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Dans la série d'entrevues Questions réflexions, Charles Moquin rencontre des personnalités de la scène culturelle et les interroge sur leurs valeurs, leurs principes individuels ou sociaux, leur vision du monde, sur des questions de société ou des sujets philosophiques.
Normand Baillargeon est philosophe, professeur en sciences de l'éducation à l'Université du Québec à Montréal, essayiste, militant anarcho-syndicaliste, chroniqueur et collaborateur de différentes revues alternatives.
Est-ce qu'il faut être passionné pour bien performer? Un bon technicien non passionné peut-il y arriver aussi?
Un n’exclut pas l’autre. Cela peut-être un faux dilemme. Mais je pense que le plus indispensable c’est vraiment la passion. Elle est nécessaire pour accomplir de grandes choses. Et c’est un art aussi, d’entretenir cette passion. Je suis un fou de John Coltrane, qui est un gigantesque technicien. S’il ne transcendait pas cette technique, il ne nous emporterait pas, moi et plusieurs autres dans un flot de passions et d’émotions à en donner la chair de poule.
Que pensez-vous des gens qui jouent avec une oreillette ou qui chantent en playback?
Je pense qu’il y en a qui sont capable de produire l’émotion, même dans des conditions comme celle-là. A la fin de sa vie, Claude Jutra, le grand cinéaste atteint de l’alzheimer, lisait ses textes sur des cartons. Et son jeu était rempli d’une grande émotion.
Recherchez-vous davantage la ressemble ou la différence dans vos relations personnelles et dans votre vie en générale? Et le monde vers quoi devrait-il tendre selon vous?
C’est un peu le jeu des deux. Surtout au niveau personnel, j’ai besoin parfois du renforcement, que la ressemblance donne. Au niveau politique, moi j’ai des idées plutôt de gauche; anarcho-syndicaliste. Et j’écoute, ou je lis des gens qui ont une pensée diamétralement opposée à la mienne. Cela est riche, car ça m’oblige à me renforcé dans mes positions.
Est-ce que l'habillement en dit long sur les gens?
Je ne suis absolument pas sensible à l’habillement. J’aurais plutôt tendance à avoir une certaine sympathie pour les gens qui méprisent la mode et s’en foutent un peu. Entre celui qui porte veston et cravate et le bum, j’irais vers le bum. D’ailleurs je ne sais pas faire un noeud de cravate.
Êtes-vous plutôt dans l'acceptation ou la confrontation aux gens, au temps, aux insuccès?
Ça aussi c’est circonstanciel. Il y a des combats qui valent la peine, et d’autres qui ne méritent pas d’être menés, car on dépense plus que ce que l’on peu en retirer. C’est comme combattre contre un troll sur internet. Moi je suis libertaire anarcho-syndicaliste. J’étais un adolescent très posé. Très peu de révolte autour de moi. Je savais déjà que le combat n’était pas là. Les vrais combats sont contre les institutions économiques, dans lesquelles ont vit. Contre certains acteurs sociaux qui influencent nos opinions. Dans ces causes là, je vais mettre du temps. En ce qui a trait au temps qui passe, je n’y pense pas trop. Il y a tellement de choses plus importantes. La planète, le réchauffement climatique, les injustices, les inégalités.
Souffrez-vous de la rage au volant?
Je conduis très peu et très mal. C’est toujours ma blonde qui est au volant. Et puis je n’aime pas conduire.
Qu'est-ce qui prime pour vous au restaurant, la gentillesse du service ou la nourriture?
La gentillesse du service. Car il y a la rencontre des gens qui est importante. Je n’aimerais quand même pas, que l’on me serve une nourriture exécrable.
Croyez-vous que les gens sont plus intéressants dans un bar fumeur et alcool que dans un bar non-fumeur sans alcool?
Je sais une chose, c’est que J’irais dans un bar non-fumeur sans alcool. J’ai fumé beaucoup beaucoup et passionnément. Cesser de fumer a été une des choses les plus difficile à faire dans ma vie. Je vais te faire un aveu. J’ai mâché de la Nicorette pendant 5 ans. Si j’en fumais une, je recommencerais. Pour répondre à ta question, les gens qui fréquentent les boites à chanson et les cafés littéraires m’attireraient.
Jusqu'où la liberté d'expression selon vous peut- elle aller?
Tu me nommes la loi Gayssot. Je crois que la France fait fausse route avec la loi Gayssot. Elle empire les choses. J’ai lu un livre récemment <<La république des censeurs>> de Jean Bricmont qui démontre cela d’une façon indubitable. Cette loi a des applications diverses. Et on va dire, pourquoi on a attaqué cette personne et non pas telle autre, qui a commis aussi grave ou pire. Cela encourage ce que la loi voulait diminuer. La loi Gayssot a des effets pervers. C’est une grave erreur d’avoir fait cela. L’état qui contrôle le discours accentue l’antisémitisme. Moi je suis un partisan de la liberté d’expression, qui doit être à peu de choses près, absolue. Là-dessus je suis très Américain. On doit être aussi pour la liberté d’expression des idées que l’on détestes. Il y a déjà des lois très riches au Québec et au Canada qui encadrent la liberté d’expression; anti libelle, mensonges dans les publicités et ainsi de suite.
Votre but dans la vie est-il d'être heureux?
Moi je suis philosophe. Et le penseur pour qui j’ai le plus de respect c’est Aristote. Pour lui c’est eudaimonia que l’on a traduit par bonheur. ‘’Accomplissement le plus grand possible d’une vie humaine’’. Pour moi eudaimonia c’est le désire de connaître, l’amitié, d’être politique, citoyen. C’est un objectif dans la vie. Cela définit le bonheur. Non pas le bonheur a connotation un peu gnan gnan dont Renaud souligne la superficialité dans une de ses chansons : ‘’ c’est tout ce qui m’importe. Bien plus que le bonheur. Qui est affaire de médiocre. Et qui use les coeurs.’’
