Qui dit confinement dit besoin d’être diverti, et qui dit divertissement dit lecture! Voici donc quelques bijoux jeunesse qui ont tous en commun le fait de mettre en lumière des réalités différentes auxquelles peuvent être confrontés certains enfants. Que les jeunes de votre entourage soient touchés ou non par ces contextes particuliers, ça peut être le moment idéal pour aborder le sujet avec eux afin de les ouvrir sur le monde qui les entoure tout en approfondissant leur amour de la lecture. 

Pauline (la lapine sans queue) 

Cara Carmina, Éditions les Malins 

Avec un discours nuancé et peaufiné, et des illustrations colorées, mignonnes et éducatives (il y a même des petites flèches à plusieurs endroits qui indiquent les détails des images), Les lapins malins, nouvelle série de Cara Carmina, illustrent magnifiquement bien la différence et l’acceptation de soi. Dans le premier album de la collection, on découvre Pauline, une petite lapine attachante, timide et courageuse qui a une différence physique puisque contrairement à tous les autres lapins, elle n’a pas de queue. À travers l’intimidation, l’insécurité, l’amitié, la solidarité et le pardon, on découvre que parfois, être différent peut être une grande force. Bonne nouvelle : le deuxième album de la série, Théodore (le lapin qui portait des lunettes) sortira en mai prochain! 

Simone sous les ronces 

Maude Nepveu-Villeneuve, Fonfon

Simone est une fillette normale. Elle va à l’école, elle a des amis, elle possède un vélo, elle adore son doudou, elle a des rendez-vous chez le dentiste... Et elle a des ronces qui poussent dans son ventre. Ces espèces de branches pleines d’épines s’enroulent autour d’elle et l’empêchent de bouger. Lorsqu’elle est en classe, qu’elle voit une araignée, qu’elle est en retard ou qu’elle parle à des inconnus, les ronces ont tendance à pousser plus rapidement. Mais pourquoi donc? Et comment faire pour les dompter? Simone sous les ronces aborde la thématique de l’anxiété sans jamais le mentionner clairement, ce qui permet donc d’expliquer de façon imagée la problématique aux plus jeunes, tout en utilisant les petites activités pédagogiques qui se trouvent à la fin de l’œuvre pour pousser davantage la discussion.

Petit arbre veut grandir

Nancy Guilbert, Éditions Circonflexe

Cet album a vu le jour en 2015, mais c’est la version de 2019 qui a attiré mon attention. En effet, cette réédition est très inclusive puisqu’elle permet une accessibilité pour tous en offrant une typographie en gros caractères, un texte en braille et un code QR pour voir la version signée. Donc que les lecteurs ne présentent aucune différence fonctionnelle ou qu’ils soient malvoyants ou malentendants, ils peuvent tous se plonger dans l’histoire de Petit arbre qui est complexé par sa taille menue et qui se sent inutile dans cette grande forêt. Heureusement, plus les saisons défilent, plus il réalise que plusieurs ont besoin de lui et que sa grandeur ne se trouve pas dans sa taille, mais plutôt dans son coeur. 

Cendrilune

Dre Nadia Gagnier, Dominique et compagnie

Dans cet album de la collection Dre Nadia psychologue, il est question de stéréotypes de genre et d’affirmation de soi. Inspiré du conte traditionnel de Cendrillon avec les demi-sœurs exigeantes, la fée marraine et la recherche du prince, cette relecture présente un personnage principal bien différent, puisque Cendrilune trouve les princes très gentils, mais qu’elle a d’autres plans pour son avenir. Effectivement, elle rêve d’être une scientifique et de devenir astronaute. Y parviendra-t-elle? Voici le livre parfait pour montrer que chaque enfant, peu importe son identité de genre, est libre de choisir une carrière qu’il aime et qui le fait rêver. De plus, un guide d’accompagnement attend les parents et les éducateurs à la fin du livre. 

De quoi sont faits les bébés? 

Cory Silverberg, Éditions Dent-de-lion

LA question que posent tous les enfants à un moment de leur vie. Et si on se tournait vers un livre d’éducation sexuelle extrêmement inclusif pour leur donner une réponse plus complète que la traditionnelle version du papa + maman = bébé? Il existe tellement de modèles de familles différents de nos jours qu’il est primordial d’adopter un point de vue plus global pour illustrer toutes les façons de concevoir, de porter et de mettre au monde un enfant. Dans cet album documentaire, il est question de conception « standard », mais également de conception assistée par les diverses technologies de procréation, d’adoption, d’homoparentalité, de monoparentalité, etc. 

