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Du 23 au 26 octobre, Tangente présente un programme double mettant en vedette les solos créés par les artistes Shion Skye Carter et Jean-François Boisvenue. Alors que la première aborde dans Residuals son identité métissée japonaise-canadienne à travers l’alliage de la calligraphie traditionnelle japonaise et la danse contemporaine, le deuxième aborde dans Nyctophobie l’angoisse et l’anxiété, grâce à performance alliant projection vidéo et danse contemporaine.
Shion Skye Carter - Residuals
Née au Japon et y ayant passé les six premières années de sa vie, Shion Skye Carter suit alors qu’elle est pré-adolescente des cours de calligraphie japonaise dans une école culturelle de Vancouver. Dix ans plus tard, l’artiste retrouve sa professeur de calligraphie maintenant octogénaire pour explorer le chevauchement des thématiques de l’héritage et de l’identité en incorporant cette technique ancestrale à sa pratique de la danse.
En retournant à la calligraphie, il devient évident pour Shion qu’une dimension chorégraphique existe déjà dans la pratique de la calligraphie, dans une aura méditative ritualisée.
On sort ses outils et on les dispose toujours de la même façon et on a une sorte d'ordre dans la façon de faire les choses. Ça m'a fait penser à la manière dont je m'échauffe avant un cours de danse.
Une partie de la chorégraphie est ainsi inspirée de la calligraphie, le corps de Shion jouant le rôle parfois de l’encre se répandant sur un sol papier, ou encore Shion se transformant en pinceau et traçant les caractères dans l’espace, ou encore en intériorisant les mots et les traçant à l’intérieur d’elle, au niveau du coeur.
Shion, les deux pieds au Canada, et le Japon en mémoire, s’intéresse alors à ce que son métissage culturel implique à un niveau personnel. Elle sent une distance, alors que sa maîtrise de l’anglais surpasse celle du japonais, qui est pourtant sa langue maternelle. Sans culpabiliser, elle embrasse l’unicité de sa langue semi japonaise, semi anglophone, reflet de son métissage personnel. Les allers-retours entre les deux langues sont représentés dans sa démarche non seulement par la mixité de la danse et de la calligraphie, mais par des extraits parlés dans cette novlangue métissée.
Puis viennent les souvenirs du Japon, particulièrement le souvenir des grands-parents japonais de Shion et de leur maison, souvenirs vivaces qui soulignent des aspects flagrants du choc culturel:
Mes grands-parents avaient une façon très spécifique de se déplacer dans leur maison et beaucoup de choses étaient basses. Dans les espaces domestiques japonais, surtout dans les vieilles maisons, beaucoup de choses sont au sol; on s'assoit par terre pour manger, beaucoup d'étagères et de rangements sont au niveau du sol.
Finalement, Shion explique que les feuilles de papier qui s’accumulent en pratiquant, sur lesquelles elle refait encore et encore le même caractère, en se débarrassant des feuilles qu’elle ne souhaite pas garder, reflètent son identité personnelle et ce qu’elle trie et choisit de garder ou de jeter.
Jean-François Boisvenue - Nyctophobie
Ce spectacle de Jean-François Boisvenue est en quelque sorte un défi que s’est lancé l’artiste, ayant vécu depuis de nombreuses années avec des troubles anxieux engendrant pour lui une angoisse à l’idée de se présenter sur scène. Il adapte dans Nyctophobie son court-métrage éponyme relatant différentes étapes de sa vie et des phases de sa santé mentale jusqu’à un processus de guérison.
Le film raconte mon histoire, il fait un rapide topo de mes problèmes liés à l’anxiété et la dépersonnalisation, peur du noir, qui est la nyctophobie justement. Tandis que dans le spectacle y’a pas d’histoire, c’est plus une mise en espace d’états intérieurs.
Jean-François, œuvrant surtout comme cinéaste et comédien, aborde son spectacle comme une performance multidisciplinaire. Différentes projections et effets d’éclairages sont intégrés à l'œuvre, et il s’agit pour lui de retourner à la scène. Ayant suivi une formation en jeu à l’UQAM et participé à des projets de danse contemporaine à cette même époque, il finit par développer une agoraphobie telle qu’il laisse tomber la scène pendant de nombreuses années.
J’arrivais plus à monter sur scène, j’avais l’impression que j’allais mourir, c’était la fin du monde. D’ailleurs ça arrive encore aujourd’hui, c’est juste que je le contrôle mieux. Les cinq premières minutes d’un spectacle j’ai toujours l’impression de mourir.
Il décide alors d’aller plutôt vers les études supérieures et de reléguer sa pratique artistique au passe-temps, jusqu’à ce qu’un ami le contacte pour l’impliquer dans la scénographie d’un de ses projets. Ce projet le poussant à réapprivoiser sa pratique, il se relance dans la création. C’est lorsqu’une amie souffrant des mêmes problèmes psychologiques que lui s’ôte la vie que le besoin d’en parler dans un film apparaît.
Pourtant, même si le film est un succès et fait le tour des festivals, Jean-François reste avec l’impression qu’il n’en a pas fini avec ce projet.
En finissant le film on se rendait compte qu’on aurait vraiment pu plus explorer, qu’on avait pas touché au mouvement, les images étaient assez fixes. On voulait aller plus loin. Pis tout le rapport à la scène: mes gros problèmes psychologiques sont devenus pires à cause de la scène, y’avait un lien à faire. Je me suis dit “Pour que la boucle soit bouclée, il faut que je retourne sur scène pour parler de ça”.
Jean-François souligne que si les témoignages de personnes souffrant de maladie mentale sont nombreux sur internet, ce sont les gens en crise qui dominent le discours, en répandant un pessimisme problématique qui l’a lui-même fait douter qu’il pourrait s’en sortir un jour. C’est pourquoi la représentation du 25 octobre, qui comprend un échange avec le public, est particulièrement importante pour lui.
Ce projet-là c’est une façon de dire “Hey regardez, on peut s’en sortir. C’est pas vrai qu’on va être pris là-dedans toute notre vie.” C’est ma façon de répondre aux forums qui m’ont tant fait tant de mal.
Le DSM-5, manuel des maladies et troubles mentaux adressé aux professionnels, est également selon lui un objet dangereux à mettre entre les mains d’un anxieux. L’artiste dénonce l’aspect déshumanisant du système de santé et de ses professionnels, qui abordent trop souvent la santé mentale comme une curiosité scientifique et pas assez avec empathie.
Jean-François avoue que plus la première approche, plus il sent que l’anxiété revient. Si le film était moins anxiogène par son rapport plus monté et moins direct, le spectacle, qui implique de se mettre en scène lui-même, le replonge dans des états qu’il a longtemps tenté d’éviter. Même si ça représente un défi, il lui semble absurde d’engager un comédien ou un danseur pour jouer son rôle. En quelque sorte, il s’agit d’une prise de risque justifiant toute la démarche.
Il reste encore des billets pour voir Shion Skye Carter et Jean-François Boisvenue performer chez Tangente entre le 23 et le 26 octobre, et une captation en directe sera présentée le 26 ocotbre, puis en rediffusion du 30 octobre au 8 novembre 2021. Pour réserver votre place, rendez-vous au tangentedanse.ca/evenement/boisvenue-skye-carter