Est-ce que le bonheur est relié au malheur des autres?
J’espère que c’est faux. Même si en vivant dans une société individualiste, on peut être porté à se comparer. Moi j’aime à penser que ce n’est pas cela les êtres humains. Que ce sont les institutions qui nous amènent à cela. Un, doit polluer pour demeurer compétitif même si ses arrières petits-enfants ne connaîtront peut-être pas une vie descente sur la terre. Moi je crois que plus la liberté des autres augmente plus la mienne augmente. Prétendre que Darwin nous a montré qu’il y a une compétition dans la nature, et que ce sont les plus forts qui réussissent à survivre et les plus faibles sont éliminés est une interprétation erronée de sa pensée. Donc on s’est dit qu’il fallait construire une société où les plus fort dominent les plus faibles sont éliminés. A la même époque, le géographe Pierre Kropotkine dans le livre L’entraide, va montrer qu’il y a une logique puissante d’entraide qui oeuvre entre les espèces. La biologie découvrira que c’est l’altruisme biologique. Des membres d’une espèce vont se porter à la défense parfois même en sacrifiant leur vie pour sauver quelqu’un d’autre, parce que cet autre là, porte une partie de leurs gènes et que ça contribue à leur propre survie de se sacrifier. C’est pour cette raison que l’on va se lancer à l’eau pour son enfant. Mais cela ne veut pas dire que l’on ne vit pas dans une société où les institutions politiques, économiques ,sociales viennent presque éliminer cet altruisme.
Qu'est-ce que l'amour?
Le mythe d’Aristophane raconte que nous étions tous liés dos à dos; 2 corps, quatre bras, deux têtes, quatre jambes. Cela nous rendait fort et vigoureux. Un jour on s’est révolté et on a voulu s’attaquer aux Dieux. Les Dieux aimant être adorés n’ont pas voulu nous éliminer. Il nous ont plutôt scinder en deux. Et depuis est né l’amour qui est la recherche de son complément. Et moi personnellement je le vis comme cela. Lorsque la personne que j’aime s’éloigne je me sens amputé.
L'être humain est-il foncièrement bon ou mauvais?
Comme je le mentionnais, l’altruisme existe en nous et peut être encouragé, où étouffé selon les institutions dans lesquelles ont vit. On peut mettre l’emphase sur la compétition, ou la coopération.
Croyez-vous que vous seriez prêt à faire condamner un innocent pour sauver un ami?
C’est une question dure et abstraite, mais j’espère que non
Est-ce que le suicide assisté devrait être accessible à qui en ressent le besoin sans autres considérations?
Sans autres considérations, c’est beaucoup. Cela s’est déjà fait dans la Rome antique et le Japon impérial. Le week-end dans une auberge avec une pilule dans le mimosa au brunch du dimanche au lieu du pont Jacques-Cartier comme tu le suggères au nom de la liberté ultime. Mais moi je passe mon tour pour celle-là.
Croyez-vous que Bertrand Cantat peut continuer à s'exprimer artistiquement? Iriez-vous le voir si son art vous intéressait?
Oui il peut continuer à s’exprimer artistiquement. Les gens ne sont pas obligés d’aller l’écouter
Un défaut un vrai?
J’ai bien peur d’être rancunier : je n’oublie pas facilement … Je travaille là-dessus.
Que pensez-vous de la recherche sur les cellules souches?
Essentiellement c’est une erreur d’interdire cela. Il y a probablement des motivations religieuses au sens large derrière. Moi je suis en faveur de toutes recherches qui puissent possiblement aider les être humains. Déjà les cellules souches, c’est un peu de l’histoire ancienne. Les scientifiques viennent de découvrir une technique de génie génétique (CRISPR-Cas9) qui permet de découper et coller dans l’ ADN. Cela va ouvrir des portes énormes et en plus, à court terme.
Croyez-vous que l'homme doit continuer de protéger la biosphère ou se modifier pour vivre dans un nouvel environnement ?
Les transhumaniste veulent s’approprier cette nouvelle enzyme. Le réchauffement climatique ne nous laisse guère de choix ni de temps.
Croyez-vous à une vie après la mort?
Non. Il y a quelque chose d’encourageant là-dedans. Une certaine beauté. Cela permet de davantage de profiter, de transmettre un héritage.
Avez-vous peur de la mort?
«La vie c’est un peu le contraire de la mort. Plus tu la remplis moins tu as peur de la perdre.» - philosophe Alain
Est-ce qu'il y a un avenir pour le français au Québec?
Oui. Je suis assez optimiste. Un de grands hommes que l’on a eu au Québec, c’est René Lévesque. La loi 101 a été un élément crucial dans l’histoire du Québec moderne. Il sera toujours menacé.
Sur quoi travaillez-vous présentement?
Moi je suis un vulgarisateur de philosophie. Je me considère comme un pédagogue. J’essaie de faire de mon mieux pour transmettre des idées, les faire connaître. Contribuer aux échanges et aux débats. J’ai été privilégié, très très privilégié comme tant d’autres dans mon métier. Je suis un intellectuel. Un universitaire. J’ai étudié toute ma vie. J’ai écris des livres. J’.ai enseigné. J’ai été bien payé pour faire ce que j’aimais. J’ai un bon fond de pension. Et Platon je l’aurais lu de toute façon. Donc j’ai le devoir de rendre à la société. D’aller éclairé le débat public: de faire de mon mieux, pour apporter ce que je peux à la conversation démocratique.