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Hélas, Fantasia touche déjà à sa fin ! Avec des hauts et des bas, voici les quelques films qui ont retenu notre attention lors de cette troisième semaine de festival.
Avant de démarrer ce troisième billet sur l'édition 2019 de Fantasia, je me permets d'abord une courte digression afin de vous raconter une anecdote qui s’est produite durant la projection de Shadow de Zhang Yimou. Les lumières s’éteignent et la projection démarre, nous distinguons un logo : il s’agit du logo Universal. Circonstance étrange considérant que le film n’est pas d’une production Universal, rendue encore plus étrange par le fait qu’il s’agit d’un vieux logo Universal, celui du début/milieu des années 90.
Le générique démarre, la mention “un film de Russell Mulcahy” apparaît à l’écran, puis vient le nom d’Alec Baldwin, Penelope Ann Miller… Certains spectateurs ont déjà compris, ils crient “The Shadow!” et enfin, leurs soupçons se confirment avec l’arrivée du titre “The Shadow”. La salle éclate de rire, la projection s’arrête et le Shadow que nous sommes tous venus voir peut enfin démarrer.
Je relate cette histoire parce qu’il me semble que cette petite blague faite par le projectionniste traduit parfaitement pourquoi on aime tant Fantasia. Les prix, les tapis rouges, les vedettes, ici tout le monde s’en moque. Fantasia, c’est avant tout une communauté qui se retrouve tous les étés – on voit d’ailleurs beaucoup de visages familiers – pour s’amuser et célébrer le cinéma.
Extra Ordinary | Edna Loughman & Mike Ahern. Irlande, Belgique. 2019.
Hanté par le fantôme de sa femme, Martin (Barry Ward) fait appel aux services de Rose (Maeve Higgins), exorciste à la retraite aujourd’hui instructrice d’auto-école dans un petit village de l’ouest irlandais. Incapable d’exercer depuis le décès de son père pour lequel elle se croit responsable, Rose d'abord refuse, mais lorsque la fille du pauvre Martin se voit possédée par un mystérieux sort et se met à léviter, elle met ses peurs de côté et s’emploie à sauver la jeune fille.
Christian Winter (Will Forte), chanteur américain has been qui réside en Irlande pour son histoire mystique – et ses crédits d’impôt – conclut un pacte avec le diable. À la suite d’un rituel satanique, il est à la recherche d’une jeune vierge à sacrifier afin de retrouver son succès musical d’antan.
Extra Ordinary est un film débordant de générosité. Ce trop-plein de générosité est d’ailleurs aussi bien sa qualité que son principal défaut, le film enchaînant gag sur gag, bombardant le spectateur de nouveaux effets comiques. Cette approche de la mitrailleuse à farce peut résulter en la cohabitation de gags de niveaux plus que disparates, et surtout, provoque un effet de suraccumulation, à savoir qu’un gag parfaitement drôle se retrouve annulé instantanément par une autre blague et ainsi gâché. Le film est d’ailleurs à son meilleur lorsque celui-ci prend le temps de respirer, laissant la possibilité au gag d’exister et usant de ressorts filmiques pour faire instaurer la comédie, tel le plan séquence chez Winter – fort savoureux dans le rôle de l’artiste minable et égocentrique – où nous découvrons ce qu’il se passe lorsque l'on tente de réveiller une vierge en lévitation.
Truffé de références à l’Exorciste et SOS Fantômes, le premier long du duo Loughman, Ahern est à la fois un véritable plaisir de cinéma, mais dont la frustration persiste longtemps après la projection tant le potentiel d’être un classique du genre (What we do in the Shadows, Shaun of the Dead) était présent.
Shooting the Mafia | Kim Longinotto. Irlande, États-Unis. 2019.
Letizia Battaglia est une femme extraordinaire. Issue de la bourgeoisie sicilienne, elle quitta son mari oppresseur, devint la première femme photo-journaliste pour un grand quotidien italien et dévoua une large partie de sa vie à combattre le crime organisé. À travers son art aussi morbide que sublime, elle offrit une plateforme à la mémoire des victimes et dénonça à voix haute les atrocités commises par la Cosa Nostra dans un pays où le silence est d’or.
