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La souffrance ne se vit pas à moitié. Lorsqu’elle se présente, elle pince, elle mord; elle irradie les muscles du corps et saccage les pensées de l’esprit. La jeune chorégraphe Virginie Brunelle livre de nouveau une œuvre époustouflante sur cette vérité à l’Usine C jusqu’au 25 novembre.
Six danseurs posent pour un portrait de groupe. Leurs vêtements couleur chair dirigent l’attention vers la nudité des sentiments. Les interprètes sont vite pris de soubresauts, un hoquet qui deviendra rapidement le leitmotiv de la danse. Ils encaissent les coups jusqu’à s’effondrer aux pieds du dernier survivant. Ils ont mal, et on le sent jusque dans nos os.
Le titre «À la douleur que j’ai» est en fait tiré d’un extrait du poème romantique Soir d’hiver écrit par Émile Nelligan. Loin d’être mélodramatique, la pièce est plutôt criante de l’universalité des émotions. Entre la violence et la tendresse, la plupart des canevas se développent autour de duos qui tantôt se repoussent violemment, tantôt s’abandonnent dans l’étreinte. Le paradoxe des relations humaines, celui de s’infliger autant de douleur à soi-même ou à ceux que nous aimons le plus, est magnifiquement illustré.
Virginie Brunelle explore aussi l’aspect brut de la douleur et la perte de contrôle qu’elle occasionne. Les artistes perdent l’équilibre ou prennent appui sur les autres pour le conserver. Leur rage et leur impuissance s’inscrivent dans une poésie cuisante. Indomptés, les corps s’effondrent et se relèvent, se nouent et se crispent. La chorégraphe retourne à la fois aux blessures de l’enfance et à notre ADN primitif, à travers la position fœtale, le cri sauvage qui se perd dans le silence ou encore le dos vouté des bêtes. C’est tellement humain qu’on en a le souffle coupé.
La répétition est au centre des chorégraphies, car elle témoigne de la place nécessaire de la douleur dans la condition humaine. En quelque sorte, nous avons besoin de souffrir et nous avons besoin des autres pour survivre et c’est exactement ce qu’on peut observer à travers ces personnages qui recommencent constamment le même mouvement au risque de se blesser de nouveau.
Les portés, l’illusion du ralenti et la précision générale du mouvement témoignent d’une technique brillamment recherchée. Les instants de silence où la salle est demeurée entièrement captive sont habilement exploités. Parallèlement, la trame sonore composée d’opéra baroque et de piano contemporain se fond parfaitement dans les tableaux. Le spectateur est ainsi emporté malgré lui dans l’intensité du message de Brunelle.
Depuis la fondation en 2009 de sa propre compagnie, Virginie Brunelle est une créatrice en pleine ascension dans le monde de la danse contemporaine. Depuis Foutrement, Plomb et Complexe des genres, son travail a traversé l’Europe, l’Amérique latine et la Corée. Parrainée par Dave St-Pierre à ses débuts, l’artiste a su progressivement forger sa propre voix au sein de la relève. Cette nouvelle oeuvre verse moins dans la provocation que celles qui l’ont fait connaître, mais conserve quand même la beauté entaillée qui forme sa signature.
D’une durée d’à peine une heure, «À la douleur que j’ai» parle à tous, même aux novices de la danse contemporaine. Intemporelle, l’œuvre nous confronte à la fragilité d’être mortel, à la grande vulnérabilité qui vient avec l’ouverture vers soi et vers l’autre. Il faut aller voir le spectacle.
En collaboration avec l’Agora de la Danse, «À la douleur que j’ai» est présenté à l’Usine C jusqu'au 25 novembre.