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Dans la série d'entrevues Questions réflexions, Charles Moquin rencontre des personnalités de la scène culturelle et les interroge sur leurs valeurs, leurs principes individuels ou sociaux, leur vision du monde, sur des questions de société ou des sujets philosophiques.
Entretien avec Charlotte Aubin
comédienne québécoise
Est-ce qu’il faut être passionné pour bien performer? Un bon technicien non passionné peut-il y arriver aussi?
Pour bien performer selon les normes un technicien peut y arriver. Mais pour créer de l’art, et donner la soif de se perfectionner, ça prend nécessairement de la passion. De toute façon, une vie sans passion qui me «drive», je ne peux pas imaginer cela.
Que pensez-vous des gens qui jouent avec une oreillette ou qui chantent en
playback?
Je ne crois pas que cela se fasse au Québec. Peut-être lorsqu’un comédien reprend un rôle au pied levé. Lorsque je vais voir un show, j’essaie d’épouser la proposition dans sa totalité. Et l’oreillette , comme une maladresse, en fait partie. J’observe l’effet que cela produit sur moi. Est-ce que je considérerais cela comme de la paresse , un jeu de mise en scène ou autre? Je ne sais pas. Cela ne m’est jamais arrivé.
Recherchez-vous davantage la ressemble ou la différence dans vos relations personnelles et dans votre vie en général? Et votre quotidien de quoi est-il fait? Le monde vers quoi devrait-il tendre?
Je pense, que je ne catégorise pas comme cela . Ce n’est pas du plus ou du moins. L’être humain, est beaucoup plus complexe. J’aurais de la difficulté à te dire si je ressemble ou suis différente des autres. C’est vrai que les gens qui ont les mêmes codes, les mêmes valeurs, ont tendance à se fréquenter. Mais je peux passer un bon moment au resto, avec mon frère, qui est végétarien et moi qui ne le suis pas.
Est-ce que l’habillement en dit long sur les gens?
Oui. Ça en dit beaucoup. Mais je ne vais pas juger de la façon dont ils sont habillés. Lorsque l’on s’habille, on est très conscient de l’impression que l’on veut laisser aux gens. Je crois beaucoup à l’effet du costume . Mais lors d'une soirée , je vais voir tout le monde, peu importe le costume. Je suis comme un labrador.
Êtes-vous plutôt dans l’acceptation ou la confrontation aux gens, au temps, aux insuccès?
Je suis plutôt dans la confrontation. Pas dans la colère. Pour aller au fond des choses, ça demande un minimum de confrontation. Notre esprit, peut-être amené, à dépasser la conception que l'on avait de prime abord .
Souffrez-vous de la rage au volant?
Moi je n’ai pas de char. Je fais du bicycle . J'ai un petit peu la rage quand même ( rire). En fait, à vélo je gueule contre les autos . À pieds contre les vélos . Et en char contre les deux autres. C’est toujours la faute des autres.
Qu’est-ce qui prime pour vous au restaurant, la gentillesse du service ou qualité de la nourriture?
Pour moi, c’est l’ambiance. J'aime ça, que la musique soit bonne, que l’éclairage soit tamisé; que la fille derrière le bar, me parle comme si j'étais son amie . Lorsque l'on est deux je m'assois toujours au comptoir. J’aime la proximité et les soirées informelles.
Êtes-vous davantage attiré par des gens pour qui la vie coule de source ou par ceux qui sont davantage tourmentés ?
C'est un mélange des deux. Cela dépend des phases de ma vie aussi. Je me suis beaucoup entouré de gens qui font de l’art et qui se battent. Des artistes visuels fabuleux. Ce n'est pas facile. C’est très solitaire. Ça apporte son lot de tourments . Ce sont des gens très lumineux . La tourmente devient un moteur. Et je trouve cela très beau. Il faut accepter sa souffrance et essayer de trouver la lumière là-dedans.
Jusqu’où la liberté d’expression selon vous peut-elle aller?
Je suis une adepte du respect. Tout peut se dire lorsqu'il y a un dialogue avec l’autre. Cela fait paradoxal, mais dans la liberté d’expression, on a besoin de beaucoup d'écoute, surtout dans l’ignorance.
Votre but dans la vie est-il d’être heureuse?
Dans le meilleur des mondes oui. Mais je trouve, que l'on ne célèbre pas suffisamment le malheur et l’échec, au même titre que les bonheurs.
Le dicton «Le malheur des uns fait le bonheur des autres ou vice versa» s’applique-t-il à vous ?
C'est très difficile de ne pas se comparer dans ce métier-là. Il faut tenter d'éviter cela. Mais lorsque je vais à une audition et que je n'ai pas le rôle, il y a quand même quelqu'un d'autre qui l’a eu ce rôle là. Une personne qui va me dire qu'elle ne se compare jamais, je ne la croirai tout simplement pas . Et avec les réseaux sociaux, c'est la mise en scène de son succès et de son bonheur . Si tu es moins bon pour faire ta mise en scène, as-tu moins de succès, ou est-il seulement moins apparent ?
Qu’est-ce que l’amour?
