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Dans la série d'entrevues Questions réflexions, Charles Moquin rencontre des personnalités de la scène culturelle et les interroge sur leurs valeurs, leurs principes individuels ou sociaux, leur vision du monde, sur des questions de société ou des sujets philosophiques.
Patrick Lagacé est journaliste, chroniqueur à La Presse, et animateur de télévision. Il présente l’émission « Deuxième chance » à Ici Radio-Canada, avec Marina Orsini, et « Deux hommes en or » à Télé-Québec en compagnie de Pierre-Yves Lord. Il fait aussi de la radio.
- Est-ce que l’on doit être passionné pour bien performer? Un bon technicien non passionné peut-il y arriver aussi?
Je pense que cela se peut. Mais ça dépend du métier, j’imagine. Moi, j’ai le bonheur d’avoir trouvé un métier qui correspond à mes envies de curiosité, de justice, et ça demande une passion. Mais, il y a d’autres types de métiers où on n’a pas besoin de cette passion-là. Ils requièrent une compétence, une ponctualité et une rigueur. Et c’est très correct. Ce qui compte dans la vie, c’est d’arrimer nos envies avec nos métiers et de ne pas être aliéné. Car ça, c’est le drame.
- Que pensez-vous des gens qui jouent avec une oreillette, ou qui chantent en playback?
Si la magie opère, cela ne me dérange pas. Par contre, si cela paraît, c’est un manque de respect pour le public; et certains comédiens m’ont dit que même si on n’y voyait que du feu, ils considéraient que c’était un manque de respect pour leur partenaire de jeu. Pour ce qui est de la musique, c’est une autre sphère : si on va voir Madonna au Centre Bell, on sait pertinemment qu’il y aura un appui technologique. On ne va pas là pour la voix, on cherche plutôt un moment. Sinon, on écouterait l’album dans le confort de son foyer, dans un environnement plus acoustique.
- Recherchez-vous davantage la ressemblance ou la différence, dans vos relations personnelles et dans votre vie en général? Et votre quotidien, de quoi est-il fait?
La réponse la plus attrayante : c’est la différence. J’ai plein d’amis différents. Mais dans la réalité, avec mes amis les plus proches, on a un profil socio-économique éducatif qui se ressemble. On travaille souvent dans les médias, dans les communications au sens large. C’est là que sont mes amis. Dans mon cas, qui se ressemble s’assemble.
- Est-ce que l’habillement vous en dit long sur les gens?
Non. Je remarque assez peu la façon dont les gens s’habillent. Personnellement, j’y accorde peu d’importance. Quoique j’en admire l'audace.
- Êtes-vous plutôt dans l’acceptation ou la confrontation aux gens, au temps, aux insuccès?
La confrontation, c’est épuisant, donc il faut choisir ses batailles. À une époque, je voulais me battre avec tout le monde : opiner sur tout et sur n’importe quoi. Je ressens moins cela. Premièrement, parce que je vieillis probablement plus dans l’acceptation. Mais la confrontation, il ne faut jamais la noyer car c’est une façon de rester vivant et éveillé. Tout n’est pas toujours parfait, conforme, et dans ce métier-là parfois, il faut pousser des coups de gueule.
-Souffrez-vous de la rage au volant?
Généralement, non. Les seules fois où je me suis emporté, c’est lorsque je sentais que ma sécurité était en danger. L’idée de me battre pour une place de stationnement, je trouve cela absurde.
- Qu’est-ce qui prime pour vous au restaurant : la gentillesse du service, ou la qualité de la nourriture?
Ça dépend dans quel restaurant. Plus tu paies cher, plus tu veux les deux. Dans un café, j’y vais pour le service et l’ambiance.
- Êtes-vous davantage attiré par des gens pour qui la vie coule de source, ou par ceux qui sont davantage tourmentés ?
Généralement, par des gens pour qui ça coule de source. Le « drama », je n’ai pas tendance à me coller sur des gens comme ça.
- Jusqu’où la liberté d’expression peut-elle aller, selon vous?
Loin. Il y a plusieurs modèles : le plus permissif, en théorie, c’est aux États-Unis. En France, la liberté d’expression existe, mais elle est sanctionnée de toutes sortes de façons, dont les tribunaux. J’aime le modèle canadien. Tant que tu n’es pas dans l’appel à la haine, à la violence ou à l’incitation au meurtre, tout se dit ou presque. Je trouve que les tribunaux sont généralement assez sages dans leur façon d’interpréter ces lois-là. C’est un contexte qui me plaît ici; c’est un peu le meilleur des deux mondes.