Le grand méchant loup dans ma maison

Valérie Fontaine, Les Éditions 400 coups

Bien qu’il aborde un sujet particulièrement délicat en traitant de violence familiale, cet album est nécessaire que ce soit pour ouvrir le dialogue avec les enfants qui vivent une situation semblable ou pour développer la compassion des autres jeunes en leur montrant que certains de leurs camarades peuvent vivre avec un loup sous leur toit. Le récit de Valérie Fontaine raconte tout en douceur et en honnêteté la réalité familiale d’une fillette et de sa mère qui doivent composer avec la colère, les cris et les coups d’un loup très méchant, jusqu’au jour où elles décident d’aller dans une nouvelle maison où vivent plusieurs louves et louveteaux... mais aucun loup. 

Et si les soldats se battaient avec des oreillers?

Heather Camlot, Bayard Canada

Voici un livre documentaire qui souligne avec brio l’initiative de gens ou d’organismes qui ont décidé d’utiliser leur humanité et leur imagination pour faire une différence positive dans des contextes de guerre, par exemple un soldat de la Seconde Guerre mondiale qui n’a jamais blessé ou tué un soldat ennemi, mais qui a sauvé 75 de ses hommes, des réfugiés qui ont décidé d’utiliser l’art comme moyen de guérison, la création de jeux vidéo immersifs qui placent les joueurs dans un contexte de bombardement et d’inquiétude pour leur faire comprendre les dilemmes moraux liés à la guerre, un groupe d’enfants qui s’unit pour faire entendre les droits les plus importants à leurs yeux, etc. Bref, une œuvre idéale pour parler de la guerre aux jeunes tout en leur faisant découvrir le beau qui peut se cacher dans l’atrocité.  

Fourchon

Kyo Maclear, Éditions de la Pastèque

Né d’une maman cuillère et d’un papa fourchette, Fourchon a une apparence à mi-chemin entre les deux. Il a beau tenter de se fondre dans le moule, ça ne fonctionne jamais ; soit trop rond, soit trop pointu, on lui refuse toujours l’accès à la table. Fourchon est très triste de ne pas être une seule chose, comme tout le monde. Mais si finalement, être ni une fourchette ni une cuillère, mais un peu des deux pouvait être la solution à un nouveau problème? Cet album est une bonne option pour aborder la question de l’identité avec les enfants qui se demandent qui ils sont. 

Un coeur en cage (12 ans+)

Manon Plouffe, Bayard Canada 

À la fois percutant, intrigant et poétique, ce court roman trace le parcours de Mina, une adolescente d’origine indienne venue s’établir à Montréal avec sa famille onze ans plus tôt. Alors que sa meilleure amie, elle aussi immigrante du même pays, évolue dans une famille qui s’adapte aisément aux nouvelles mœurs de leur terre d’accueil, Mina se retrouve malgré elle prise entre les griffes de parents très attachés à leurs traditions culturelles. À travers des thématiques comme l’immigration, la violence, le secret, le crime, la solitude, l’amitié et l’amour, le lecteur est rapidement plongé dans une intrigue bouleversante. Un livre parfait pour les ados qui souhaitent mieux saisir les diverses coutumes qui peuvent être mises en pratique dans certaines familles immigrantes. 

L’Asperge (12 ans+)

Sarah Morant, Éditions Hachette

Le trouble du spectre de l’autisme touche beaucoup de familles, mais est pourtant encore trop peu représenté en littérature jeunesse. Par bonheur, dans ce roman pour adolescents, le syndrome d’Asperger est judicieusement illustré à travers le quotidien d’Alizée. Pour camoufler sa différence, la jeune fille doit tout noter sur des post-its pour ne pas oublier comment se comporter en public, mais malgré ses efforts, les contacts avec les autres restent difficiles, à l’exception de son frère jumeau et de son nouvel ami, Zachary. Ce roman permet de mieux comprendre les obstacles auxquels peuvent être confrontés les gens atteints du syndrome d’Asperger, mais peut aussi plaire à n’importe quel adolescent puisqu’il est question d’amitié, de relations amoureuses et familiales, de vie scolaire et d’acceptation de soi. 

Pour ceux qui aimeraient découvrir davantage d’oeuvres jeunesse qui mettent en valeur la différence et la tolérance, je vous invite à découvrir Kaléidoscope Québec, une sélection de livres regroupés selon quatre groupe d’âge (0-4, 4-6, 6-9, 9-12) et selon huit catégories : égalité des sexes, affirmation de soi, diversité corporelle, diversité culturelle, diversité familiale, diversité fonctionnelle, diversité sexuelle et de genre et sociétés, qui visent à encourager les enfants à sortir des idées préconçues. Vous pouvez d’ailleurs retrouver cette sélection dans plusieurs bibliothèques et librairies!