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Le 27 avril dernier au Théâtre Maisonneuve se tenait la première de Ultraviolet, présenté par les Grands Ballets Canadiens. Présenté avec entracte, le spectacle présente quatre œuvres contemporaines ; Déséquilibre délectable, de Kristen Céré, Crater de Roddy Doble, Beguile de Lesley Telford, et finalement Substrat, de Cass Mortimer Eipper.
C’est avec une œuvre forte et éloquente que la Montréalaise Kristen Céré ouvre le bal avec son Déséquilibre délectable. Présentant les danseurs dans des costumes sombres et androgynes, une force et une grande émotivité s’en dégage. Les danseurs sont tantôt individus, tantôt foule, parfois soudés, parfois en conflit. Il m’a semblé y voir une forme d’allégorie des tensions sociales et des mouvements idéologiques, pourtant le thème se situe dans l’intimité de la psyché et des émotions plus que dans le collectif. Il m’a semblé voir en les danseurs ces forces internes qui se supportent et se contredisent, alors qu’ils lèvent le poing pour soutenir ou dénoncer leur semblables. Des projections apparaissent quelques fois pendant la pièce; le visage de Gene, 98 ans, vient contraster les corps athlétiques des danseurs, qui se moule aisément à une chorégraphie exigeante. La vieille femme est une intrusion étonnante, et j’avoue ne pas avoir compris le sens de cette intervention. Après plus de recherches, j’ai appris que Céré s’implique personnellement en danse inclusive auprès d’aînés, d'où sa volonté d’inclure ces séquences vidéos projetées.
Les jeux d’éclairage des Déséquilibre délectables sont très intéressants; d’ailleurs je ne crois pas avoir vu des éclairagistes aussi audacieux en danse contemporaine que lors de ce spectacle! Des lampes parfois très crues montent et descendent, créant un clair-obscur mouvant avec les mouvements des danseurs. Le rendu en est d’autant plus poignant que les costumes pour cette pièce sont très amples et leur tissu assez lourd souligne leur mouvement avec une approche qui les éloigne des costumes ajustés qui tentent de se faire oublier en simulant même parfois la nudité.
Construit autour de la courte pièce (à peine 5 minutes) Concerto en ré mineur BWV 974 II de Jean-Sébastien Bach. Pièce langoureuse et touchante, la poésie de Bach prend un nouveau souffle dans cette création toute en grâce et en intimité. Les magnifiques Roddy Doble (également chorégraphe de ce pas de deux) et Rachele Buriassi incarnent les doux tourments de la solitude par une série de portés tous plus impressionnants les uns que les autres. Nous avons ici un morceau plus classique, qu’on pourrait qualifier d’à mi-chemin entre ballet et danse contemporaine. La chimie entre les danseurs est palpable, mais j’avoue avoir été laissée sur ma faim. Les 5 minutes me semblent manquer un peu de rebondissements, toutefois je dois admettre que leur virtuosité hypnotisante rend cette pièce de courte durée très solide.
Cette troisième partie, dernière avant l’entracte, est mon coup de cœur de la soirée. Amusante et créative, elle repose autant sur des jeux visuels que sur une interprétation communicative. La Canadienne Lesley Telford nous plonge dans ces connexions qui nous influencent, nous poussant vers les hauteurs et nous ramenant sur terre. Un personnage féminin se distingue du groupe; vêtue d’une robe qui deviendra un accessoir évocateur, elle dirige le groupe de danseurs ou bien s’en fait diriger, mais toujours dans une relation qui semble empreinte d’empathie.
Les décors métalliques imposants m’ont rappelé les décors d’opéra ou de théâtre classique; ils me faisaient penser aux murs de pierre d’un château, ce qui a teinté ma vision du personnage. J’y voyais une jeune reine divisée entre ses responsabilités et sa soif de liberté. En entrevue, Lesley Telford parle avec émotion du besoin de connexion qui s’est fait ressentir avec force pendant la pandémie: c’est ce sentiment qui est à l’origine de l’inspiration de cette pièce fascinante.
L'australien Mortimer Eipper nous plonge dans une réflexion profonde sur notre avenir à mi-chemin entre l’humain et la technologie. Toute la pièce est basée sur des juxtapositions d’éléments organiques et artificiels, et la conception sonore est minutieusement réfléchie pour plusieurs références et paysages sonores uniques allant de musique à création sonore, en passant même par l’effet surprenant d’une foule applaudissante en plein milieu de la pièce, enrichissant le sens de la pièce.
Je ne pourrais parler de Substrat sans mentionner l’imposant mur d’escalade du décor, un espèce de mur aux allures de bloc de béton dans lequel des pieux plantés servent de barreaux pour l’escalader. Les jeux d’éclairage sur cet élément de décor projettent des lignes d’ombres, donnant une esthétique unique à l'œuvre. Les costumes sont également géniaux, faisant ressembler les danseurs à des cyborgs en complet tout droit sortis de The Matrix, sans pour autant limiter leurs mouvements. À quelques reprises les danseurs grimpent dans les barreaux du décor, peut-être en clin d’oeil aux obsessions que certains développent à vouloir « gravir » l'algorithme, mais j’aurais tellement aimé un climax où un danseur aurait réellement grimpé le décor, puisque les voir s’arrêter à quelques mètres m’a laissé sur ma faim.
C’est quatre propositions toutes très esthétiques et accessibles que les Grands Ballets Canadiens nous proposent avec Ultraviolet, mais j’admet qu’en tant que fan de performances de danse contemporaine plus expérimentales, on me rappelait sans arrêt où j'étais. L’audace et la théâtralité se heurte ici sans cesse à des besoins esthétiques, à une recherche du mouvement très technique qui personnellement m’interpelle moins, mais qui a certainement son mérite.