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L’auteur Gabriel Marcoux-Chabot est professeur de français au cégep, conférencier et animateur d’ateliers littéraires. Son roman Tas-d’roches, publié aux éditions Druide, a gagné en 2016 le prix Ringuet et le prix Rabelais de la francophonie. Son dernier livre La Scouine, publié en janvier 2018 à La Peuplade, est non seulement un hommage à La Scouine d’Albert Laberge, mais aussi et surtout un travail acharné pour en saisir la teneur, creuser les images, fracasser les apparences, tenter de comprendre ce qui se passait derrière chaque personnage du livre.
« Partis de rien, les Deschamps ont longtemps tiré le diable par la queue. Aujourd’hui, toutefois, on peut dire qu’ils ont réussi à s’en sortir […] ils ont su profiter de la misère des autres, saisir les bonnes occasions. C’est ainsi que la ruine d’un voisin, puis d’un autre, leur a finalement permis d’établir leurs garçons. »
Publié en 1918 à compte d’auteur, La Scouine d’Albert Laberge est considéré comme le premier livre qui relate la réalité québécoise dans son état le plus authentique. Alors que les autres auteurs de l’époque enjolivaient la vie d’antan par de belles histoires d’amour et de relations harmonieuses entre voisins, Albert Laberge a plutôt décrit cette triste époque par des scandales, des luttes politiques acharnées, de la violence et des bas instincts refoulés.
Dans la réécriture de La Scouine de Gabriel Marcoux-Chabot, on retrouve la famille Deschamps, les mêmes décors, la même réalité décrite dans La Scouine originale, mais avec un auteur-interprète qui souffle les mots aux personnages pour dire ce qu’ils vivent, ressentent, refoulent.
100 ans séparent les deux publications de La Scouine et chaque auteur, soit Albert Laberge en 1918 et Gabriel Marcoux-Chabot en 2018, nous offre un regard nuancé sur la vie de la famille Deschamps, paysans beauharnois, de 1853 à 1896.
Paulima, de victime à bourreau
« Ils sont huit à la retenir ici contre son gré [...] Dès qu’elle est entrée, le gros Léon l’a projetée au sol et les autres l’ont aussitôt encerclée. Chaque fois qu’elle tente de se relever, l’un d’eux la repousse brutalement sur le plancher. »
La Scouine de 2018 reprend l’histoire de la famille Deschamps qui comptait cinq enfants, dont Paulima dite « la Scouine ». Enfant mal-aimée et victime de sa laideur physique, la Scouine grandit en femme aride, amère et vieille fille. Que s’est-il passé chez cet enfant pour qu’elle en vienne à être à ce point ignoble? C’est à cette question que l’auteur Marcoux-Chabot tente de répondre en soulevant les faits du livre de Roberge et en décortiquant chaque scène d’un point de vue littéraire, psychanalytique et empathique.
Si personne n'avait jusqu'alors ouvert les bras à la Scouine, l'auteur Gabriel Marcoux-Chabot tente de démystifier ce personnage jusqu'ici vu comme un monstre en disséquant sa solitude, son silence, ses larmes. Paulima a appris à manipuler son entourage en rapportant les ragots de tout le monde, manière détournée d’attirer l’attention sur elle, complètement délaissée depuis sa naissance.
Autour de la Scouine, il y a aussi son environnement immédiat, ses parents, ses trois frères et sa sœur jumelle. Seul son frère Charlot a pris soin de Paulima alors que les autres membres de sa famille ont préféré détourner leur regard d’elle. Les frère et sœur ont développé une relation unique au fil du temps, lien qui émeut autant qu’il répugne.
« Charlot a toujours vécu en marge de son être. Il n’a jamais su dire ce qui lui plaisait, ce qui lui faisait envie, et c’est dans le silence exigu de ses nuits, dans l’espace tendu de sa solitude, qu’il a accueilli l’étrangeté de son désir et s’est laissé porter par lui […] »
À travers leur mutisme respectif, les deux enfants de la famille Deschamps se sont éloignés. La tentative de suicide de Charlot aurait dû émouvoir Paulima, si près de son frère autrefois, lui qui la défendait devant ses pairs, venant si souvent à sa rescousse.
Plutôt que d’appuyer son frère, Paulima raillera celui-ci du sobriquet le « Cassé », lui dictant quoi et comment faire, n’ayant aucune pitié pour l’homme meurtri devant elle.
« Blessée plus profondément qu’elle ne pourra jamais se l’avouer, la Scouine sent croître en son ventre une souffrance nouvelle qui, faute d’être reconnue comme telle, se métamorphose en une rage sourde, impossible à contrôler. Or, par un inévitable retour du balancier, c’est sur Charlot que sa rancœur se pose et c’est lui qui se voit maintenant l’objet de son animosité. »
Avec La Scouine de 2018, on comprend l’amertume de Paulima, le déclin de Charlot, la misère du couple Deschamps, le mariage forcé de Caroline, sœur jumelle de la Scouine. Comme si les deux auteurs avaient collaboré ensemble au même diapason, La Scouine se révèle œuvre qui s’enracine dans le monde littéraire tant dans sa version originale que dans la version actuelle de l’auteur Gabriel Marcoux-Chabot.
La lecture de ce petit livre n’a rien de léger, mais La Scouine gagne à être découverte tant par la beauté de l’écriture de Gabriel Marcoux-Chabot que pour l’histoire de cette famille typiquement québécoise.
Aux Éditions La Peuplade