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Le samedi 25 septembre, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, l’Opéra de Montréal a lancé sa saison 2021-2022 en présentant un « audacieux » diptyque opératique, ayant pour thème la mer et les malheurs qu’elle entraîne. Et il y a eu récidive en matinée du lendemain. La production sera éventuellement offerte en webdiffusion à un moment qui reste à déterminer. Ce coup d’envoi était une coproduction de l’Opéra de Montréal, du Ballet-Opéra-Pantomime (BOP), et de l’Orchestre de chambre I Musici de Montréal.
Inexplicablement, en conclusion du laïus – maintenant d’usage concernant les mesures sanitaires à respecter – diffusé immédiatement avant le début de la représentation – il a été jugé nécessaire, apparemment, de mentionner que l’événement se déroulait en « territoire non cédé » (Montréal) par les Mohawks. L’à-propos de ce commentaire discutable reste à être démontré.
Les œuvres au programme
Voici le synopsis de ce doublé, tel que décrit dans la publicité :
« Le premier segment, Riders to the Sea, de Vaughan Williams et Synge, raconte l’histoire de familles qui habitent en Irlande et des hommes qui gagnent leur vie à la pêche. On y raconte la vie d’une femme qui perd tous ses fils en mer. La création Le Flambeau de la nuit, de Hubert Tanguay-Labrosse, [...], avec la même distribution, aborde la migration sur la mer. »
Hubert Tanguay-Labrosse, compositeur du Flambeau de la nuit, son tout premier opéra, « fonde la compagnie BOP (en 2013), dont il assure la codirection artistique et la direction musicale. […] Pédagogue actif, il dirige chaque été le chœur du Camp musical Père Lindsay, et a dirigé pendant cinq ans les orchestres symphoniques de jeunes de Joliette et Sherbrooke. »
Olivier Kemeid, le librettiste, est « auteur de théâtre, metteur en scène, comédien, directeur artistique de la compagnie de théâtre Trois Tristes Tigres. Depuis juin 2016, […] codirecteur général et directeur artistique du Théâtre de Quat’Sous. »
Riders to the sea a été créé en 1937, tandis que Le Flambeau de la nuit est une nouvelle création présentée en première mondiale. Les deux œuvres sont d’une durée de quarante minutes chacune. La première est chantée en anglais, et la seconde en français, avec paroles anglaises et françaises projetées sur un écran situé au-dessus de la scène.
Sur scène la transition entre les deux opéras s’opère sans hiatus apparent, comme si Le Flambeau de la nuit était la continuation logique et naturelle de Riders to the sea.
La distribution
Font partie de la distribution : la contralto canadienne Allyson McHardy, la mezzo-soprano canado-américaine Sydney Frodsham, les sopranos canadiennes Andrea Núñez, Sarah Dufresne et Lucie St-Martin, le ténor canado-philippin Mishael Eusebio, la basse canadienne Matthew Li, le baryton canado-américain Geoffrey Schellenberg, le choeur du BOP « composé de 25 jeunes musiciennes âgées de 14 à 19 ans, toutes issues du programme Arts-études, musique classique, de l’école secondaire Joseph-François-Perrault, dans le quartier Saint-Michel à Montréal », ainsi que Diahounba Fofana, comédienne et élève de première secondaire à l’école Marguerite-De Lajemmerais.
Décors, costumes, éclairage, et mise en scène
Une plateforme surélevée, légèrement inclinée vers la salle, occupe le centre de la scène. Presque toute l’action de Riders to the sea s’y déroule, tandis que Le Flambeau de la nuit utilise tout l’espace scénique disponible. De part et d’autre de la plateforme, des structures noires irrégulières tiennent probablement lieu de rochers ou de récifs en bord de mer.
L’arrière-scène est occupée par un vaste écran blanc occasionnellement éclairé par le bas pour évoquer ce qui m’a semblé être l’aurore et le crépuscule, et même un incendie.
