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Au Centre PHI du 1er août au 31 octobre, est présenté l’audacieuse et fascinante exposition multimédia Sexe, désirs et data. Explorant la sexualité d’aujourd’hui à travers le prisme technologique, cette co-production de PHI et de a_BAHN pousse ses visiteurs à se questionner autant qu’elle peut leur en apprendre sur les diverses facettes du mouvement sexpositif.
Non, le mouvement sexpositif (également appelé mouvement pro-sexe) ne veut pas que vous sautiez sur votre voisin! Issu des luttes féministes, il valorise l’accessibilité à l’éducation sexuelle quant à la protection, le consentement et le plaisir, mais aussi vise l’inclusion des personnes LGBTQ+ dans ces discours et lutte pour la protection et la déstigmatisation du travail du sexe.
Si l’idée que les innovations technologiques des trente dernières années ont modifié notre rapport au monde fait maintenant partie du savoir commun, le sujet encore tabou du sexe est souvent occulté de ces réflexions. Pourtant, ce qui se passe dans la chambre à coucher - ou dans le téléphone! - de tous et chacun peut en dire long sur notre conception commune des relations, de la sexualité et de leur médiatisation.
L’impact le plus évident de la technologie sur nos relations est l’apparition des applications de rencontre. Tinder revendique plus de soixante-quinze milliards de matchs et on évalue que les applications de ce genre on fait près de cinq milliards de dollars l’an dernier seulement. Basées sur des mécaniques intuitives et disons-le, addictives, elles sont le sujet de deux des septs oeuvres présentées par Sexe, désirs et data.
Dans Algo Match, un célibataire est en pleine séance de speed dating virtuel. Prenant la forme d’un récit interactif, les visiteurs doivent voter pour déterminer comment créer un profil et interagir avec de potentiels partenaires. Ce jeu expose les règles sociales du flirt virtuel, mais son ton humoristique et sa simplicité pourraient décevoir les habitués de ces dynamiques. Point positif toutefois: l’inclusion d’un personnage asexuel. N’ayant peu ou pas de désir sexuel, les personnes asexuelles s’affichant ouvertement sur les applications de rencontre se retrouvent à questionner malgré elles les motivations de leurs matchs sur leurs priorités en matière relationnelles. C’est la seule mention de l’asexualité que j’ai noté dans l’exposition, mais c'est assez compréhensible considérant le thème.
Plus troublant, HELLO de Ianna Book met en lumière le traitement des personnes trans sur ces applications. Le dévoilement de leur transidentité à une ou un potentiel partenaire vulnérabilise les personnes trans et les expose potentiellement à des réactions violemment transphobes ou fétichistes. Basée sur des interactions réelles, cette installation a de quoi ouvrir les yeux sur un aspect plutôt intime de leur réalité.
Dès le départ, le désir d’inclure et de banaliser la présence des personnes queer dans l’exposition est palpable. Invités à scanner un code QR avec leur cellulaire, les visiteurs franchissent la porte en faisant la rencontre de Max. Conçu spécialement pour le parcours et issu de l’intelligence artificielle (IA), Max est un chatbot plutôt entreprenant dont le pronom est iel. Objet de curiosité et accompagnateur.trice des visiteurs lors de l’exposition, le rôle exact de Max m’échappe encore, mais iel est très divertissant.e. Flirtant sans gêne avec les visiteurs, iel les interpelle également par leur pseudonyme au travers de l’exposition grâce au collier à puce qu’on leur donne à la porte. Max peut répondre à des questions sur les œuvres, mais préfère faire des compliments ou poser des questions indiscrètes. On est loin d’Alexa!
Dans QUEERING THE MAP, la communauté queer se réapproprie la cartographie mondiale par le biais de témoignages. L'œuvre interactive est adaptée de la plateforme queeringthemap.com de l’artiste montréalais.e Lucas LaRochelle. Parfois touchants, parfois désolants, les témoignages démontrent combien il est difficile encore aujourd’hui de faire son coming out et de vivre librement quand on est queer. Entre histoires d’amour et discrimination, il est marquant de souligner les similitudes entre des témoignages issus de pays supposément ouverts et de ceux où la loi ou les moeurs proscrivent l’existence des personnes queer. À voir absolument si vous questionnez encore l’importance des activités de valorisation et de solidarité des communautés queer.
