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C'est dans le but d'honorer le parcours artistique de Marc Séguin que Arsenal Montréal, lieu de diffusion d'art contemporain situé au 2020 rue William dans le Griffintown, expose certaines de ses œuvres picturales ainsi que quelques dessins, jusqu'au 11 mars prochain.
Lorsque j'ai reçu une invitation au vernissage de cette exposition, j'étais à la fois curieuse et enchantée d'aller à la découverte de ces œuvres. J’ai toutefois choisi de m'y présenter presque en toute naïveté, soit avec le moins d'a priori possibles parce que, bien entendu, la notoriété de Marc Séguin le précédait. Je me voulais davantage en état de réception par rapport à l'expression artistique à laquelle j’allais assister; c'est à la rencontre de l’œuvre que j'avais envie d'aller. J’étais désireuse de voir ce qu'il avait à exposer, mais aussi d'entendre, en quelque sorte, ce qu'il avait à raconter.
Tout d'abord, petit topo sur le lieu. Quand la majorité des toiles exposées couvrent des superficies aussi imposantes que celles que l'on peut admirer à cette exposition, il faut un endroit qui leur rende justice : Arsenal Montréal s'y prête par excellence. Si vous aimez les vastes espaces, vous serez choyé !
Pour ce qui est du corpus exposé, il couvre presque vingt ans de la trajectoire picturale de Séguin, ce qui n'est pas rien : quelques toiles de ses débuts (1997 à 2000), plus d'une vingtaine de 2003 à 2013, enfin trois dernières de 2014 à 2015, ce qui permet un intéressant parcours de son évolution, du mûrissement de son art tant sous l'aspect de la démarche que de la pensée ou de l'émotion qu'il souhaitait exprimer. Par contre, pour les instigateurs de cette exposition, je présume que le défi était grand : il fallait trouver une ligne directrice et les lectures possibles étaient plurielles ! C'est à ce moment que la littérature a dû leur venir en aide, tout comme elle l'avait déjà fait pour l'artiste-peintre. Il faut savoir qu'au fil du temps, la peinture ne lui a plus suffi pour transmettre son riche univers intérieur et surtout sa vision du monde. Il lui a fallu en passer par les mots. Et alors, ce qui avait été esquissé avec une si grande poésie et un si grand pouvoir d'évocation dans ses peintures a pu se déployer dans ses récits.
En tout, trois romans, publiés de 2009 à 2015, ont servi à la mise en scène de ces toiles, semées dans l'espace comme autant de mots dans un poème et qu'il s'agit de suivre en prenant soin de cueillir les petites pierres (très souvent de couleurs primaires), savamment placées par le peintre sur ses toiles, de-ci, de-là, pour que le promeneur ne se perde pas en chemin, mais aussi indiquant une voie à emprunter, telles des mises en exergue au début d'un récit. Elles sont autant de signes de la présence de l'auteur auprès du peintre, déjà prêt à nous transmettre sa vision du monde, alors qu'il était soudain captif de ce qu'il avait vu, perçu, ressenti, de cet univers chaotique qui nous entoure. Bien qu'il y ait une grande sobriété dans la majorité d'entre elles, le propos est toujours saisissant. Parmi les thématiques revenues hanter l'artiste, la religion : beaucoup; les relations hommes-femmes : beaucoup; la relation de l'homme et de l'animal en lui : beaucoup. C'est aussi de cela dont on traite, il m'a semblé. Le contrôle que l'homme doit avoir sur la bête en lui, qu'il doit garder en laisse et à une certaine distance : comme quoi il doit être son propre maître, voire son propre chasseur.
Personnellement, j'ai été touché par deux œuvres en particulier : la première s'intitule Le Calvaire. D'emblée, ce triptyque n'attire pas vraiment l'attention, bien qu'il soit de très grande taille. Placé le long du mur à droite en entrant, il est composé d'un panneau entièrement recouvert de noir, suivi de deux autres qui, quant à eux, avec une extrême délicatesse, nous mettent en présence d'un personnage féminin, une religieuse, dans la pénombre, devant Jésus crucifié. Comment peut-on parvenir à rendre aussi bien la pénombre? ne pouvais-je m'empêcher de me demander. J'imaginais le peintre, dans son atelier de New York, juché en haut d'un échafaud, les bras en suspension dans les airs afin de ne rien abimer de ce qui a déjà été fait et puis arriver au moment où tout le noir a été installé et qu'il ne lui reste que les personnages à esquisser. J'ai su que l'ampleur de la tâche a été rendue possible grâce à des milliers de watts, projetés à partir du plafond, pour qu'il n'y ait pas d'ombres sur les toiles. En tout 40 000 watts, m'a dit Séguin. De cette manière, peu importe sous quel éclairage la toile se trouve, elle est toujours parfaite, a-t- il ajouté. Il faut travailler dans une très grande lumière pour arriver à représenter avec autant de justesse la pénombre et ce qu'elle révèle...
Quant à la seconde, elle se situe à la fin du parcours, une toile toute colorée qui ouvre sur un vaste espace : des montagnes au loin, une prairie, des couleurs pastels... c'est doux, lumineux et ça fait du bien. Il y a encore quelques nuages gris et un amas de couleurs jetées imbroglio dans un coin de la toile, mais du moins, on respire enfin !
En définitive, le fil conducteur des couleurs primaires m'amène à penser que la seule voie possible vers la liberté devait passer par elle, la couleur. Elle est le tracé qu'il lui fallait suivre pour parvenir à être libre. Libre de son propos. C'est ce que je crois qu'il a réussi à accomplir.
En souhaitant que mon regard et ma lecture aient rendu justice à l'immense talent de cet homme de cœur, je tiens à le remercier pour autant de splendeurs !