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Dans la série d'entrevues Questions réflexions, Charles Moquin rencontre des personnalités de la scène culturelle et les interroge sur leurs valeurs, leurs principes individuels ou sociaux, leur vision du monde, sur des questions de société ou des sujets philosophiques.
ENTRETIEN AVEC LOUIS BÉLANGER
Réalisateur, scénariste et acteur québécois.
Est-ce qu'il faut être passionné pour bien performer? Un bon technicien non passionné peut-il y arriver aussi?
Performer, on ne sait jamais ce que cela veut dire. Disons bien faire les choses. Pour moi, faire les choses sans passion c’est une vision triste de la vie. C’est le goulag; s’appuyer sur le mur et attendre que le temps passe. Je me sens choyé d’être passionné. Je vis pour faire du cinéma.
Que pensez-vous des gens qui jouent avec une oreillette ou qui chantent en playback?
Il y a des gens qui sont obligés de jouer avec des oreillettes, car la mémoire est un muscle qui faiblit. Par contre chanter en playback, ça je n’aime pas. Si les nouvelles technologies servent à bien faire le travail, et bien utilisons-les, mais sans fausser le talent.
Recherchez-vous davantage la ressemblance ou la différence dans vos relations personnelles et dans votre vie en générale? Et le monde vers quoi devrait-il tendre selon vous?
La différence et l’inconnu m’intriguent et me stimulent plus qu’être en terrain connu. Remarcher dans les mêmes pas, en général, ça déçoit. C’est comme retourner en vacances dans un endroit que l’on a beaucoup aimé. Je peux aussi être heurté par des valeurs qui sont trop différentes des miennes. Il faut écouter. Tu vois, la France est en train de se péter la gueule parce qu’elle n’écoute pas assez. Elle veut intégrer les nouveaux arrivants à ses valeurs avec tellement d’intransigeance qu’elle les marginalise au lieu de les intégrer.
Est-ce que l'habillement en dit long sur les gens?
Moi personnellement je n’en ai rien à battre de l’habillement. Je n’investis pas dans les vêtements. Un jeans et un T-shirt me conviennent parfaitement. Paradoxalement, je regarde des photos du « swinging London » de Jimmy Hendrix, Marianne Faithfull, c’est flamboyant, magnifique. Le look punk des Clash rendait bien leurs discours politiques. Très poétique. Lorsque je me promène dans certains quartiers de Londres, je suis toujours impressionné par l’inventivité vestimentaire des gens, que possède ma copine d’ailleurs. Mais ce n’est pas un intérêt que j’ai pour moi. Et je n’évaluerai jamais le niveau socio-économique de quelqu’un à sa tenue vestimentaire.
Êtes-vous plutôt dans l'acceptation ou la confrontation aux gens, au temps, aux insuccès?
Je suis dans la confrontation car j’aime débattre des idées. Je ne suis pas dans la confrontation parce que j’ai des certitudes. C’est plutôt parce que je veux comprendre. Pour moi, la place publique est une agora où les choses doivent être discutées et remises perpétuellement en question. À part cela, je suis un adepte du « vivre et laisser vivre ». Par contre, j’accepte mes échecs je ne suis pas amer.
Souffrez-vous de la rage au volant?
Non. Et j’aime cela conduire. J’écoute de la musique fort. C’est comme lire sur le bol.
Qu’est-ce qui prime pour vous au restaurant, la gentillesse du service ou la qualité de la nourriture?
Le staff et l’ambiance. Je suis fidèle aux endroits que je fréquente jusqu’à ce que le service manque de gentillesse.
Êtes-vous davantage attiré par des gens pour qui la vie coule de source ou par ceux pour qui sont davantage tourmentés ?
J’ai toujours préféré les rebelles et les voyous dans la vie. Je n’aime pas les terrains trop lisses.
Jusqu'où la liberté d'expression selon vous peut-elle aller?
C’est un sujet complexe. Moi j’y perds mon latin parfois. La liberté d’expression doit être défendue à tout prix, mais j’ai beaucoup de misère avec les propos haineux. Tu parlais de Dieudonné. Qu’il s’exprime! Moi je peux l’écouter ou pas, le plébisciter ou pas. C'est de l'empêcher de s’exprimer que je trouve dangereux. C’est fascisant.
