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Les 19 et 20 septembre à la Cinquième Salle de la Place des Arts, les Productions Martin Leclerc présentaient le spectacle Une voix pour être aimée : Maria Callas, mettant en vedette la comédienne Sophie Faucher, le ténor Marc Hervieux et le pianiste Dominic Boulianne. J’y étais mercredi, pour mon plus grand plaisir.
Selon la description du spectacle, « Sophie Faucher et Anne Bryan sont les co-autrices de Une voix pour être aimée : Maria Callas. Ce spectacle souligne le centième anniversaire de la cantatrice, retrouvée morte dans son appartement parisien à l’âge de 53 ans. Maria Callas fut une femme passionnée, écorchée vive. Dans ce spectacle, nous la retrouvons à l’été 1977 au 36 avenue Georges-Mandel à Paris, où elle vit recluse dans une profonde solitude. »
Dans un spectacle autant, sinon plus, théâtral que musical mis en scène par Marc Hervieux, Maria Callas (Sophie Faucher) est au crépuscule de sa carrière. Alors que dans les journaux les critiques la concernant sont dévastatrices, elle attend l’arrivée de son partenaire de tournée, le fameux ténor Giuseppe Di Stefano (Marc Hervieux), pour une répétition avec son pianiste accompagnateur, Robert Sutherland (Dominic Bouilianne), en prévision d’une imminente tournée de l’opéra Tosca au Japon, et d’un enregistrement de disque prévu pour la semaine suivante.
Critiques aidant, Maria est fort consciente d’être devenue l’ombre d’elle-même, c’est-à-dire de La Callas légendaire et adulée d’un temps désormais révolu, et est grandement insatisfaite de son présent reliquat de voix. Mais Giuseppe, affectueusement surnommé Pipo, son fidèle ami et partenaire de concert des dernières années, fait de son mieux pour lui remonter le moral et la motiver. Mais elle a décidé de cesser de chanter définitivement, et Giuseppe devra se faire à l’idée et se résoudre à ce qu’elle soit remplacée par une étoile montante, la soprano Montserrat Caballé, pour la tournée japonaise de la Tosca.
Tout est prétexte aux longs épanchements du cœur d’une Maria évoquant de plaisants souvenirs, ou exprimant regrets et rancœurs au sujet de son enfance, de sa relation avec sa mère, de sa gloire passée, de sa carrière, de sa relation avec différents chefs d’orchestre, des critiques, de ses amours ardents et tragiques, notamment avec le richissime armateur grec Aristote Onasis.
En vous rendant à ce spectacle, ne vous attendez pas à assister à un substantiel récital de Marc Hervieux. En effet, le focus du spectacle porte principalement sur le vécu de Maria, et secondairement sur sa relation amicale et professionnelle avec Giuseppe. En fait, Marc chante très peu sur une durée totale de 90 minutes. Il entre en scène quelque 30 minutes après le début de la pièce, en chantant un court extrait de « La donna è mobile » de l’opéra Rigoletto de Verdi. Ensuite on l’entend dans des versions abrégées de Non ti scordar di me et Torna a Surriento, deux célébrissimes chansons napolitaines. Plus tard il nous offre « E lucevan le stelle », au complet cette fois-ci, extrait de l’opéra Tosca de Puccini et, vers la fin du spectacle, nous revient, une dernière fois en chanson, avec une version abrégée de Parlami d’amore, Mariù, une chanson italienne écrite par Ennio Neri et Cesare Bixio.
Au total, il chante donc à cinq reprises. Le reste du temps, il est tout simplement absent de la scène, ou il s’y distingue éloquemment à seul titre d’acteur, nous démontrant ainsi qu’un talentueux chanteur d’opéra est parfaitement capable de performances théâtrales convaincantes, en plus de ses exploits vocaux. Dans mon dictionnaire personnel, polyvalence et Hervieux sont des synonymes.
Quant à la chevronnée Sophie Faucher, en comédienne aguerrie, elle incarne efficacement et avec crédibilité, une Maria Callas affligée, nostalgique et tourmentée. Elle ne chante pas, bien sûr (à chacun son métier), mais elle prend la pose et mime un tantinet la diva lorsqu’un enregistrement audio nous la fait entendre.
Dans le rôle de Robert Sutherland, pianiste accompagnateur, ami et confident de Maria, on retrouve le très talentueux et versatile Dominic Boulianne, pianiste, arrangeur, accompagnateur, et Directeur général et artistique de l’Opéra du Royaume, que je connais surtout pour sa précieuse collaboration de longue date avec le renommé baryton québécois Gino Quilico. À mon humble avis, l’homme-orchestre tire fort bien son épingle du jeu dans ce rôle, quasi sur mesure pour lui, partagé entre le jeu théâtral et la prestation pianistique.
Voici, en citations, un moment cocasse entre Maria et Giuseppe, qui veut la motiver et mieux la faire chanter. Lui : « Maria, tu ne chantes pas, tu couines comme une truie! » Elle de rétorquer : « À la hauteur d’où je regarde tu n’es pas dans mon champ de vision. » Savoureuse anecdote, surtout si elle est véridique.
À titre d’amateur d’opéra et fan de Maria Callas, la divina, – que j’ai maintes fois entendue sur disque – j’ai beaucoup apprécié ce spectacle, et je le recommande très certainement, en dépit du fait que Maria s’y lamente... longuement. J’aurais préféré moins de texte et davantage de chant, notamment de Marc Hervieux.
Aussi, en plus de faire jouer des enregistrements audio d’archive de Maria Callas, aurait-il été concevable d’ajouter à la distribution une Maria « chantante » en plus de la Maria « parlante »? Et si une soprano s’était jointe à la troupe pour venir interpréter quelques fameux duos, ou solos, en compagnie de Marc Hervieux? Ça aurait donné une autre dimension à l’événement.
C’est un spectacle à ne pas manquer. Au moins vingt autres représentations sont déjà prévues un peu partout au Québec d’ici le 9 juin 2024. Rendez-vous sur le site internet des Productions Martin Leclerc pour en consulter le calendrier et vous procurer des billets.