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Virginie Chaloux- Gendron a publié son premier roman Fais de beaux rêves aux Éditions Boréal en 2020. Blogueuse, poète et maman, Virginie Chaloux-Gendron nous parle de ses inquiétudes en tant que mère.
Envers son enfant, envers elle-même, envers cette vie qu’elle donne et la peur horrible qu’un jour, elle puisse perdre cet enfant. Fais de beaux rêves est une histoire d’amour entre la mère et l’enfant, un amour qui permet à l’auteure de se battre quotidiennement contre ses ombres.
« Le texte le plus abouti sur le deuil d'un enfant serait celui où il ne se passe rien, serait un livre mal écrit, décousu. Le vrai livre serait un livre qui ne se tient pas, qui tombe en morceaux.»
L'auteure Virginie Chaloux-Gendron est déjà connue dans le domaine littéraire pour ses différentes publications poétiques, sa participation pour différents blogues et son recueil de poésie Cerises de terre paru aux Éditions du Noroît en 2019. Fais de beaux rêves est son premier roman, un roman coup de poing sur la gueule, un roman qui poignarde, qui va loin dans l'introspection et l’angoisse humaine, qui éclate un rêve en scénarios terrifiants.
« La mort de mon enfant est le sujet que vous voulez aborder? D'accord. Bien sûr que c'est la pire chose qui puisse arriver à une mère. Si je m'en remettrai? Absolument pas. Je suis prisonnière de la seconde qui a volé mon fils. Car c'est de cela qu'il s'agit, d'un cambriolage.»
On ne peut dire exactement ce qui est vrai ou faux dans l’histoire, mais l’idée n’est pas de démêler tout ça. On entend depuis peu certaines femmes parler de leurs peurs en enfantant, peur de ce qui pourrait arriver à leur enfant, peur de l'avenir, peur de ce monde incertain et certes peu reluisant. L’auteure n'a pas perdu son enfant pour vrai, mais dès qu'elle se sait être enceinte, elle se questionne sur ce qui adviendra de ce petit être sans défense. Lui léguera-t-elle ses fissures, de qui ou de quoi retiendra-t-il, quel rôle aura son père dans sa vie…
« Avant même de naître, tu es déjà tellement plus que mon simple prolongement, tu es ailleurs (...) Tu n’es pas contre le monde ni pour lui, tu es en lui.»
Fais de beaux rêves borde l’enfant en ses songes, en sa vie, en sa mort. La plume tranchante de Virginie Chaloux-Gendron relève le défi majeur de transposer l’inimaginable, l’indescriptible, dans une poésie douce amère, d’offrir une ode au fils bien réel, de libérer le mal par le mal dans un objectif de rédemption.
Au creux des entrailles, l’enfant est déjà un être à part entière
La mère qui porte l’enfant a été elle-même une enfant jadis. Est-ce que les blessures de son enfance peuvent se transmettre à l’enfant pure qui vient au monde? Vient alors l'idée terrible que l'enfant puisse être notre prolongement, le prolongement de nos schémas familiaux, amoureux, intimes. La narratrice est au début de la vingtaine, aux études, et depuis peu avec son amoureux. La grossesse n’était pas planifiée. Pourtant, déjà, son enfant lui tient tête; il viendra au monde malgré tout.
Elle emménage avec le père, renonce à sa vie de jeune fille, met un point d’honneur à poursuivre ses études malgré sa grossesse. La mère a aussi besoin de son espace, de vivre en dehors de son rôle de mère, d’être femme amoureuse au-delà du test positif qui lui impose un mode de vie organisé, structuré, sans failles.
Mais est-elle prête à tout donner à un autre être alors qu'elle-même n’est pas encore certaine de qui elle est, de ce qu’elle veut pour l'avenir, de ce qu’elle veut donner à son fils?
Déjà, elle aime cet enfant et craint pour lui. Que peuvent lui donner son père et elle, ils se connaissent à peine, mais elle sait que le père aussi est un enfant torturé. Deux enfants torturés créent-ils nécessairement un être torturé?