Femme profondément anticonformiste, le documentaire que lui consacre Longinotto ne l’est pour le coup, pas du tout. Monté en ordre chronologique, Shooting the Mafia est une biographie archi-classique de l’enfance de Battaglia jusqu’au présent qui tente de relier sa vie à un portrait plus large de la mafia italienne, en usant d’images tournées pour les besoins du film, d’archives, des photographies de Battaglia ainsi que de vieux films italiens en noir et blanc. Ce fourre-tout visuel donne au film un aspect patchwork qui nous laisse penser que cette femme si singulière aurait mérité une oeuvre bien plus ample et visionnaire. Reste que toute célébration de l’oeuvre si courageuse de cette grande artiste mérite amplement d’être louée.
Shadow | Zhang Yimou. Chine. 2018.
Zone sombre créée par l’interposition d’un objet opaque devant une source lumineuse, l’ombre est la dualité à l’état pur. Elle est l’inverse de la lumière, ou plutôt le dédoublement de l’objet moins la lumière, représenté ici par Chao Deng interprétant le double rôle de Jing Zhou et de Zi Yu, ou encore dans la photographie en quasi noir et blanc de Xiaoding Zhao (seuls les teintes de peau et le sang sont visualisés en couleur).
Cette dualité s’exprime malheureusement également dans la direction de Zhang Yimou. Nous avons en effet droit à intrigue de palais shakespearienne assez molle aux dialogues interminables, filmés platement en champ, contre-champs, contrastant avec de superbes séquences de combats dont la mise en scène n’a rien à envier aux plus belles chorégraphies de Pina Bausch.
Auteur de Hero ou encore House of Flying Daggers, le cinéaste chinois est un maître absolu lorsqu’il s’agit de filmer le mouvement ; on en vient à se demander pourquoi il s’entête à nous faire subir plus d’une heure de cinéma guindé, cérémonieux et rigide avant d’enfin nous emballer avec son génie effervescent.
Human Lost | Fuminori Kizaki. Japon. 2019.
Sous forme de bande-annonce, Human Lost laissait présager de belles choses. Adaptation du classique de la littérature japonaise No Longer Human, réalisateur de la série Afro Samourai, studio responsable de la trilogie animée Godzilla et concept de SF intriguant : sur le papier, le projet a tout pour plaire. D’ailleurs, lorsque le film se contente de nous livrer des scènes d’actions complètement déjantées – qui ne feraient pas tache dans Asura’s Wrath ou Bayonetta – Human Lost n’est pas sans qualités. Le gros problème cependant, survient lorsque les personnages ouvrent (bien trop souvent) la bouche.
C’est à ce moment-là que le film devient la pire représentation possible de l’animé pour les non-spécialistes du genre. Par ses codes et ses traditions, il est assez difficile pour un non-aficionado de s’adonner pleinement à l’animé. Pour faire dans le cliché, de l’extérieur on imagine cela comme précieux, violent, un peu emo et surtout avec des tentacules de partout.
Non content de nous offrir un empilement de clichés – tentacules en prime – et des dialogues écrits par un adolescent un peu trop sensible, le film a en plus la témérité de faire comme s’il existait dans le néant, comme s’il n’y avait pas toute une riche histoire de science-fiction facilement accessible par le spectateur, comme s’il était le premier à poser ce genre de questions pseudo-philosophiques.
The Gangster, the Cop, the Devil | Lee Won-tae. Corée du Sud. 2019.
Inspiré de faits réels (permettez-moi de douter de la fidélité de l’adaptation), The Gangster, the Cop, the Devil est un thriller qui nous plonge dans un concept passionnant, où policiers et gangsters coopèrent pour arrêter un tueur en série qui sévit dans la ville de Cheonan. Superproduction coréenne ultra-léchée, Lee Won-tae faisant preuve d’une grande maîtrise technique et formelle, le film est extrêmement clinquant, divertissant et celui-ci est porté par un Don Lee de gala, qui – comme à son habitude – déborde de talent et de charisme.
