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Le Roitelet, dernier livre de Jean-François Beauchemin paru aux éditions Québec Amérique, parle du lien inconditionnel entre deux frères, l’un d’eux vivant avec la schizophrénie, l’autre l’accompagnant dans les ténèbres et les douleurs invisibles. L’union des deux hommes est pure, honnête, tendre. Partageant la vie de son frère, le narrateur se fait compagnon fidèle de cet être aux ailes blessées qui lutte contre ses pensées et ses délires, qui lutte pour demeurer vivant et bien ancré dans le monde réel. Un récit touchant sur un lien plus fort que le trouble de santé mentale.
Dans Le Roitelet, l'auteur Jean-François Beauchemin nous partage l’histoire de deux frères, un accompagnant l’autre, dans un monde où la lumière s’est éteinte un jour et où il est parfois difficile d’en entrevoir la lueur depuis.
« Au début, ça ressemblait à de la mélancolie. Puis c’est devenu plus sérieux, et mon frère a commencé à se comporter bizarrement, comme si sa personnalité peu à peu, se disloquait (...) Passant en quelques secondes de l’optimisme le plus vrai à une sorte de neurasthénie prophétique, il a eu cette formule à vous glacer les os:"Je suis de moins en moins réel. C’est atroce." »
Dès le début de l'adolescence, le frère du narrateur manifeste des signes d’un trouble naissant; il demeure dans sa chambre, en silence, dans le chaos des objets qui peuplent la pièce et de ses pensées saccadées. Rien d’anormal chez un adolescent, croyons-nous, mais la douleur est plus profonde, troublante et inexplicable qu’une simple crise d’adolescence.
La mère s’inquiète, le frère constate, le père cherche des solutions pragmatiques. Lorsqu’un membre d’une famille est atteint, c’est tout l'univers familial qui tombe. La schizophrénie a choisi de s’installer sans consentement.
« "Je suis un puits sans fond. J’ai beau fouiller en moi, je n’aperçois rien qu’une nuit profonde. Je suis perdu." Et moi l’écrivain, le spécialiste des mots, je n’ai pas su quoi lui répondre. »
Que peut-on dire ou faire pour soutenir un proche dévasté par la maladie? Il n’y a qu'à accepter la vie houleuse du trouble, apprendre à naviguer en eaux troubles et s’arrimer au rivage lors de tempêtes inattendues. Il y a des moments où la colère envahit le narrateur, en plus de l’incompréhension, la fatigue, l'impuissance. Il ne faut surtout pas sombrer soi-même dans la psychose, écouter l’autre sans entrer dans son monde, être là, jamais loin, de la personne qu’il aime depuis si longtemps, ce frère perdu lié à lui pour toujours.
« À ce moment je me suis dit pour la première fois qu’il ressemblait, avec ses cheveux courts aux vifs reflets mordorés, à ce petit oiseau délicat, le roitelet, dont le dessus de la tête est éclaboussé d’une tache jaune (...) le mot roitelet désignait un roi au pouvoir très faible, voire nul, régnant sur un pays sans prestique, un pays de songes et de chimères, pourrait-on dire. »
Les crises de paranoïa sont difficiles à gérer alors que le roitelet s'enferme dans son appartement, tapisse les murs et les fenêtres, barricade la porte de crainte qu’on attente à sa vie. Le combat est dur et long. Il jette ses médicaments dans les toilettes, croyant ne plus être malade, craignant le complot, que quelque chose veuille le dominer, le gouvernement peut-être. Ses proches obligent le malade à prendre ses médicaments, impuissants. Le frère témoin assure une certaine stabilité, est là doucement, sans le brusquer, il prend soin de lui comme d’un enfant fragile, car derrière la maladie se meut un frère, un être humain, un homme qui lutte.
En dehors de la grande noirceur, il y a aussi ces moments où, assis tous les deux près du feu, ils partagent leurs deux mondes en parallèle. Deux frères unis malgré les pensées qui les séparent. Il y a ce jour où le frère roitelet demeure au chevet d’un oiseau blessé, comme si toute sa mission de vie était de rester là près du fragile être, lui donner suffisamment d’amour pour qu’il reprenne son envol . Oui, il y a des moments où l'insondable n’a plus d’importance; vivre le moment présent permet de saisir sa grande valeur.
« "Pourquoi ne suis-je jamais heureux?" Ça vous brisait le coeur d'entendre une chose pareille, mais que pouvais-je lui répondre? Non, je n'avais pas de réponse à cette question. Puis, il m'a dit en étouffant ses sanglots et en s'essuyant le nez cette chose qui m'a un peu surpris:"Tout m'échappe, y compris l'évidence. Ta vie à toi est si réelle."»
Les répliques philosophes et sans filtre du frère schizophrène sont drôles et émouvantes. Il y a dans ce livre amour et poésie, on y découvre un lien spirituel entre deux âmes dans un monde matériel qui ne peut tout comprendre. La détresse psychologique ne se lit qu'avec l'âme et la transparence de la maladie ne s'accueille qu'avec le coeur. Le lecteur sera traversé par les mots de l'auteur et aura envie de prendre dans ses bras ces deux hommes démunis, mais si solides. Leurs racines sont profondes et plier l'échine ne font d'eux que des robustes arbres où parfois, un oiseau se pose sur une branche sans se demander pourquoi.
Le roitelet est libre sous ses plumes fragiles, il est le roi de son monde et quoique celui-ci soit petit, son esprit, lui, est grand. Le roitelet sait traverser les ténèbres avec courage, car ceux-ci font partie de son quotidien. Le roitelet n'est compris que par le silence du ciel.
Quelle joie de commencer l'année avec un tel livre! Merci infiniment monsieur Beauchemin.
Le Roitelet
Jean-François Beauchemin
Éditions Québec-Améique