Les décors et accessoires se distinguent par leur austère minimalisme. Notable exception au grand dépouillement scénique, durant Le Flambeau de la nuit, « un gigantesque tressage à base de tissus recyclés » apparaît d’abord suspendu à l’arrière de la plateforme centrale avant d’y être déposé et déployé. Ce tressage est une réalisation de Styl'Afrique, « une coopérative regroupant des femmes provenant de divers horizons culturels, principalement issues de pays africains » et dont la mission « vise à mettre en commun les connaissances et les expériences de ses membres afin de promouvoir l'art africain par ses vêtements et objets d'art, dans une perspective d'intégration socio-économique de ses membres à la société d'accueil. »
Au chapitre des costumes c’est la couleur du deuil qui prévaut. En effet, ils sont tous très foncés, sinon carrément noirs, avec quelques rares touches de couleur.
La majorité du temps l’action se déroule dans une insistante pénombre, avec un éclairage se concentrant sur les visages des protagonistes, créant ainsi une atmosphère lourde et oppressante, de toute évidence intentionnelle, pour qu’elle siée bien aux sombres drames humains qui sont évoqués.
Quant à la mise en scène, elle m'est apparue axée sur la restriction des déplacements voire l'immobilisme. Encore là, c’est certainement voulu pour accentuer la gravité des événements racontés. Après tout, la mort, qui est la forme la plus extrême de l’immobilisme, de l’immuable, et de l’irrémédiable, est ici omniprésente.
Appréciation...qui n'engage que moi
Moi, pourtant indéfectible amateur d’opéra, qui trouve toujours que les représentations passent beaucoup trop rapidement, je me suis néanmoins surpris à consulter ma montre à quelques reprises, pour raison de désintérêt croissant. C’est qu’on est ici en présence de deux œuvres notoirement contemporaines, qui sont à des années lumières des immortels chefs-d’œuvre de Verdi, Puccini, Rossini et autres génies de même calibre. On est dans le modernisme qui se veut innovateur et en rupture avec la tradition. Le choc est violent...pour un amant de la tradition comme moi.
Si les grandes arias lyriques comme « Che gelida manina » (La Bohème de Puccini), « E lucevan le stelle » (Tosca de Puccini), le sextette de Lucia di Lammermoor (Donizetti), le quatuor finale de Faust (Gounod), ou encore l’enivrante musique de l’intermezzo de Cavalleria Rusticana (Mascagni), vous ennuient, ou vous laissent indifférents – tandis qu’elles font littéralement vibrer, s’envoler, planer, rêver les amateurs d’opéras classiques qui n’en ont jamais assez – alors vous serez comblés parce qu’on n’en retrouve aucune dans ce doublé moderne.
Si vous redoutez de vous retrouver avec des vers d’oreille induits par des arias ou musiques aussi incroyablement séduisantes, que racoleuses et que mémorables, qui tourneraient en boucle dans votre tête, et que vous vous surprendriez soudainement à chantonner ou à siffloter, rassurez-vous, ça ne risque pas de vous arriver ici. Mes oreilles ont perçu les deux œuvres au programme comme une longue enfilade de quasi récitatifs, hélas non ponctués de mélodies accrocheuses et enivrantes.
Malgré tout, je reconnais d’emblée l’énorme mérite des interprètes qui ont eu à apprendre, s'approprier, et chanter, des phrases musicales aussi sévères. Je leur lève mon chapeau.
Également, je salue bien bas la solide performance de l’orchestre I Musici, que j’admire depuis tant d’années. Et je reconnais volontiers qu’ici la musique habille parfaitement bien l’action, qu’elle est adéquatement évocatrice, descriptive, voire contextuellement « texturée » pour reprendre un qualificatif utilisé par le musicologue Pierre Vachon durant sa session pré-opéra.
Comme tous les goûts sont dans la nature, peut-être ressortiriez-vous conquis de l'expérience, si le franc modernisme, le patent minimalisme, et l’absence de mélodies mémorables ne sont pas de nature à atténuer votre plaisir. Vos goûts éclectiques embrassent autant le classicisme que le modernisme? Vous goûtez autant l’un que l’autre? Alors vous apprécieriez... probablement. Quant à moi, comme j’aime que la musique et le chant des opéras auxquels j’assiste m’ensorcellent et me hantent, je n’aurai donc pas besoin d’exorcisme en attendant le prochain opéra « classique » que nous offrira l’Opéra de Montréal.
Pour en apprendre davantage sur l’Opéra de Montréal, consulter le calendrier des futures productions de sa saison 2021-2022, et vous procurer des billets, vous êtes invités à fréquenter sa page Facebook et son site internet.