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Pendant plus de 30 ans, Jamil a arpenté les nuits de Montréal. Des Gypsy Kings à Notre Dame de Paris en passant par Richard Desjardins, en avant-scène ou en arrière-scène, il a été l’auteur de plusieurs pages des nuits de Montréal pendant deux décennies à cheval sur le siècle dernier. Exilé à la campagne depuis plusieurs années, Jamil est de retour et porte un regard lucide et empreint de nostalgie sur les nuits de notre ville.
Pour commencer mon tour de ville j’ai décidé de suivre le Taverne Tour qui en est à sa troisième édition. L’événement de trois jours se déroule dans une quinzaine de lieux alcoolisés, greffés à la rue Mont-Royal. Mauvais départ en ce qui me concerne, j’ai annulé ma soirée de jeudi en raison de l’état des routes et vendredi j’avais déjà un engagement au cours duquel j’ai jamé en compagnie de Marco Calliari, Éric Lapointe et son protégé Travis ainsi que Manuel Tadros qui s’est joint à nous tôt le matin après avoir joué dans la pièce « La mort du commis voyageur » dont il y aura six autres représentations du 6 au 11 février à la salle Pierre Mercure avec entre autres Marc Messier, Louise Turcot et Robert Lalonde. Je n’ai donc participé qu’à la dernière journée et là encore je me suis pointé au Verre Bouteille à 22 heures seulement.
Premier stop, au Verre Bouteille
Le Verre Bouteille n’a pas changé, il reste figé dans le temps et ça demeure agréable. J’ai toujours eu une raison d’aller au Verre Bouteille, donc je ne pourrais pas vous raconter ce lieu hors spectacle. Nathalie la propriétaire était là comme d’habitude, présence discrète et souriante. Elle mène sa barque depuis deux décennies. C’est rare une femme propriétaire dans ce milieu. René Flageole à la direction artistique semble être toujours au poste. J’ai assisté à la fin du spectacle de Clément Jacques. Clément à la guitare est appuyé d’un power trio. Trop court pour me faire une opinion, sinon que c’était bien ficelé. C’est la mode des barbus maigres et échevelés, toutefois il n’y avait pas de chemises carottées. Je ne peux m’empêcher de penser à Paul Piché...Charles Landry que je connais en tant qu’auteur-compositeur-interprète assurait très bien à la batterie. Rien à dire du bassiste qui fait le boulot; et le guitariste, qui a beaucoup de talent, sera sûrement très bon un jour. Quand il saura qu’il faut attaquer ses notes comme on saute dans le vide; mais ça il faut être musicien pour s’en rendre compte. Le public lui a apprécié. La sincérité était au rendez-vous et c’est vraiment tout ce qui compte.
crédits photo: Alex Leclerc
À partir de la deuxième chanson je me suis étonné de la qualité du son du Verre Bouteille. Chaque instrument bien découpé laissant de la place à la voix. La musique était très présente et je comprenais le texte… C’est malheureusement trop rare ! Je me suis dit que Nathalie avait probablement amélioré le kit de son, mais quand bien même, ça prend les oreilles pour faire ce travail! J’ai pensé aussi que les musiciens savaient s’harmoniser, c’était le cas mais pas suffisant. Je me suis alors retourné pour voir qui était derrière la console: Stéphane Grimm. Trois fois gagnant du Félix sonorisateur de l’année. C’est le gars derrière la console de Daniel Bélanger. Belle coïncidence puisque je travaille depuis 35 ans avec Stéphane et il a mené à bien 7 de mes albums, le 8ème est en cours. On a ouvert le Medley ensemble, le Petit Medley aussi. J’ose croire que j’ai influencé ce magicien lorsque dans mon autre vie j’étais à côté de lui derrière la console, à râler sans arrêt parce qu’on ne comprenait pas le texte.
En entrant au Verre Bouteille je suis tombé sur Maude Salomé qui suit l’exceptionnel cours de représentation artistique d’Hubert Mansion au CASE (Le Carrefour des Arts de la Scène et de l’Entreprenariat). Salomé est une des rares relèves de l’industrie qui espère se spécialiser dans la gérance d’artiste. On en manque cruellement! Mon flaire me dit qu’elle fera son chemin.
Clément Jacques s’est permis un melting-pot de trois chansons au rappel qui ont fini dans un pseudo jam, un défoulement qui flirtait avec le rock progressif. Si Neil Young est le père du Grunge, il a là des petits enfants plus conservateurs.
Anecdotes
Ensuite direction Le Quai des Brumes et là j’ai deux anecdotes pour vous …
Ça me rappelle le jour où, un peu pressé, en voiture sur le Plateau, je décide d’emprunter la ruelle arrière de la rue St-Denis au Nord de Mont-Royal. À mi-chemin je vois la silhouette d’un homme à pied qui entre dans la ruelle. Plus j’avance et plus la silhouette me semble familière. L’homme, un sac de plastic à la main, s’arrête et se met à se soulager sur un mur derrière un poteau. Je commence à reconnaître le personnage mais je n’y crois pas, ce serait trop drôle… On se connaissait à peine. On venait de commencer à travailler ensemble. Cet homme allait connaître la gloire et devenir millionnaire du jour au lendemain… Finalement je me rends bien compte que c’est vraiment lui alors j’immobilise ma voiture à sa hauteur et je baisse ma vitre, du côté passager. Je le devine mal à l’aise à se demander qui peut bien arrêter sa voiture derrière un gars en train de pisser, tabarnac ? Il tente un coup d’oeil rapide par-dessus son épaule mais ne peut voir que le siège vide du côté passager… Et puis une voix s’élève émanant du fond de la voiture: « Tout va bien Richard? ». C’était Richard Desjardins entrain de “faire pleurer Gracieuse” probablement après une virée au Quai des brumes.
