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Jusqu’au 30 avril, le Cirque Le Roux vous invite à un diner de famille loufoque, où tout le monde ne ressort pas vivant! Après The Elephant in the Room (joué plus de 400 fois) la compagnie de cirque française propose un huis clos qui renouvelle le genre, où cirque, cinéma et théâtre font bon ménage.
Sous l’égide du grand cervidé, La Nuit du Cerf croise Nouvelle Vague française et Grindhouse américain et nous transporte dans une atmosphère poétiquement absurde.
Hier soir, mardi 25 avril j’étais impatiente de découvrir l’univers si particulier de la compagnie; et le brouhaha de la salle (comble!) s’accordait avec mon ressenti. Trop étourdie de joie, j’ai pris un moment avant de comprendre que le rideau était tombé, sans que l’événement soit prémédité. Il faut dire que le bazar scénique de cet envers du décor s’intégrait avec perfection dans le capharnaüm familial qui nous attendait. Plutôt qu’un décrochage narratif, j’ai vu dans cet incident technique une exposition de la fragilité du dispositif théâtral et de la vulnérabilité dans laquelle les artistes acceptent de s’engouffrer.
Première embuche du spectacle, le « tomber de rideau » annonçait déjà les mots de Hunter S. Thompson, qui ouvrent et ferment le bal :
« La vie ne doit pas être un voyage en aller simple vers la tombe, avec l'intention d'arriver en toute sécurité dans un joli corps bien conservé, mais plutôt une embardée dans les chemins de traverse dans un nuage de fumée, de laquelle on ressort usé, épuisé, en proclamant bien fort : quelle virée! »
Quand le rideau se lève, Miss Betty vient de mourir et ses trois enfants se retrouvent dans sa grande et vieille maison à l’orée du bois, pour préparer les funérailles. Pris au piège d’un lieu qui supporte le poids des dysfonctionnements familiaux, les personnages peuvent (enfin!) régler leur compte. Ils se déchirent, s’aiment, s’empoignent, rient, s’esclaffent, pleurent, dansent, dérapent… jusqu’à ce que les funérailles déraillent. Compresseur des ressentis de chacun, le huis clos oppresse les personnages jusqu’à devenir une véritable bombe émotionnelle : les portés acrobatiques font d’ailleurs figure de ce balancement entre désir et rejet. En partant du quotidien familial, probablement compris (et éprouvé) par la majorité des spectateurs, la compagnie vacille entre expériences vécues et invraisemblance des situations et rend ainsi hommage à l’humanité dans toute sa drôlerie, ses maladresses et sa splendeur.
D’accord. Mais alors d’où vient ce titre mystérieux... La Nuit Du Cerf? En réalité, la compagnie s’inscrit dans la longue tradition mythologique qui entoure le cervidé. Libre à chacun de choisir les symboliques qui s’y cachent, et je n’en ferais ainsi qu’une analyse subjective et partielle.
En guise d’introduction, James Brown (Philip Rosenberg), acteur hollywoodien et beau-fils de Miss Betty, évoque sa mort à travers l’expression « be like a deer caught in the headlights ». Est-ce là une représentation de la lumière finale, qui signe notre mort ou celle plutôt de la lumière qui éblouit l’artiste? Peu importe par quel bout comprenons-nous l’expression, le final sera le même. Puisque le cerf finira toujours tétanisé, et que le passage par la mort est obligatoire, autant vivre intensément jusqu’au dernier moment! Et jusqu’à son dernier souffle, James Brown performera.
Je pourrais également vous parler de l’animal sauvage qui se cache dans Tibou (Gregory Arsenal), frère incompris et clown insaisissable. À la marge d’une famille de personnages caricaturaux, lui est inclassifiable, une créature poétique entre l’humain et l’animal. Resté à l’état sauvage, son émotion est brute et ajoute cette touche de poésie nécessaire dans le chaos des noeuds émotionnels.
Allégorie du renouvellement, le cerf ajoute finalement de l’espoir dans cette histoire sans queue, ni tête. Le numéro final (dont je ne divulgâcherai rien), magnifie la performance et clame haut et fort : tant qu’il y a de l’art, il y a de la vie!
Il faut ajouter enfin que l’inventivité du décor amovible, des costumes et des lumières nous permet de plonger avec bonheur dans cette atmosphère farfelue et fantasque où les six acrobates se démarquent tous et toutes par leur talent inébranlable.
Le spectacle La Nuit du Cerf est un rendez-vous immanquable ! Rendez-vous jusqu’au 30 avril à la TOHU.