- Votre but dans la vie est-il d’être heureux?
Oui. Oui. Mais est-ce que ça se peut? J’ai déjà lu quelque part qu’être heureux, ce n’est pas possible, on en n’a que le souvenir. Je te dirais, avoir le moins de tracas possible. Disons oui.
- Le dicton « Le malheur des uns fait le bonheur des autres », ou vice versa, s’applique-t-il à vous ?
Je ne me compare jamais. J’ai toujours vu mon travail comme un sport individuel. Je n’ai jamais compris l’envie, la jalousie dans ce métier-là. C’est un des rares métiers où il n’en tient qu’à nous. Oui, une journée donnée, le patron va refiler la bonne histoire à ton voisin de bureau. Mais le lendemain, tu n’as seulement qu’à en trouver une meilleure. Même dans ma vie personnelle, si une femme que je désirais préférait un autre homme, je pouvais être triste, mais pas jaloux. L’envie, la convoitise, je connais très peu ça. On parlait de bonheur plus tôt. Bien, la comparaison, c’est une excellente façon de « morpionner » son bonheur.
- Qu’est-ce que l’amour?
Permets-moi de te citer Gérald Godin : « L’amour est une présence constante dans l’esprit et le cœur. Mais une activité secondaire dans le temps, dans les 24 heures que nous vivons chaque jour. » C’était dans une lettre à Pauline Julien.
- L’être humain est-il foncièrement bon ou mauvais?
Bon, on nous montre beaucoup du mauvais. C’est dans la nature des médias de parler des avions qui tombent, au lieu des avions qui décollent. Dans un contexte normal, lorsqu’il n’y a pas de guerre ni de famine, je crois qu’on est foncièrement bon. Moi, j’ai une grande foi en l’être humain.
- Seriez-vous prêt à faire condamner un innocent pour sauver un ami coupable?
Non. Pas du tout.
- Est-ce que le suicide assisté devrait être accessible à qui en ressent le besoin, sans autre considération?
Pas sans aucune considération. En l’absence de maladie grave qui va nous faire mourir ou souffrir ou les deux, j’ai des réserves. Lever la main et dire : donnez-moi le poison, c’est autre chose. On peut essayer de faire changer d’idée, c’est souvent des cas de maladie mentale. Mais je pense que l’on va probablement en arriver là de toute façon; même pour les gens qui ont le mal de vivre.
- Croyez-vous que Bertrand Cantat doive continuer à s’exprimer artistiquement?
Il peut, mais ce n’est pas une simple affaire que d’aller applaudir quelqu’un qui a tué sa compagne. On fait des parallèles avec Louis-Ferdinand Céline; mais lorsqu’on lit un chef-d’œuvre comme Voyage au bout de la nuit, on ne se lève pas à la fin pour l'applaudir en sa présence. Pour moi, c’est vraiment du cas par cas.
- Un défaut, un vrai?
Je peux être soupe au lait.
- Que pensez-vous de la recherche sur les cellules souches?
Si le but, c’est d’améliorer la condition des êtres humains, je n’ai pas de problème avec ça. Après, on peut baliser; mais interdire comme l’administration Bush l’avait fait, je trouve que c’est de l’obscurantisme.
- Estimez-vous que l’homme doive continuer de protéger la biosphère, ou se modifier pour vivre dans un nouvel environnement (ex : par le transhumanisme)?
Le principe d’améliorer la condition de vie des humains est noble. On parle de hanches artificielles, de genoux en plastique : tant mieux si cela peut permettre à des millions de personnes d’avoir moins mal lorsqu’elles se déplacent. Est-ce que ces applications vont faire en sorte que l’on va remplacer les humains? Je ne le sais pas, j’ai de la misère à le croire. On analyse les choses avec les paramètres de son temps. Pour moi présentement, il y a une part de science-fiction dans l’idée que l’intelligence artificielle remplace les hommes, les femmes. Mais je ne veux pas m’opposer au progrès.
- Croyez-vous à une vie après la mort?
Non.
- Avez-vous peur de la mort?
J’ai peur d’une mort douloureuse. Pas de la mort comme telle.
- Est-ce qu’il y a un avenir pour le français au Québec?
Oui. On a la masse critique. Je ne partage pas les inquiétudes de plusieurs qui ont grandi à mon époque.
- Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Mon projet, c’est de ne pas tomber sous la vague de mon quotidien.