Votre but dans la vie est-il d'être heureux?
À 100%. Totalement, uniquement. La vie est un dur combat dans une recherche de bonheur. Et c’est une quête extrêmement noble. C’est d’ailleurs le but ultime de mes personnages dans mes films. Dire que ma fille bébé avait cela gratuitement.
Est-ce que votre bonheur est relié à la comparaison aux autres?
Je suis passionné de mon métier et je ne ressens pas le besoin de me comparer.
Qu'est-ce que l'amour?
Je peux mettre des mots sur le bonheur, pour l’amour je suis une catastrophe. J’ai toujours été en amour et en couple. Où se situe la réussite? L’échec? C’est un concept qui me dépasse. L’amour inconditionnel est plus facile à vivre. Je ne peux pas vivre cela avec une femme, seulement avec mon enfant.
L'être humain est-il foncièrement bon ou mauvais?
Je n’ai jamais essayé de voir le monde d’une façon aussi tranchée. Être complètement bon, ça ne peut pas exister. Être complètement mauvais, ça peut exister. C’est terrible de dire cela. Malheureusement, l’être humain me déçoit plus souvent qu’il me rassure.
Seriez prêt à faire condamner un innocent pour sauver un ami?
Non. Ce serait trahir mon amitié que de le laisser incriminer un innocent. Ceci dit, l’amitié est une des plus grandes valeurs pour moi.
Est-ce que le suicide assisté devrait être accessible à qui en ressent le besoin sans autres considérations?
C’est hallucinant comme question. Je vais te répondre de façon banale. Je ne crois pas que l’État devrait pouvoir donner la mort de façon arbitraire comme cela. Ce serait terrible. Pour quelqu’un de malade, qui souffre, c’est différent.
Croyez-vous que Bertrand Cantat peut continuer à s'exprimer artistiquement? Iriez-vous le voir si son art vous intéressait?
Je ne l'empêcherais jamais de créer. Il a payé sa dette à la société et il faut le réintégrer. Mais je ne cautionnerai pas la suite de la carrière de ce gars-là en allant le voir. Je n’ai pas le pardon facile.
Un défaut un vrai?
Je n’ai pas la paix intérieure aisée, ce qui fait que je bouscule ma vie régulièrement. Cela peut devenir un défaut.
Que pensez-vous de la recherche sur les cellules souches?
Pour recréer des organes, c’est une vraie avancée significative pour l’être humain.
Croyez-vous que l'homme doit continuer de protéger la biosphère ou se modifier pour vivre dans un nouvel environnement ?
Pour être honnête, je n’ai pas beaucoup lu là-dessus. Je ne me suis jamais senti assez intelligent pour en comprendre les tenants et aboutissants. J’ai l’impression d’être désarmé devant de tels sujets. Je ne lis jamais de magazines scientifiques. Je crois que c’est dangereux lorsque l’homme joue à l’apprenti sorcier même s’il fait souvent de bons coups. Regardez Monsanto. J’ai toujours cru aux affaires plutôt naturelles. Ne pas trop bousculer la chaîne alimentaire.
Croyez-vous à une vie après la mort?
Les souvenirs que l’on laisse. Je pense souvent à Pierre Falardeau ou Dédé (Fortin).
Avez-vous peur de la mort?
Oui. De façon non raisonnée. Pleutre.
Est-ce qu'il y a un avenir pour le français au Québec?
Oui. C’est un sujet de conversation que j’ai souvent avec mon ami Alexis Martin qui réfléchit beaucoup à cela. Il prétend qu’un peuple qui ne se reproduit pas est condamné à disparaître. Moi, je crois que les nouveaux arrivants vont nous aider, mais j’ai peur de la façon dont on maltraite la langue.
Sur quoi travaillez-vous présentement?
J’ai fait deux séries télé et un long métrage en un peu moins d'un an et demi. C’est beaucoup. Pour l’instant je veux remplir le réservoir. Je vis quelque chose d’un peu tragique. Je suis identifié à un film, «Gaz bar blues » alors que j’en ai fait huit. Ce que je propose aux gens, c’est d’aller voir le prochain «Les mauvaises herbes» qui sort en salle le 11 mars.