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Dans la série d'entrevues Questions réflexions, Charles Moquin rencontre des personnalités de la scène culturelle et les interroge sur leurs valeurs, leurs principes individuels ou sociaux, leur vision du monde, sur des questions de société ou des sujets philosophiques.
ENTRETIEN AVEC DANY BOUDREAULT
Dany Boudreault est acteur, dramaturge, metteur en scène et poète québécois
- Est-ce que l’on doit être passionné pour bien performer? Un bon technicien non passionné peut-il y arriver aussi?
C’est tellement un métier vaste, que j’ai de la difficulté à répondre à cela. Il y a le doublage qui exige une technique très solide. Au théâtre il faut avoir la passion, le feu, car physiquement c’est tellement exigeant. On doit répéter tellement d’heures. C’est un marathon. Et l’argent n'est pas toujours au rendez-vous. Mais ça prend les deux. Je ne crois pas que la technique soit détachée de l’affect.
- Que pensez-vous des gens qui jouent avec une oreillette?
Ça ne m’embête pas. La mémoire impressionne beaucoup les gens, mais c’est tellement la moindre des choses. Il y a des acteurs vieillissants et d’autres qui remplacent au pied levé. Mais si l’oreillette est utilisée par manque de générosité bien ça c’est dégueulasse.
-Recherchez-vous davantage la ressemblance, ou la différence, dans vos relations personnelles et dans votre vie en général?
Je suis très attiré par les gens qui sont différents de moi et qui me dérangent, car ça me stimule. J’aime débattre. Même lorsque je tombe en amour, je dis que cette personne me dérange. En plus dans mon métier il y a une circulation d’idées dans différents groupes d’âge.
- Est-ce que l’habillement vous en dit long sur les gens?
J’ai un grand appel pour les gens qui ont du goût, peu importe comment ils l’expriment. Je viens d’un milieu rural, ou l’habillement était très accessoire. J’ai développé un peu plus de raffinement par rapport à ça. Mais je n’arrête jamais mon opinion sur une personne à ses vêtements, jamais .
- Êtes-vous plutôt dans l’acceptation ou la confrontation, aux gens, au temps, aux insuccès?
Pour être vertueux je te dirais acceptation. Mais je suis un survivant. J’aime ça me battre. J’aime la lutte pour m’en sortir. Moi je suis un transfuge de classe. Je ne viens pas du tout de la classe à laquelle j'appartiens maintenant. Je viens d’un endroit où les gens étaient traînés en arrière d’un « pick-up » s’ils étaient différents. J’ai été dans l’adversité, la confrontation, et j’ai eu à me battre. Très vite je me suis dit que j’allais tuer les gens avec mes mots. Je vais en apprendre tellement et décâlisser du monde avec les mots. C’est de la survie.
-Souffrez-vous de la rage au volant?
Je suis très impatient, mais je ne souffre pas de la rage au volant. Je conduis de moins en moins et j’utilise « communauto » je n’ai pas de voiture. J’essaie de diminuer mon empreinte carbone, même si je prends l’avion.
-Au restaurant, si vous aviez un choix à faire entre la qualité de la nourriture et la gentillesse du service lequel feriez-vous?
J’ai vraiment une allergie au mauvais service à la clientèle, car j’en ai fait beaucoup.
Si quelqu’un me donne un service de marde, je vais quitter, peu importe la qualité de la nourriture.
- Êtes-vous davantage attiré par des gens pour qui la vie coule de source, ou par ceux qui sont davantage tourmentés ?
Je trouve qu’il y a plus de nuances dans le tourment. Une plus grande déclinaison de sentiments. La mélancolie et la nostalgie ce n’est pas tout à fait la même chose. Plus jeune j’étais et je recherchais un soleil noir. Une grande lumière, mais noire. Mais dans le moment, j’ai un très grand désir de légèreté. J’essaie d’être un peu plus bouddhiste.
- Jusqu’où la liberté d’expression, selon vous peut-elle aller?
Je me suis déjà opposé farouchement chez Chapters où je travaillais à mon arrivée à Montréal, à ce que l’on retire « mein kampf » des tablettes . Je considérais que c’était un document historique qui devait être lu et étudié, ne serait-ce que pour que les gens sachent démonter un argumentaire faible . Donc je suis vraiment pour la liberté d’expression.
En revanche à Toronto il y a une fille présentement qui fait un spectacle autochtone, qui a interdit à des critiques blancs d’écrire des papiers sur son spectacle. La seconde étape de l’appropriation culturelle. Pour moi ce n’est pas tant la liberté d’expression que l’exacerbation du droit individuel. Et c’est du néo-libéralisme. On est très loin de l’idée républicaine du vivre ensemble . Et cela m’inquiète. La collectivité n’a plus de sens à ce moment-là. Qu’est-ce que je partage avec les autres?
- Votre but dans la vie est-il d’être heureux (se)?