Vaudrait-il mieux mettre fin à cette grossesse? L’enfant n’est même pas encore un minimum vivant qu'on songe déjà à lui enlever sa couche d’embryon. La mort côtoie la vie dès les premières secondes du grand miracle! L’idée de perdre son enfant apparaît tôt, comme une issue que l' on aurait préférée ne pas savoir existante. La mère a le choix de poursuivre ou non sa grossesse. Mais qu'en est-il ensuite, lorsque l’enfant est dans ses bras, à qui appartient-il, que peut-il lui arriver?
En mettant au monde un enfant, la mère fait face à sa plus grande impuissance, sa plus inimaginable vulnérabilité, un saut dans le vide, une poésie qui émeut et ébranle, la naissance possède en elle-même toute la grandeur de la vie et l’insondable mort.
« Il y a des gens qui ont cinq enfants dans l'espoir de racheter le souvenir de leur enfance traumatique et de lui donner une nouvelle tournure. D'autres tuent leur enfant pour la même raison. Je ne ferai ni l'un ni l'autre. Je ne serai pas ce que l'histoire veut faire de moi. »
Pourtant la narratrice entrera armée dans son histoire et celle qui l’a créée. D’où le besoin viscéral d’affronter ses pires pensées, ses démons pulsionnels. Pour se libérer, la narratrice donne vie à ses appréhensions dans des scénarios catastrophiques, l’illusion de la mort de son fils. Les pulsions de mort au rythme du coeur de son enfant, les phrases s'enchaînent et le bad trip commence.
« Ton père et moi portons la même perte, et pourtant rien ne nous rassemble sur l’autel du deuil. Il se dit: Si j’avais su, je me dis: Je ne saurai jamais. Nous ne sommes plus capables de nous saisir. Nous restons là. Échoués. »
Imaginer le pire pour pouvoir exorciser ses blessures de guerre
« Je ne sais pas ce que tu deviens, où te chercher. Contrairement à la personne vieillissante qui se trouve à la porte de son tombeau, on dirait que l'enfant mort ne cesse jamais de mourir tout à fait. Il rejoue sa mort, figé dans la fin de ce qui commençait. »
On pourrait croire à une psychose chez la narratrice, mais il est évident que chaque scénario de mort a été vécu intérieurement et mentalement par l’auteure. On entre dans des canaux indicibles, des tabous qui hantent, impossible de lire plus d’une section du livre à la fois. Le choc de tels propos est indélébile.
Le bagage transgénérationnel est lourd.
L’auteure entre en transe dans les délires de la narratrice, on croit réellement que son enfant est mort, on croit à une vérité obscène et tout ce travail psychologique et littéraire est purge, lavement, flagellations nécessaires. Souffrir pour guérir. Faire face.
« Maintenant tout se passe après ta mort, de la même façon que tout se passait depuis ta naissance. »
La narratrice passe du je au elle comme si parfois elle avait besoin de s'observer de l'extérieur comme un mouvement naturel chez elle, celui de toujours observer. Car c’est ce qu'elle fait depuis son enfance; s’observer, observer les autres. Ne pas parler. Un jour, tout sera écrit. Qu’on la traite de folle, de sadique, peu importe, elle dira tout ce qui dort en elle.
« Je ne sais pas ce que tu deviens, où te chercher. Contrairement à la personne vieillissante qui se trouve à la porte de son tombeau, on dirait que l'enfant mort ne cesse jamais de mourir tout à fait. Il rejoue sa mort, figé dans la fin de ce qui commençait. »
La jeune auteure Virginie Chaloux-Gendron fait preuve d'une profonde maturité dans ses écrits. Elle est désarmante et son style ne se définit pas, il se vit par ses lettres. Elle est d’une beauté qui hypnotise et d’une laideur pleine de vie. Ne vous attendez pas à être attendris avec Fais de beaux rêves, mais désarmés. On ne se sort jamais indemne d’une guerre, mais la liberté à toujours eu un prix.
Nous vous recommandons d’écouter la playlist de Fais de beaux rêves sur youtube et de lire son blogue personnel.
Fais de beaux rêves
Virginie Chaloux-Gendron
Éditions Boréal