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Certains préféreraient que l’été ne se termine jamais, mais dans le monde artistique, le mot «rentrée» est l’excitant synonyme de «découvertes». Amatrice de danse contemporaine, je me suis entretenue avec la directrice générale et artistique de l’Agora de la danse pour savoir à quoi on pouvait s’attendre cet automne, mais aussi pour mieux comprendre comment fonctionne cet acteur clé du milieu de la danse.
Francine Bernier travaille à l’Agora depuis les débuts de l’organisme. En discutant avec elle, il devient vite une évidence que l’ADN de cette institution est teinté de son implication très personnelle avec les artistes. Elle utilise le terme «maison» pour décrire l’Agora, et dans sa bouche, ce mot prend une connotation encore plus familiale qu’entrepreneuriale.
À savoir si une trame principale se tisse entre les différentes œuvres prévues pour cet automne, une dimension engagée se dégage des spectacles à venir :
« Je suis quelqu’un qui aime la politique. Je trouve qu’il faut s’affirmer, il faut prendre des positions. J’aime bien cet automne parce que j’ai beaucoup de prises de position. »
Du 21 au 23 septembre
Le chorégraphe Zab Maboungou met en lumière un phénomène horrible, mais pourtant méconnu des masses: les zoos humains. Jusque dans les années 1930, des personnes de couleur étaient présentées aux foules de manière similaire aux animaux de zoos. Cette formule, bien que critiquée, se répète jusqu’au 21e siècle. Les mises en scène extrêmement stéréotypées, voire complètement fantasmées, qui lui sont typiques teintent encore aujourd’hui l’imaginaire, comme on peut le voir par exemple dans l’archétype du bon sauvage ou encore, à l’inverse, des supposées tribus cannibales. Les freak shows qu’on associe aux spectacles forains sont également considérés comme une forme de zoo humain. Plus récemment, les chercheurs se questionnent sur la contribution des télé-réalités à perpétuer ces phénomènes.
Zab Maboungou, philosophe et chorégraphe montréalaise, vous invite à un déambulatoire multidisciplinaire inspiré de tous ces concepts: «Une œuvre qui porte un regard critique sur la mon(s)tration culturelle à l’œuvre dans nos sociétés» (tiré du site web de l'Agora de la danse).
Du 28 septembre au 1er octobre
La chorégraphe Lucie Grégoire, une habituée de l’Agora qui y a présenté Les choses dernières en 2016 et Territoires en 2018, y revient cet automne avec Dérives. La pratique de l’artiste étant intrinsèquement liée à son rapport avec la nature, on la retrouve ici dans un solo mettant en relation l’expérience intime de la nature avec celle de la communion. Dans une poésie qu’on lui reconnaît bien, elle fait entrer dans son univers la violoncelliste islandaise Hildur Guðnadóttir pour une œuvre qui met en perspective les enjeux environnementaux actuels.
« Il y a une affirmation, là aussi. Elle ne le dira pas qu’elle est dans une ligne en rapport à l’écologie, mais elle est en lien, toujours, avec la nature. »
Du 19 au 22 octobre
Non seulement femmes de couleur, mais également mères, Justine A. Chambers (Vancouver) et Laurie Young (Berlin) présentent le fruit d’une réflexion sur le racisme systémique à travers les gestes de résistance. Avec une chorégraphie s’inspirant de gestes symboliques comme le «Hands up, don’t shoot» (associé au mouvement afro-américain contre la brutalité policière), Chambers et Young explorent à leur manière le concept des «gestes mineurs». Défini par la théoricienne et chorégraphe canadienne Erin Manning, ce concept en bref expose l’importance des mouvements sociaux et artistiques nés de l’expérience minoritaire pour une culture majoritaire saine.
« Ça me touche en tant que maman. Je suis la mère d’un garçon noir, alors cette prise de position-là, l’inquiétude d’une mère face à son fils, avec ce qui se passe aux États-Unis et les impacts qu’il peut y avoir au Québec. C’est une réelle préoccupation. »
Du 2 au 5 novembre
La fameuse compagnie de danse montréalaise Parts+Labour_Danse est formée des chorégraphes Emily Gualtieri et David Albert-Toth. Cette talentueuse hydre à deux têtes s’est attiré les faveurs de la critique depuis ses tous débuts en 2013, mais il s’agit étonnamment cet automne de leur première apparition chez l’Agora. Reconnu pour sa haute physicalité, David Albert-Thot y interprète le solo À bout de bras, un projet inspiré par le mythe de Tantale. Dans ce mythe, Tantale est maudit par Zeus: il voit les fruits s’écarter de sa main tendue et les ruisseaux s’assécher lorsqu’il se penche pour y boire. Sa légende symbolise la souffrance d’un désir inassouvi ou d’un rêve inatteignable.
« David Albert-Toth est plus dans la profondeur de l’être. Je ne sais pas si tu l’as déjà vu sur scène, mais c’est un interprète incroyable. Lui, il touche plus l’Humain, directement, avec toutes ses inquiétudes. Surtout par rapport à l’isolement qu’on a tous vécu. »
Du 23 au 26 novembre
S'identifiant à la fois au Maroc, à la France et au Québec, mais mélangeant aussi les danses urbaines à la danse contemporaine, le chorégraphe Ismaël Mouaraki voit ses fils grandir et réfléchit à l’héritage qu’il leur cède. S’inspirant des cérémonies spirituelles soufies de Lila («nuit» en arabe) qui consistent en un rituel nocturne tout en musique et en danse axé sur la guérison, Mouaraki s’entoure exclusivement d’interprètes masculins de provenances marocaines et québécoises. Le caractère sensible et sensuel de cette création étonne, puisque comme le souligne Francine Bernier, il est rare de voir autant d’hommes sur scène en danse contemporaine:
« C’est rare, en danse, qu’on ait beaucoup d’interprètes hommes, qu’un homme prenne la parole, recherche ses origines. Ce n’est qu'une distribution d’hommes, il est allé travailler au Maroc pour trouver des danseurs marocains qui vont être mélangés avec des danseurs québécois. »
Les œuvres que l’Agora nous fait l’immense plaisir de présenter chaque saison sont donc le fruit d’une longue collaboration entre les artistes et l’organisme, qui suit avec intérêt chaque étape de leur démarche. Francine Bernier connaît chacun des créateurs personnellement, ayant échangé longuement avec eux sur leurs besoins et leurs attentes pour leur projet, mais aussi sur leurs perspectives de carrière à long terme.
« Si moi je veux pouvoir t’aider, il faut que je sache quel type de créateur ou de créatrice tu es, qu’est-ce que tu veux, c’est quoi ton objectif, où tu te vois dans cinq ans. (...) Ceux qui se lancent là-dedans, dis-toi que c’est vraiment ce qu’ils veulent faire dans la vie. Parfois, il y en a qui lâchent parce que c’est trop difficile. Ils sont exemplaires, les créateurs, au Québec. »
De la même manière que la directrice de l'Agora prend le temps de faire connaissance avec les artistes, il est facile de se faire une idée sur la danse contemporaine quand on n’est jamais vraiment allé à sa rencontre. C’est pourquoi je vous invite chaleureusement à vous intéresser à cette programmation, surtout si vous n’avez jamais assisté à un spectacle de danse contemporaine!