de Lady Sylva depuis l'âge de trois ans. « Je grimpais toujours sur le piano pour créer des sonorités. Je voulais toujours devenir chanteuse et pianiste, c'était la mission de ma vie. J'ai toujours dit aussi que la musique est un baume pour le cœur », souligne Lady Sylva. À l'âge de 14 ans, elle remporte un concours de voix à Beyrouth. Peu de temps après, Charles Aznavour réalisait une série de concerts au Liban, à la fin des années 1970. Avec l'aide de son père, Rouben Balassanian, « un homme d'affaires strict, influent et humain », elle réussit à contacter le chanteur.
« Je lui ai demandé la permission de participer aux répétitions du lendemain, ce qu'il a accepté. J'ai finalement fait sa première partie dans les ruines romaines de Byblos. Alors que les spectateurs attendaient Charles, me voilà sur scène. Au départ, les gens étaient déçus. Malgré leur contestation, j'ai joué ma chanson et finalement, ce public a demandé un rappel ! L'animateur de Radio France qui couvrait le concert était même étonné de ma prestation », se remémore Lady Sylva.
La chanteuse a ensuite participé à plusieurs autres concerts avec Charles Aznavour, ce qui a attiré sur elle l'attention d'autres grands chanteurs français comme Gilbert Bécaud, Jean Ferrat ou Georges Moustaki. Dès l'âge de 17 ans, elle décide de quitter le cocon familial et de s'installer à Paris. « La condition pour mon père était que je m'inscrive à une grande école de musique. J'ai anticipé cette condition, puisque j'avais été acceptée à l'École normale de musique à Paris. J'ai dû apprendre à me débrouiller seule, aussi jeune, dans un pays étranger, ce qui n'était pas facile », se souvient Lady Sylva. Si l'artiste – alors considérée comme la nouvelle Barbara – a pu chanter avec Moustaki, les hautes exigences de cette école l'ont empêché de concrétiser un projet de disque avec l'équipe de Maxime Le Forestier et de son parolier, Pierre Grosz.
Montréalaise d'adoption
À l'issue de ses études, le décès de son père et des troubles au Liban ont poussé sa famille à emménager à Montréal, où elle l'a suivi. Rapidement, elle enseigne la musique classique à l'UQAM (elle continue encore aujourd'hui) et s'est liée d'amitié avec la chanteuse d'opéra Nathalie Choquette. « Nous avons créé ensemble un spectacle 'débile' où l'on jouait du Ravel puis des musiques africaines et asiatiques. Et ça fonctionnait ! ». C'est ce spectacle qui lui a donné envie de produire Souffle d'Orient en 2002, qui a été nommé à l'ADISQ.
Aujourd'hui, la crise sanitaire mondiale met la scène entre parenthèses, sans pour autant que la créativité ne cesse. « Je ne sais pas où cette crise va nous mener. Nous poussera-t-elle à puiser dans nos ressources les plus profondes ? Est-ce que se retrouver face à soi-même va générer chez les artistes un défoulement de créativité, venu du plus profond de nos tripes ? Pour le moment, je suis dans une forme de fébrilité qui m'empêche d'explorer cet intérieur profond. Cette épreuve peut faire de nous des survivants avec une nouvelle force intérieure, à puiser dans des ressources que nous ne connaissons pas encore », conclut Lady Sylva.
© Pierre Dury