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J’y allais un peu de reculons : il y a tellement d’offres de spectacles en salle pendant ce merveilleux festival Montréal Complètement Cirque, que je ne pensais pas choisir Julieta, car en général, je n’aime pas beaucoup les clowns. Mais ma curiosité légendaire m'a menée à bon port.
Je me rends compte que je ne connais pas bien l’art clownesque, car Julieta, qui tombe dans cette catégorie, m’a complètement ravie.
Sur scène, une seule comédienne représente une femme aînée, à l’hiver de sa vie. Elle vieillit seule, dans son petit appartement qui représente son univers. Elle a peu, mais semble avoir tout ce dont elle a besoin.
La majeure partie se déroule dans la pièce qui sert de cuisine et de salon. Mais à un moment, les murs du décor en forme de paravent avec de multiples petites portes se plient et se déplient afin de nous amener dans sa chambre; à un autre, on ajoute un élément et elle est dans sa douche fabriquée en briques de verre…
Julieta a ses habitudes quotidiennes qu’elle refait aux mêmes heures, devant nous : manger, prendre ses médicaments, son petit verre de vin, faire ses exercices sur une plateforme vibrante, se vernir les ongles, écouter son émission de télé quotidienne, jouer au tic-tac-toe avec elle-même et être heureuse de gagner la partie!, téléphoner à un interlocuteur qui ne répond toujours pas… Le cadran sur sa table de salon a une grande importance pour elle. Et je ne vous parle pas de son animal de compagnie; à vous de le découvrir!
Elle vit avec ses souvenirs affichés dans les cadres accrochés aux murs; avec une carte postale qui semble l’émouvoir. Elle se revoit jeune, belle, chanteuse…
Toutes ces situations suscitent des images des personnes âgées qu’on a côtoyées au fil de notre vie. Un parent, une grand-mère, une voisine… Elles nous amènent à réfléchir à notre vie, à l’étape où on est rendu, à ce qui nous attend; on anticipe la façon dont notre corps et notre esprit se transformeront, se muteront en un corps expérimenté et las, et en un esprit plein de souvenirs.
En soit, les actions de cette vieille dame ne sont pas nécessairement dignes d’humour, mais Gabriela Muñoz nous fait littéralement éclater de rire. Souvent. Très souvent. Par sa démarche, ses mimiques, sa vivacité d’esprit et sa joie de vivre. Mais jamais un mot n’est prononcé.
On appelle aussi ça, du théâtre physique. Parce que même silencieux, le message que la comédienne passe est clair : c’est celui de la vieillesse qui nous attend tous, mais qui n’est pas nécessairement triste. À vous d’en juger.
J’imagine (et j’espère!) que comme Julieta, on trouvera aussi des moyens de s’adapter.
D’ailleurs, on comprend comment elle réussit à si bien interpréter ce rôle : le personnage de Julieta est inspiré par la grand-tante de Gabriela Muñoz, un hommage en quelque sorte à cette femme qui a vécu une vie pleine.
Voici justement les mots de la créatrice pour expliquer ce spectacle qui la met sur une marche à part : celle d’une femme en art clownesque. Elle n’a vraiment rien à envier à ses collègues masculins, à mon avis.
« J’ai aimé être proche de ma grand-tante Julieta et la sentir franchir chaque étape qui l’amènerait à dire adieu à ce passage terrestre. Je l’ai vue, à 83 ans, se rendre au salon de beauté avec son groupe d’amies - «les veuves du jazz», comme elles s’appelaient elles-mêmes - pour boire du rhum et du coca et fumer des cigares.
J’ai regardé ses yeux à travers ses lunettes à fond de bouteille et je me suis amusé à suivre le rythme de ses clignements d’yeux accompagnés de petits mouvements de la bouche, à passer sa petite main par la fenêtre pour voir le temps qu’il faisait et décider ensuite de sa tenue vestimentaire. Je l’ai entendue jouer du piano à la perfection bien qu’elle ne se souvienne plus de qui elle était. Julieta, une âme libre, amusante, créative, vaniteuse et coquette ; une femme généreuse qui m’a beaucoup appris sur la vie que j’aimerais un jour avoir.
Quand je pense à la vieillesse, à la stigmatisation qui l’entoure et aux nombreuses transformations physiques que nous subissons pour «arrêter le temps», je me demande ce qu’est la vieillesse...
Est-ce avoir plus de 50, 70, 90, 100 ans ?
Ou bien est-on vieux parce qu’on traîne les pieds, qu’on a des cheveux gris, qu’on ne danse plus ou qu’on ne rit plus...
L’idée de créer cette pièce m’est venue peu de temps après avoir travaillé comme clown dans des maisons de retraite. J’ai éprouvé une telle joie en écoutant leurs histoires, leurs récits pleins de vie et d’entrain, leur message selon lequel la poésie de la vie, du vieillissement et de la métamorphose est bien plus significative que ce que la société dépeint. »
Julieta est présenté à la Maison Théâtre (245 Rue Ontario E, Montréal), jusqu’au 15 juillet à 20 h. Les 11 et 12 juillet, il y aura une discussion après la pièce avec la comédienne.
Le prix des billets que vous pouvez acheter en ligne varient de 16,20 $ à 36 $.
Cette représentation, qui dure environ une heure, convient à un public au-delà de 9 ans, pour être en mesure d’en saisir pleinement le message sous-jacent; un enfant de 5-6 ans était dans la salle et on l’entendait souvent poser des questions à sa mère. Cependant, soyez assuré que le jeu de Gabriela Muñoz plaira à tous et toutes, si on ne fait qu’admirer et jouir de la prestation de l’excellente comédienne mexicaine Gabriela Muñoz!
Pour en avoir une idée par vous-même, voici une vidéo que j'ai réalisée avec des extraits de la pièce.
Julieta est une coproduction de La TOHU, Le Chamaleon, et le Ruhrfestpiele Recklinghausen rendue possible par le Conseil des arts du Canada.