Dans la série d'entrevues Questions réflexions, Charles Moquin rencontre des personnalités de la scène culturelle et les interroge sur leurs valeurs, leurs principes individuels ou sociaux, leur vision du monde, sur des questions de société ou des sujets philosophiques.

ENTRETIEN AVEC SÉBASTIEN RICARD
(Aussi connu sous le pseudonyme de Batlam), comédien, musicien et militant souverainiste québécois.

(Des problèmes techniques nous ont obligés à résumer cette rencontre de mémoire.)

Est-ce qu'il faut être passionné pour bien performer? Un bon technicien non passionné peut-il y arriver aussi?

Je crois qu’il faille être passionné dans mon métier.

Que pensez-vous des gens qui jouent avec une oreillette ou qui chantent en playback?

Je ne crois pas qu’en tant que spectateur cela me gênerait. Avec un partenaire de jeu peut-être, je ne sais pas. Cela ne m’est jamais arrivé de vivre une telle situation.

Recherchez-vous davantage la ressemblance ou la différence dans vos relations personnelles et dans votre vie en général? Et le monde vers quoi devrait-il tendre selon vous?

Il y a certainement une pensée et des valeurs communes qui se retrouvent dans mes fréquentations et qui nous relient. Mais elles peuvent être de différentes origines.

Est-ce que l'habillement en dit long sur les gens?

J’aime les vêtements; particulièrement chez les femmes. Finalement chez les hommes aussi. Mais je ne vais pas me rabattre sur cela pour évaluer les personnalités.

Êtes-vous plutôt dans l'acceptation ou la confrontation aux gens, au temps, aux insuccès?

J’ai une tendance à confronter. Je ne vais pas toujours me faire l’avocat du diable, mais j’aime défendre mes idées.

Souffrez-vous de la rage au volant?

Je peux rouspéter, sans plus.

Qu’est-ce qui prime pour vous au restaurant, la gentillesse du service où qualité de la nourriture?

La qualité de la nourriture. C’est superflus de dire que l’idéal c’est les deux.

Êtes-vous davantage attiré par des gens pour qui la vie coule de source ou par ceux qui sont davantage tourmentés ?

Professionnellement, et au niveau des arts en général, je suis attiré par des thèmes souvent sombres. Dans ma vie personnelle j’ai un entourage plutôt joyeux.

Jusqu'où la liberté d'expression selon vous peut- elle aller?

Jusqu’à la vulgarité. Et la vulgarité n’est pas toujours là où on pense. On n’utilise pas toujours la liberté d’expression à bon escient. On fait souvent de l’évitement.

Votre but dans la vie est-il d'être heureux?

Oui.

Est-ce que votre bonheur est relié à la comparaison aux autres?

Je crois qu’il faille être conscient du potentiel qui nous est donné de s’accomplir. Mais le malheur des autres ne me rend pas particulièrement heureux.

Qu'est-ce que l'amour?

L’amour, c’est de rencontrer, écouter, partager.

L'être humain est-il foncièrement bon ou mauvais?

Les deux. J'aime croire qu’il est meilleur que moins bon.

Seriez-vous prêt à faire condamner un innocent pour sauver un ami?

Non. Non. Je ne crois pas. Et je ne suis pas confronté à cela...

Est-ce que le suicide assisté devrait être accessible à qui en ressent le besoin sans autres considérations?

Je crois que la société devrait faire des efforts pour soigner les gens au lieu de les aider à mourir.

Croyez-vous que Bertrand Cantat peut continuer à s'exprimer artistiquement? Iriez-vous le voir si son art vous intéressait?

Oui. Il a payé sa dette.

Un défaut un vrai?

Narcissique.

Que pensez-vous de la recherche sur les cellules souches?

Je ne suis pas contre, mais il faut être prudent dans le but d’éviter les dérapages.

Croyez-vous que l'homme doit continuer de protéger la biosphère ou se modifier pour vivre dans un nouvel environnement?

On devrait protéger l’environnement. Je suis un humaniste. Je dois d’ailleurs quitter bientôt pour aller chercher ma fille à l’école.

Croyez-vous à une vie après la mort?

Non.

Avez-vous peur de la mort?

Pas encore.

Est-ce qu'il y a un avenir pour le français au Québec?

Il y a un avenir pour le français au Québec et dans le monde. La francophonie prend du galon, avec la présence de plus en plus marquée des pays africains. On a toujours eu à cœur la qualité du français chez mon groupe Loco locass . Et au Québec, on parle un français qui reflète notre histoire singulière de nord-américain. Mais on ne devrait pas que parler de la langue, aussi de projets de société. Comme il est bien de connaître notre histoire, il faut également aller de l’avant. On ne doit pas s’arrêter à mi-chemin et s'embourgeoiser en donnant l’impression d’être parvenu et n’avoir à cœur que la qualité de la langue.

Sur quoi travaillez-vous présentement?

Mon père André Ricard est dramaturge et a travaillé vingt ans sur une trilogie et je veux la monter.

Conclusion :

Sébastien Ricard, souvent avec sa complice metteuse en scène Brigitte Haentjens, m’a fait vivre entre autres, de grands moments de théâtre. Il m’a bien fait détester son personnage dans la série télé En thérapie. J’ai été scié par sa performance dans le film Dédé à travers les brumes. Il m’a fait admirer Richard lll et pleuré avec La nuit avant la forêt.