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Nouées, dernier livre de l’auteure Catherine Voyer-Léger, dénoue les nœuds qui se sont forgés à différentes étapes de sa vie. Mère adoptive, l'auteure raconte l’arrivée de sa fille dans sa vie et ce qu'elle aimerait lui léguer, lui apporter, en plus de se rappeler sa vie à elle, avec sa mère. Sa mère absente, si présente pourtant dans ses souvenirs. Il y a aussi d’autres femmes dans son passé, d’autres femmes qui, comme elle, se sont senties coupables d’être ce qu’elles étaient. Nouées, paru aux Éditions Québec-Amérique, est un livre bouleversant et saisissant où les mots font échos aux maux de plusieurs femmes.
« Tous les livres pour enfants qui parlent d’amour parental commencent par l’illustration d’un nourrisson et de ses parents aimants. Notre culture fait commencer l’histoire individuelle à la naissance. Peut-être l’histoire d'une vie humaine commence-t-elle ailleurs? Dans le désir incorruptible de parents qui rêvent de tenir le nourrisson dans leurs bras? »
Catherine Voyer-Léger est auteure, critique littéraire, blogueuse, directrice générale du Conseil québécois du théâtre, et mère. Ce rôle a changé pour toujours sa vie. Si elle fut une enfant et une jeune adulte confrontée à ses peurs, ses souffrances et son mal-être au point d’avoir tenté de se suicider, elle a maintenant une raison de prendre soin d’elle et de faire attention à la vie: sa fille.
Une mère apporte avec elle son passé, ce qu’elle a vécu avant l’arrivée de son enfant, ce qu'elle vit pendant qu’elle tient celui-ci dans ses bras, parfois avec amour, parfois avec culpabilité. Peur d’être trop ou pas assez, se comparer à sa propre mère, se souvenir de qui on était au même âge que notre enfant… beaucoup de pression immobilise les femmes dans tous les rôles qu’elles doivent jouer.
Avec Nouées, Catherine Voyer-Léger noue et dénoue ses souvenirs, ses liens avec ses parents, ses interprétations de petite fille, ses complexes, sa présence dans un monde où elle se sent constamment imparfaite, son désir d’être ce qu’on attend d’elle et ce qu'elle s’attend d’elle et, en première partie du livre, de son expérience avec les services sociaux alors qu’elle se propose famille d'accueil avec possibilité d’adoption.
Faire passer le bien de l'autre avant le nôtre
Accueillir un enfant qui fait partie des services sociaux demande patience et empathie. Juger les familles inaptes à garder leur enfant ne fait que resserrer l’étau autour de ces familles déjà marginalisées. Souvent ces familles n'ont pas les ressources pour être aptes en société, aptes à être une famille. L’écart entre les classes sociales est majeur.
Dans la première partie du livre, l'auteure raconte l’adoption de sa fille, la fille d’une autre mère jugée inapte à garder son enfant.
« Cette autre histoire commence dans ce beige, au moment où une autre femme pousse la porte. Une femme qui a ces yeux-là. Ceux que je ne connaissais pas avant. Une femme qui est le portrait tout craché de mon enfant. Une femme qui est la mère de mon enfant. Maintenant, je constate que c'est sans doute cette histoire-là qu'il me faut raconter (...) Ce moment où une vague nouvelle me saute à la gorge tandis que je ne sais pas ce que je dois faire puisque personne ne me l'a expliqué. Au moment où cette femme prend dans ses bras mon enfant. Son enfant. L’histoire de ma culpabilité. »
C’était en 2017. L’auteure devient mère. En regardant sa fille, ses propres souvenirs d'enfance lui reviennent. Certains étaient enfouis, là où la mémoire ne veut plus se rappeler. Il y a la mémoire qui se souvient par ce que les autres nous ont rapporté et la mémoire de ce que l’on veut bien se souvenir. Les mémoires s'entremêlent comme des nœuds qui mesurent l’ampleur du lien. Apprendre à prendre soin de son enfant oblige à apprendre à prendre soin de soi. L’auteure n’a jamais appris à prendre soin d’elle.
« Une nuit, elle se réveille. Je replace les couvertures, je donne quelques caresses. Elle me dit : C'est difficile de prendre soin de toi. J'essaie de la recadrer: c'est moi la donneuse de soins dans ce duo. Elle insiste : Mais je suis ton enfant! Quelque chose en elle est convaincu qu'elle devrait mieux prendre soin de moi (...) elle se sent déjà coupable. Et je suis le premier objet de sa culpabilité. »
1984. De son enfance, l'auteure n’en garde que peu de souvenirs. Il manquera toujours de précieux morceaux de son casse-tête, ceux qu'elle ne pourra jamais retrouver. Elle se rappelle de l’absence de sa mère, partie en cure de désintoxication, de sa mère qui déjouait les normes sociales, de l’odeur du cuir, du sentiment qu'elle devait, elle, enfant, prendre soin de sa mère.