Sacré Quai des Brumes! Un lieu plein d’histoires de pirates… Je marchais sur St-Denis, c’était un peu après le référendum de 95 où j’avais accueilli les Colocs au Medley pour la soirée de dépouillement du scrutin. Une soirée organisée par Lise Raymond, leur attachée de presse de l’époque, sous surveillance étroite de Raymond Paquin, leur gérant. Je ne vous en dis pas plus sur cette soirée, elle vaut une chronique à elle toute seule. Donc en passant devant le Quai des Brumes je croise Dédé Fortin qui s’était fait pousser une petite moustache, toute fine, qui bordait sa lèvre supérieure, un peu comme Zorro. Après quelques minutes de conversations je lui demande « Dédé?… C’est quoi l’idée de la moustache, comme ça? » Et il me répond : « En fin de semaine, avec ma blonde, je lui ai fait l’amour en lui parlant avec l’accent espagnol… Alors je me suis dit pourquoi ne pas faire pousser la moustache… » T’sais quand un gars veut?
De l’Esco au Quai des Brumes
L’Esco sold-out avec Solids, Deaf et Taleen; je me suis retranché sur le Quai des Brumes où je suis encore une fois arrivé à la fin d’un spectacle, celui de Dave Chose qui fait dans le folk grunge, mais il y avait un autre groupe au programme Valery Vaughn qui fait dans le punk stoner rock. No comment pour ce dernier.
J’ai croisé Laurent Saulnier au comptoir du bar. Vingt ans plus tard, nos rôles sont inversés. Il écrivait pour la revue Voir. C’était le critique de musique assez puissant pour avoir droit de vie ou de mort sur une carrière d’artiste québécois; moi j’étais le défenseur des artistes québécois. D’ailleurs, je l’avais confronté au sujet d’un de ses homicides volontaire de carrière qu’il avait commis sur un de mes artistes en lui faisant remarquer que ça allait me prendre des semaines à recoller les morceaux de ce gars-là. C’est facile de démolir quelqu’un à distance en se cachant derrière son stylo quand on n’a pas les couilles de parler à l’artiste en pleine face. Il s’est défendu en disant que ça ne lui causerait aucun problème de confronter l’artiste. Une semaine plus tard, Laurent se pointe au lancement d’un album que j’organisais et quelle coïncidence (!) l’artiste en question était présent ? : « Laurent Saulnier, je te présente Marc-André Le Tourneux ». (Petit malaise). Il a assuré le Laurent. Je crois qu’ils ont presque viré une brosse ensemble.
Aujourd’hui à la direction artistique des Francofolies et du Jazz Laurent m’inquiète… Il m’a rappelé qu’il m’avait fait une joke déplacée au sujet de ma fille qui n’avait alors que deux ans. La joke c’était: « Tu me la gardes ». Je n’ai pas osé lui répliquer que depuis la naissance de ma fille, il n’y a pas un québécois que j’ai croisé qui n’a pas fait cette joke au marocain que je suis… que j’étais. J’étais berbère en arrivant il y a 37 ans, maintenant je suis bière-bière. Je crois que j’ai arrêté de compter au six-cent-douzième qui m’a fait cette joke-là. Ça m’inquiète... Est-ce à dire que la vague de purification actuelle nous atteint au point de modifier la moindre allusion à nos différences? Est-ce à dire que cette rectitude se traduira sur le choix des artistes des prochaines Francofolies? Ça ne m’étonnerait pas. On a plus le droit de rien dire. À quand Plume, Jamil et Adamus sur le même stage? « Le Concert des Langues Sales » : j’ai le concept Laurent, donne-moi le cash!
Le bistro à Jojo avant dodo
En route pour le bercail, j’ai fait un « In & Out » au Bistro à Jojo. Toujours la même odeur en rentrant, un mélange de vieille levure de bière et de poudre. Un public dans la quarantaine avancée. Malgré tout ça doit encore éternuer pas mal dans les toilettes... Sur scène un power trio avec un batteur chanteur c’est Unkle Groove, le band porte parfaitement son nom. C’est pas des tous jeunes. J’ai eu le droit à un enchainement de quatre tounes de Pink Floyd parfaitement senties qui révèlent clairement les influences blues de Gilmore. Le band est solide. Ça joue et ça chante les yeux fermés. Des vieux pros, des vieux routiers qui tracent dans les ornières profondes des sentiers cent mille fois empruntés. C’est bon, c’est efficace, c’est comme un hot dog du Montréal Pool Room après un show, le genre de saucisse qui reluit autant que le nez ou la chevelure du cook! Comme un smoked-meat de chez Schwartz! C’est gras, c’est dégoulinant, c’est goûteux.
J comme dans Jalapenos
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