Difficile à exprimer. Je ne sais pas s'il y a des mots assez fort dans la langue française pour parler de cela. C’est tellement sensoriel, que c'est difficile à intellectualiser et à décrire . C'est comme un canal en dedans de soi. Avec un métier , un ami , un amant, tu le sais que tu es à la bonne place .
L’être humain est-il foncièrement bon ou mauvais?
Il ne s’aide pas beaucoup l’être humain. S’il a un bon fond, il a été perverti. Ce n’est ni bon ni mauvais . Lorsque l’état de survie ou l’état de gain apparaît, cela transforme l’être humain à un tellement haut niveau. Tu sais on est seulement des parasites.
Seriez-vous prêt à faire condamner un innocent pour sauver un ami?
Je pense que je me tuerais . Je ne pourrais pas vivre avec cela de part et d’autre . Je crois que je me sacrifierais . Ce serait impossible de vivre une vie équilibrée. Je virerais folle. (Rire) et (re rire)
Est-ce que le suicide assisté devrait être accessible à qui en ressent le besoin sans autres considérations?
Je suis tout à fait d'accord avec le suicide assisté. Je pense parfois qu'il faudrait établir des paramètres qui protégeraient le mourant, et «l'aidant à mourir». Il faut essayer d'éliminer les zones grises le plus possible. C'est une grande responsabilité de part et d'autre. Mais pour moi, je crois que le droit à mourir est un droit fondamental!
Croyez-vous que Bertrand Cantat peut continuer à s’exprimer artistiquement?
Peu importe ce qu'un être humain fait, ça ne vient pas discréditer son art, même s'il a tué. Il a purgé sa peine. Après, il y a la notion de pardon de chacun. Tu mentionnes Claude Jutra. Je crois que l’on a manqué de respect pour le monde et Jutra lui-même, en réglant tout cela en 45 minutes sur Twitter. On parle d’un monument du cinéma québécois et de gens qui auraient été abusés sexuellement. Et on règle cela sur Twitter. C’est complètement absurde. On ne peut pas «scrapper» une œuvre comme la sienne. Toutes sortes de personnes se sont confiées. De grandes tirades d’émotions sans recul. J’ai trouvé que c’était parti en couille; terrible et pour tout le monde.
Un défaut un vrai?
L'orgueil. Et vu que je suis sensible, ce n'est vraiment pas un bon mélange.
Que pensez-vous de la recherche sur les cellules souches?
Si cela sauve des vies en recréant ses propres organes tant mieux. Moi, je ne ferais pas cela, car je dois me garder en état d’urgence pour être en santé. Si j’ai des «backup», je vais fumer «full» de cigarettes en sachant que j’ai un paquet de poumons qui m’attend. En ayant seulement un corps, cela me donne une rigueur.
Estimez-vous que l’homme doive continuer de protéger la biosphère ou se modifier pour vivre dans un nouvel environnement ?
J'ai lu récemment La possibilité d'une île de Michel Houellbecq. C'est un peu dans cette veine-là. Pour moi, c'est encore de la science-fiction. Si on parle de quelque chose de concret, je trouve vraiment aberrant, d’entendre de grandes campagnes publicitaires du gouvernement «sauvons l’environnement» alors qu’il y a encore des projets de pipelines et d’extractions de pétrole. La voiture électrique est prête depuis les années 90 . C'est le lobbying qui bloque tout. C'est l'argent, c'est le capitalisme, que l'on a créé. Oui, je le fais mon compostage. Oui, je le fais mon recyclage. Mais je les trouve hypocrites, de nous faire cette grande morale-là. «Pensez à vos enfants dans cinquante ans » . Pendant ce temps- là, ils sont en train de tout pourrir, malgré que l'on a fait la preuve que les énergies renouvelables sont rentables. Et au Québec, on a tout.
Croyez-vous à une vie après la mort?
Non, mais j’aimerais cela . Après la mort, c'est le souvenir que l'on laisse au gens. Ce que l'on a dit. Ce que l'on a écrit.
Avez-vous peur de la mort?
Je n'y pense pas souvent. Si j’y pense trop, je vais tomber dans des considérations, contre lesquelles, je ne peux rien faire. Il y a tellement d'autres choses contre lesquelles je peux me battre.
Est-ce qu’il y a un avenir pour le français au Québec?
Oui. Je le souhaite. Je l'aime. C'est vraiment une langue que j'adore. Il ne faut pas être en colère contre les gens qui parlent d'autres langues. Je crois que l'on peut faire un Québec uni, avec comme langue principale le français. On a tellement peur de la perdre cette langue, que cela nous rend agressif . Par moment cela me fait peur . Il faut plutôt amener l'autre à l'aimer. Il faut la rendre sexy. On doit se battre, mais il y a une façon de le faire. Et j'aimerais aussi que cela se fasse entre nous. Cela serait plus facile si le Québec était un pays .
Sur quoi travaillez-vous actuellement?
Il y a une série qui s'appelle Blue moon qui recommence. D’ailleurs, je m'entraîne beaucoup pour faire mes propres cascades. Il y a une autre série qui s'appelle L’échappée qui recommence . J'ai aussi des projets de théâtre. Je travaille de mon côté à l'écriture d'un recueil de poésie. Je vais le soumettre aux éditeurs à la fin printemps.