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La série de textes Poésie du quotidien présente des sujets prosaïques avec une teinte poétique.
Salut les filles,
Heureux que vous ayez particulièrement apprécié l’Isle-aux-Coudres lors de votre voyage dans Charlevoix. Ma tante Fernande descendait à « La roche pleureuse » y passer ses vacances. Comme elle n'aimait pas les côtes, au volant de sa vieille manuelle, mon oncle Charles allait la reconduire et gardait sa voiture durant la semaine. Elle sortait toujours la langue ou feignait un pet aux automobilistes qui rouspétaient lorsqu’elle les engueulait, après les avoir frappés en reculant à un feu rouge de la côte Atwater, croyant que c’était la voiture derrière qui l’avait frappée. À l’occasion, elle m’asseyait sur ses genoux et me laissait prendre le volant. Entre les deux sœurs, ma mère et Fernande, c'était cette dernière qui était la rebelle. Ma mère me mettait en garde de ne pas boire un Coke à même la bouteille comme tante Fernande. Elle trouvait cela vulgaire (c'est ma vraie tante Fernande sur la photo).
Ma tante m’achetait un sac de réglisse rouge et on allait voir passer les bateaux aux écluses de ville Sainte-Catherine. Le reste de la famille, lorsqu’il venait, montait avec mon père. En compagnie de ma tante, il n’y avait pas cette tension que mon père dégageait. Je n’arrivais pas à m’approcher suffisamment près de la paroi, comme les autres enfants, afin de mieux voir les bateaux. Ce mur d’acier qui glissait doucement, comme un alligator à travers les craquements et les coups de semonce de sa sirène, créait un vertige chez moi tellement j’avais peur de tomber. Tante Fernande commettait certaines indiscrétions à l’occasion. Devenu ado, elle me demanda lors d’un dîner du Jour de l’an, devant tout le monde: « Si tu as du poil au menton, tu dois en avoir au cul? » Rouge canneberge que j’étais devenu, parfaitement en phase avec la dinde. Elle rêvait d’un Québec indépendant en écoutant « Le tour de l’île » de Félix Leclerc ou encore Languirand, tout en fumant des « du Maurier King Size » et en sirotant un gin tonic. Pas mariée, sans enfant, mais beaucoup d’amants. Un jour, mon père l’a trouvée morte, sur le plancher de sa salle de bains, d’un cancer du poumon. Pas un de ses huit frères n'avait eu le courage d’y aller, ayant le pressentiment de ce qu’ils allaient y trouver. Pourtant, trop généreuse, plusieurs lui devaient de l'argent. Je crois que cela lui aurait fait plaisir que je pense à elle, plusieurs années après sa mort.
L'Isle-aux-Coudres, c'est aussi la première et seule fois que l'on m'a appelé l'étranger. « Les étrangers, nous a lancé l’aubergiste, venez manger un morceau de gâteau en l'honneur de l'anniversaire de ma fille! »
Le soir même, n'ayant trouvé de chambre, nous avons passé une nuit de pluie dans une cours d'école, à fumer et somnoler dans la voiture.
Tôt le lendemain, presque à l'aube, nous attendions le premier traversier, l'auto enveloppée de brume et de crachin; moi, de buée, de fumée de cigarette ainsi que d'une main fatigante. Cela créait un tableau cinématographique ténébreux, d’une beauté bouleversante dont j'étais partie prenante. Je toussais à avoir envie de vomir. J'avais 17 ans et je commençais ma vie et le tour de la Gaspésie.
À bientôt,
Charles