Les fantasmes et le plaisir sont abordés sans tabous dans le CONFESSIONNAL de Club Sexu. Club Sexu est un OBNL à visée sexpositive produisant divers types de contenus médiatiques. Ayant recueilli des confessions variées, l’organisme présente une installation où les visiteurs peuvent se coller l’oreille pour entendre ces confessions interprétées par des comédiens. On y retrouve des confessions sur les fantasmes et les pratiques sexuelles taboues, mais aussi sur les insécurités et les secrets liés à la sexualité, aux rencontres et à la vie de couple. Les visiteurs sont également invités à partager une confession anonyme s’ils le désirent. Jouant sur le voyeurisme, mais aussi sur la possibilité d’être rassuré de se reconnaître parmi les témoignages, cette installation offre un plaisir coupable inévitable.
Dans VIBRATO, le plaisir sexuel est ramené à ce qu’il a de plus essentiel; le système nerveux. À l’intérieur et autour de cette sculpture dont l’apparence alien rappelle des organes génitaux, les visiteurs doivent tâter des protubérances et des orifices à la recherche d’une réaction de la sculpture. L’oeuvre inspire ainsi les visiteurs à adopter une attitude d’exploration et d’écoute lors des rapports sexuels.
L’apparition d’internet, des webcams et plus récemment la popularisation d’Only Fans ont façonné le contenu pornographique pour le rendre plus accessible que jamais. Le plus vieux métier du monde est lui aussi régi par des algorithmes, pour le meilleur et pour le pire.
Dans RESULTS de Sandra Rodriguez, les genres pornographiques populaires prennent des airs dystopiques en passant par le regard de l’intelligence artificielle. S’inspirant des innombrables images pornographiques si facilement accessibles sur le web, l’IA génère des images pornographiques inédites. Au départ floues, mais réalistes, l’IA se laisse inspirer et génère des images nouvelles. Entre les replis de peau, les muqueuses, les poils et autres textures, la vidéo est de plus en plus troublante et surréaliste. Dégoûtant et fascinant à la fois, il s’y reflète avec une clarté désarmante les normes ridicules qu’imposent les algorithmes sur les fantasmes de l’imaginaire collectif.
D’un autre côté, la possibilité de pratiquer le travail du sexe de chez soi grâce aux webcams et aux abonnements payants protège l’intégrité physique et offre une sécurité financière aux travailleurs et travailleuses du sexe. La déstigmatisation grandissante, mais encore restreinte du travail du sexe apporte une nouvelle visibilité à ces enjeux. Dans SHOW ME YOURS, la réalité du live sex cam est mise en lumière par Juliette Langevin et Sam Greffe par le biais d’extraits d’entrevues diffusés dans un décor de chambre-studio. Grimpant sur le lit, s’asseyant devant l’ordinateur ou se plaçant derrière la caméra, en somme se mettant à la place des travailleurs du sexe, on humanise ce quart de métier tabou.
J'ai adoré l'expérience et la conseille autant aux libertins qu'aux prudes tant l'inclusion y joue un rôle important. Je craignais d'être exposée à des images qui me mettrait mal à l'aise (je suis du genre à me plaindre qu'il y a trop de scènes explicites inutiles au cinéma), mais j'ai trouvé l'ambiance très saine et immensément respectueuse. Il faut évidemment garder l'esprit ouvert, mais ce devrait toujours être le cas en arts.
Présenté jusqu’au 31 octobre 2023, vous pouvez faire l’expérience de Sexe, désirs et data en réservant votre place au https://phi.ca/fr/evenements/sexe-desirs-data/ ou encore, visitez le https://sddexperience.com/ pour en savoir plus.