La série de textes Poésie du quotidien présente des sujets prosaïques avec une teinte poétique.

J’ai appris 12 nouveaux mots aujourd’hui. C’est un de trop. Je l’ai oublié. Et puis cela

me donne mal au dos. Demain ce sera 11 et je me sentirai bien. Mais lequel des douze

vais-je laisser tomber? J’aimerais pouvoir compter les jours qu’il me reste. Il me

semble que cela me justifierait. Trop de boutons trop de bruit . Vais-je me rappeler

comment cela fonctionne? Je ne sais plus où j’en suis. Ma référence, c’est mon poids.

Mon médecin me l’a dit, à ce poids là, je ne devrais pas m’inquiéter, même si je ne

mange plus. Tiens, je vais marcher. Cela va me faire du bien. Ça fonctionne sûrement

mais parfois je ne m’en aperçois pas. Si j’apprends une nouvelle histoire ce sera une

bonne journée. Je dois me rappeler le nom des 10 premiers ministres provinciaux. Mon

voisin le migrant les connaît. Coudonc ! Quoi? Je ne sais plus. N’y pense plus, sinon ça

ne reviendra pas. Qu’est-ce que cela va changer? Q’est-ce que je suis venu chercher.

Qu’est-ce que j’attends pour assumer et me lever et dire que j’ai oublié ma question?

C’est vrai que depuis que j’ai découvert le brillat-savarin et Richard Béliveau, ma vie

n’est plus la même. Et depuis Nietzsche, j’épargne mes genoux. Est-ce toujours les

mêmes nuages qui passent? Je viens d’apprendre que l’on n’a tous un cancer en

puissance. Et si on a peur il va se développer. C’est le yoga chaud qui va la dissiper,

ma peur. En attendant je me déteste. Si je sortais. Et puis Google Maps, ça me connaît.

À pied, à vélo, en métro en auto. Mais j’y vais jamais. Si je m’acceptais, je pourrais

attendre en paix. D’ici là, je mange mal. Je cherche mes clés. Je reste calme, car je

suis chez moi et j’ai sûrement déverrouillé pour entrer: non ce n’est pas les bienfaits

de la méditation qui me maintiennent calme. Quelle est ma couleur préférée? Je vais

aller l’acheter pour peindre et la regarder. Cela va m’occuper. Surtout qu’il n’y a pas de

fenêtre chez moi. Lorsque je regarde dehors c’est à travers mon écran. Demain je vais

essayer de faire mieux. C’est fou comme c’est grand. Regarde comme c’est petit.

Intéresse-toi à la vie! Fais des mots croisés ou trouve-toi un mantra pour ne plus faire

les cent pas. Je n’ai pas compris. Je n’ai pas réussi. Je me sens démuni. Laisse-toi

aller. Tu vas voir, c’est beaucoup moins compliqué, même si c’est un peu plus long. C’est

probablement de toucher le mur des lamentations qui va me transformer. J’achève

d’écrire mon premier livre. À quoi sert l’humanité ? Combien de temps pour digérer les

différents aliments que je mange, bio, pas bio? Est-ce écolo? Combien de papier cul

pour chacun? Il a le visage tout tatoué. Est-ce que cela change les choses? Pourquoi

pas, si le soleil est là et que le printemps arrive; et les vacances, la plage, les homards,

les ballons, le vent, les vagues, et la mer. Pour ma part j’ai peur de la mort, sans doute

parce que l’on n’y va pas tous en même temps. Surtout lavez-moi bien. C’est chaud! Je

vais aller voir ma vieille tante. On l'a peut-être enterrée vivante tellement notre société a

peur du suicide assisté. Je suis calme ou agité je ne saurais dire. La dernière fois que

je l’ai vue, elle me disait qu’on la passait à travers quelque chose qui ressemblait à un

«car wash». Les yeux me brûlent, on n’a pas le temps de me rincer.

Heureusement que l’on ne me lave que 2 fois par semaine. J’ai toujours les yeux rouges,

pour toutes sortes de raisons. Je dois porter un casque de cycliste pour aller à la

machine à cigarettes, sinon on me menace de ne plus me soigner”. Je suis assis au bar

parce que je ne suis pas grand . Mon voisin porte une tuque. J'attends quelqu’un avec

qui attendre à l’urgence. Je trompe la mort. Je tiens le coup. C’est ça le drame humain.

On attend, et je ne veux pas que cela fasse mal. C’est con, attendre devant la toilette

avec la clé que quelqu’un sorte parce que la porte est verrouillée. Deux fois que cela

m’est arrivé. La deuxième fois, Pierre a fait semblant de ne pas regarder. J'ai apprécié

C’est fou ce que je me sens léger. Je vois la cime des arbres.