Politiquement par contre, c’est une autre histoire. Au-delà du fétichisme pour le monde du crime organisé, qui, rappelons-le, tue plus de gens – 25% des homicides au Canada en 2017 – que les tueurs en séries, le film célèbre de manière assez nauséabonde la formation d’une milice privée au détriment du travail policier. Le scénario nous décrit simplement que des bons flics souhaitent arrêter l’horrible méchant, mais ils se voient stoppés par une hiérarchie incompétente et corrompue. Ils trouvent donc un investisseur privé, survivant d’une agression par le meurtrier, qui finance l’opération et leur permet d’effectuer leur travail vertueux en dépit des procédures et des lois restrictives, concoctées par des bureaucrates qui ne comprennent pas à quel point les méchants sont très méchants.
Vient enfin le dernier acte – plus douteux encore – qui, cette fois-ci, nous justifie l’importance de la loi et de l’ordre, si dispensable auparavant, lorsqu’il s’agit d’appliquer la peine de mort. Lors d’une scène de tribunal comiquement caricaturale – nul besoin de connaître le système judiciaire coréen pour savoir qu’aucune procédure n’est respectée –, le chef mafieux, que l’on a vu jusqu’à présent commettre plus de meurtres que le devil en question, se rend pour témoigner contre le tueur. Cela implique qu’il se rende à la police et qu’il aille en prison, mais cela assure également la peine capitale pour celui qui, dit-il, ne mérite pas de vivre. Avant de de coopérer, il s’est cependant assuré qu’il puisse atterrir dans la même prison que son agresseur, le film prônant visiblement tout autant la torture que la peine de mort.
En 1986, Stallone – dont la carrière, singulière, alterne entre un conservatisme patriotique dégueulasse et quelques films profondément humanistes – scénarisait et jouait dans le très facho, mais hilarant, Cobra, sorte de copie “nanar” de l’Inspecteur Harry. Rien de surprenant alors d’apprendre que Sly s’apprête à réaliser le remake hollywoodien de ce thriller coréen exaltant, mais terriblement régressif.
Aquaslash | Renaud Gauthier. Québec, Canada. 2019.
Nul doute, Renaud Gauthier a vu et apprécié Spring Breakers et Piranha 3D. Ce dont on est moins certain cependant, c’est qu’il ait perçu la satire derrière ces oeuvres. Hommage au slashers des années 80, Aquaslash réemploie les codes du genre sans en faire grand-chose. Comment, en 2019, peut-on encore filmer au ralenti des filles en bikini lavant des voitures, avec gros plans sur seins fermes et tétons alertes, sans aucune ironie, sans apporter aucun commentaire, se contentant simplement de calquer ce qui se faisait il y a trente ans ?
La frustration est d’autant plus grande, que l’idée de départ avait vraiment de quoi exciter la curiosité : un tueur maléfique qui piège les toboggans d’un parc aquatique. Pourquoi alors laisser cela au dernier acte ? Pourquoi ne pas faire de cette séquence l’incident déclencheur, piégeant les personnages à l’intérieur du tube infernal, les forçant à coopérer – ou non – leur donnant le temps d’appréhender ce qui est en train de se passer, d’essayer de trouver le coupable, permettant à la situation de s’intensifier ? Au lieu de ça, la seule bonne idée du film fait seulement figure de punchline finale, Gauthier préférant nous imposer un mauvais teen movie aux séquences interminables de petits bourgeois douchebags faisant la fête.
Fantasia se déroule encore pour quelques jours, jusqu’au 1er août, sur le campus de l’Université Concordia ! Les billets peuvent être achetés sur place à l’Auditorium de diplômés de la SGWU ainsi que sur le réseau Ticketpro. Retrouvez la programmation complète sur le site officiel du festival.