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Il y a plus d’un an, le passage de la pièce Table rase marquait L’Espace Libre; aucun spectateur ne ressortait indemne de la salle. Le texte Table rase de Catherine Chabot est maintenant disponible chez Dramaturges Éditeurs depuis janvier 2017, et la lecture de cette œuvre rend encore plus poignant les cris lancés à la face de ces spectateurs qui ont assisté à la pièce en 2015 et 2017.
Table rase réunit six femmes, six amies, dans un drame qui fait rapidement passer le lecteur du rire aux larmes. Catherine Chabot aborde des thèmes de la vie courante, soulève des remises en question que chaque personne a au cours de sa vie, tisse à travers les mots les liens intemporels de ses six personnages. Amour, amitié, sexe, troubles alimentaires, spiritualité, croyances, espoirs… les six femmes âgées de 27-28 ans en sont à l’heure des bilans : si on vous offrait la chance de tout recommencer, quels choix de vie feriez-vous? Que vous faudrait-il pour être à la hauteur de vos aspirations? Qui resterait dans votre vie? Seriez-vous ce que vous êtes en ce moment même?
Les personnages portent le nom des six actrices qui ont créé la pièce en décembre 2015 et rejoué celle-ci en janvier 2017, mais on ne retrouve nullement leurs noms dans le texte. L’action se déroule au chalet de la mère de Marie-Anick, jeune femme atteinte du cancer depuis sa tendre enfance. C’est à sa demande que les six amies sont réunies un soir d’automne, autour d’un souper bien arrosé, là où les souvenirs font écho au temps présent.
Marie-Anick est douce, délicate et possède un instinct de survie incroyable. Elle lit en ses amies sans qu’elles n’aient à parler, et aime passionnément la vie malgré la souffrance qui a envahi son corps il y a bien des années. Elle est fine observatrice du temps qui passe, toujours illuminée par la beauté de la vie, elle est un phare vers qui ses amies reviennent toujours. Vicky est également munie d’un positivisme à toute épreuve et se fait maternelle auprès de ses amies. Elle est un véritable soleil qui ne se laisse pas ternir par les épreuves de la vie, et qui encourage les autres à voir la lueur derrière les nuages. Sarah, quant à elle, est fidèle à ses amies et les apprécie pour ce qu’elles sont, mais elle tente parfois de tout contrôler par besoin d’organisation et de sécurité. Son insécurité la fait vaciller entre lumière et noirceur, et Sarah demeure en constante recherche d’équilibre.
Rose, Marie-Noëlle et Catherine sont un peu les « moutons noirs » de la gang. Rose est bien dans sa peau et s’affirme comme épicurienne de tous péchés capitaux. Elle est spontanée, vive d’esprit et a la réplique facile. Marie-Noëlle est l’angoissée du groupe. Rose la challenge souvent par des questions lancées par ricochet. Bien qu’en apparence, les deux jeunes femmes aient des personnalités opposées, on peut deviner qu’elles couvent en elles, de manière différente, une insécurité chronique face à la vie.
Ce qui fatigue Rose chez Marie-Noëlle est ce qu’elle n’a pas encore accepté d’elle-même, et ce qui fait tant réagir Marie-Noëlle dans les paroles de Rose est ce qu’elle voudrait dire, mais n’oserait jamais faire de peur de déranger, par peur de s’affirmer comme elle est. Finalement, Catherine est la romantique blasée, celle par qui le conflit opère. Elle aime faire réagir, en bien ou en mal, mais son humour rachète toujours la paix auprès de ses consœurs.
Mektoub
C’est dans un langage familier que les six femmes communiquent entre elles, sans filtre et sans gants blancs. Ensemble, elles doivent faire face à la réalité, faire face à ce qu’elles peuvent et veulent changer en elles et autour d’elles. Dans un huis clos, les six amies se confrontent, se réinventent, se redéfinissent. Leurs répliques nous informent sur le cheminement de chacune face à son propre destin, à ce qu’elles ont été, ont voulu être et sont dans le moment présent.
L’amitié inconditionnelle des six femmes s’inscrit dans le temps alors qu’elles-mêmes cherchent à effacer certains passages de leur histoire. Est-il possible d’en décider ainsi ou notre histoire, nos choix, nos chemins parcourus demeurent inscrits en notre âme pour l’éternité? Si parfois les filles se jugent entre elles, elles savent que face à la vie, leur vie, elles ont longtemps choisi la fuite. Ce qui les réunit au moment même n’est pas que la décision de leur amie : elles doivent maintenant choisir, se choisir.
La structure du texte de Table rase n’est pas définie en actes ni en tableaux, mais il est facile de repérer le déroulement des scènes par l’enchainement des thèmes. Les didascalies de l’auteure nous permettent de bien saisir les humeurs des personnages et les intentions cachées derrière leurs répliques et leurs actions et à bien comprendre la teneur de leurs actions-réactions. Les indications de l’auteure sont courtes, précises et déterminent finement l’espace scénique occupé par les six femmes.
L’enjeu des six personnages est de taille : sont-elles prêtes à laisser derrière elles tout ce qu’elles ont été pour enfin devenir ce qu’elles attendent d’elles-mêmes?
À la mi-lecture, les six amies citent les actions posées pour se défaire de leur ancienne vie. Est-ce si simple de décider d’effacer ce qu’on a été, se détache-t-on de nos souvenirs, même des plus malheureux? Les échanges sont parfois haineux, voire cruels, mais elles sont toutes là, dans leur plus grande vulnérabilité, avec leur plus grande force pour honorer leur promesse faite à l’une des leurs.
Le texte de Table rase souligne la liberté de chacun d’être ce qu’il est, ce qu’il veut, selon ses choix. Il n’y a pas de morale à l’histoire, mais un rappel que le temps est précieux, allié ou non de notre vie, qu’il faut avoir le courage de ses décisions et surtout, qu’il faut se choisir, toujours. Parce qu’on nait seul et on meurt seul, et tout le reste nous appartient.
Table rase
Dramaturges Éditeurs
Texte de Catherine Chabot avec la collaboration de Brigitte Poupart, Vicky Bertrand, Marie-Anick Blais, Rose-Anne Déry, Sarah Laurendeau et Marie-Noëlle Voisin.