Le poids de la culpabilité est lourd, si lourd que l’auteure tentera de l’apaiser avec la nourriture. Le trouble alimentaire sera l’exutoire de cette culpabilité ressentie depuis l’enfance. Peut-elle prendre soin de sa mère, peut-elle prendre soin de sa fille? Qui peut prendre soin d’elle?
Il y a aussi la séparation de ses parents, l’amour pour son père, le peu de souvenirs à trois. Un jour, après une tentative de suicide, la vérité renaîtra de ses cendres dans un intérieur où plusieurs fois le feu a tout détruit; les souvenirs mêmes brûlés peuvent se reconstruire alors qu'on ne le voulait pas.
« Je n'avais pas de trouble psychiatrique, mais une blessure profonde qui portait le nom de ma mère, l'absence de ma mère. Même de cette peine que je découvrais avec étonnement, je me sentais coupable. »
Entre la « fille de » et « la mère de », l'auteure a été une jeune femme de 21 ans à l'UQAM. Pourtant, cette partie de son histoire est mise comme dernière partie du livre comme si après avoir expliqué son rôle de mère puis le rôle de sa mère, elle en revenait à elle, au noyau central de son histoire. Elle qui a toujours eu peur de déranger, a tenté de se suicider, malgré la honte et la culpabilité, elle a osé déranger le monde dans leur petit monde, elle a osé souffrir au grand jour, montrer ses plaies, sa souffrance. En voulant mourir, elle s'est donné la vie. Enfin.
Nouées à en mourir pour l’autre
L’auteure tricote sa propre histoire avec sa mère autour de celle qu’elle vit avec sa fille présentement. La culpabilité se transmet de l’une à l'autre, sans lien biologique, que ce lien noué entre elles. Elles se sentent toutes responsables les unes des autres. Le sont-elles réellement?
Jamais elle ne parlera contre sa mère ni même n'entrera trop dans ses difficultés. Catherine Voyer-Léger offre une introspection de certaines étapes de sa vie avec sincérité, avec un besoin de dire les choses comme elles ont été senties, parler pour prendre sa place, une place qu'elle se refuse encore parfois. SA place.
Si longtemps elle a tu sa souffrance avec la nourriture, elle doit maintenant apprendre à vivre sans chercher à s'enterrer sous des tonnes d'aliments. Elle doit aussi apprendre à se regarder différemment, avec amour, compassion et fierté. Car elle a de quoi être fière d’elle, cette femme qui ne s’est jamais vraiment regardée que par le regard des autres. Sait-elle à quel point les autres peuvent l’admirer, l’aimer telle qu'elle est?
On se définit par le regard des autres et indirectement notre regard devient le leur. Les complexes, les peurs, la culpabilité de n'être qu’un soi imparfait. Longtemps croire que notre problème vient de ce corps qu'on n'accepte pas, de cette place qu’on ne prend pas, c’est ignorer que tout, absolument tout est défini par notre regard À NOUS.
Catherine Voyer-Léger nous offre un roman pur, poignant, renversant et tant d’autres choses, tant d'émotions dans un seul petit livre d'environ 160 pages, que du vrai d'où découle une envie indescriptible de prendre l’auteure dans nos bras et de lui dire MERCI! Liens entre mère et fille, trouble alimentaire, suicide, adoption, tant de sujets qui en reviennent à l’amour de soi et de l’autre, prendre sa place dans son monde sans se sentir coupable, prendre soin de l’autre sans se noyer, juste être ce qu’on peut et accepter l’amour de l’autre et ses inquiètudes.
Il y a beaucoup dans ce petit livre. Beaucoup et jamais trop. Quelle incroyable et délicieuse lecture!
Suivez cette magnifique auteure au lien suivant: https://www.facebook.com/voyerleger
Nouées
Catherine Voyer-Léger
Éditions Québec-Amérique
https://www.quebec-amerique.com/collections/adulte/litterature/iii/nouees-10501
Message personnel à l’auteure:
Je voudrais dire merci à l'auteure d'avoir écrit ce livre. Vous qui vous faites un devoir d'être présente (et vivante) auprès de ceux que vous aimez et qui vous sentez responsable de leur offrir écoute et temps, merci d’avoir donné ces mots aux lecteurs. Vous avez donné un sens à la douleur et la culpabilité, à la peur de déranger, au besoin de plusieurs d'entre nous (oserais-je dire de nous tous) d’être et de se donner le droit d’être. Vous ne saurez jamais combien de personnes vous avez aidé avec vos mots.