Bien sûr. Je ne sais pas comment ça s’articule. Une anthropologue disait que les gens croient que le but sur terre c’est d’être heureux, mais c’est plutôt de se reproduire. Je ne crois pas avoir d’enfants, mais il y a quand même en moi un désir de laisser une trace. Peut-être par le livre. En revanche le but ultime pour moi par-dessus tout c’est l’amour. C’est la chose qui compte.
-Le dicton ‘’le malheur des uns fait le bonheur des autres ou vice versa ’’s’applique-t-il à vous ?
Je fais la carrière que je désire. Je suis à l’endroit où je souhaitais être. C’est vrai que tout le monde veut gagner un « Goncourt ». Je suis stimulé par les autres, mais pas jaloux . Le talent est contextuel. Qu’est-ce qui s’écrit? Qu’est-ce qui est dans l’air du temps? Parfois, je ne me sens pas nécessairement à la mode par ma façon d’écrire. Les jeunes dramaturges écrivent dans un miroir du réel. Moi j’essaie d’inventer une langue. Je suis plus près de Ducharme, Gauvreau, Chaurette, Danis . Je me sens à part, suranné. Et cela me plait bien. J’ai joué en Europe, mais comme disait Guy Nadon : « le plaisir quand même d’être dans la salle de se lever, de marcher vers la scène de se tourner et d’être devant les nôtres ». Ce n’est pas pareil de jouer devant ceux qui t-on vu grandir.
- Qu’est-ce que l’amour?
Comme dirait Lacan: « l'amour, c’est donner ce que l’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas». C’est une force incommensurable. C’est ce qui nous fait désirer, avancer. C’est un réel don. Lorsque l’on rentre en contact, on crée du sens, on crée société. Moi je suis un grand amoureux.
- L’être humain est-il foncièrement bon ou mauvais?
C’est ce que j’enseigne à l’école nationale de théâtre. Vos personnages ne sont ni fondamentalement trou de cul ni vertueux. Mais parfois j’ai envie que Trump se fasse abattre .
- Seriez-vous prêt (e) à laisser condamner un innocent pour sauver un ami coupable?
Impossible notre amitié s’effriterait.
- Est-ce que le suicide assisté devrait être accessible à qui en ressent le besoin, sans autres considérations?
N’importe qui devrait être capable de disposer de sa vie ou de sa mort . Il devrait y avoir un protocole à suivre.
- Croyez-vous que Bertrand Cantat devrait pouvoir s’exprimer artistiquement?
Bien oui! Il a purgé sa peine. Mais il ne faut pas être obscène. Comme le spectacle sur les femmes au TNM. J’en avais davantage contre Wajdi ( Mouawad) que contre Bertrand Cantat. On ne fait pas semblant d’être surpris quand c’est un coup de marketing. Maintenant, l’empêcher de faire de la musique serait complètement idiot.
- Un défaut un vrai?
Parfois je peux être déloyal envers des amis. Je suis difficile à attraper et je m’en veux.
- Que pensez-vous de la recherche sur les cellules souches?
Comment ne pas être en faveur si l’on fabrique nos propres organes de rechanges
-Estimez-vous que l’humain doit continuer de protéger la biosphère ou se modifier pour vivre dans un nouvel environnement (ex. par le transhumanisme)?
Il y a eu la révolution industrielle par les machines. Je crois que la prochaine sera celle du corps. Par la chirurgie, la biologie, la neurologie, la micro chirurgie. Il y a une grande démonisation de la machine alors qu’elle fait déjà partie de nous. Je n’ai aucun scrupule par rapport à cela. C’est la démocratisation qui doit faire profiter au plus grand nombre qui m'inquiète.
- Croyez-vous à une vie après la mort?
Oui. On va nous mettre sur un disque dur. C’est dans le souvenir des autres que l'on va vivre après notre mort. Comment les gens vont nous raconter.
- Avez-vous peur de la mort?
J’ai peur de disparaître, de quitter les gens que j’aime.
- Est-ce qu’il y a un avenir pour le français au Québec?
J’espère. J’essaie de me battre très fort pour cela. Je parle quatre langues, mais c’est par le français que la connexion est directe. J’ai une grande inquiétude. Même si j’ai beaucoup de rigueur, je serais pour une forme d’assouplissement. D’en faire une langue un peu plus vivante. Je suis pour une revalorisation du français. En faire une langue sexy qui a de la chair, qui a du sexe.
- Sur quoi travaillez-vous ou avez-vous travaillé récemment ?
La pièce n’est plus à l’affiche, mais le livre est en vente partout le « corps célestes » chez quartanier.
Je suis à l’écriture d’un roman.
Un film de Luc Picard dans lequel je joue qui va sortir l’an prochain: « Gallant: confession d’un tueur à gages. »
« Dis merci » un spectacle qui tourne dans les maisons de la culture
« Petite sorcière « un spectacle pour enfant au Les gros becs à Québec
« Néon Boréal » Au périscope à Québec