Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
Jeudi 12 octobre, à la Maison symphonique, l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) recevait deux émérites musiciens, soit le chef américain Roderick Cox et le violoniste canadien Blake Pouliot, pour nous gratifier d’un programme tout en intensité, qui aurait mérité une salle comble à craquer, une file d’attente à l’extérieur, un reportage télé, en plus de la critique élogieuse que vous vous apprêtez à lire.
Trois œuvres étaient au programme :
La tempête, fantaisie pour orchestre, op. 18, de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Concerto pour violon, op. 14, en trois mouvements, de Samuel Barber (1910-1981)
Negro Folk Symphony (1934), en trois mouvements, de William Levi Dawson (1899-1990).
Forces en présence
Une note au programme nous apprenait que selon le Minnesota Star Tribune, Roderick Cox, lauréat du Sir George Solti Conducting award, est considéré comme un « pionnier...un chef d’orchestre qui fera partie de l’avant-garde », et selon NBC News, comme celui qui a « ouvert la voie ».
Au dire de Arts Atlanta, Blake Pouliot possède un jeu « immaculé, à la fois raffiné et passionné » et le Toronto Star affirme qu’il s’est imposé comme « un de ces talents exceptionnels qu’on rencontre une seule fois dans une vie ».
Quant à l’OSM, il se passe de présentation tellement sa réputation est prestigieuse et d’envergure internationale.
Performance et appréciation
Tchaïkovski a composé sa fantaisie pour orchestre en 1873 d’après la pièce éponyme de Shakespeare. À mon oreille cette œuvre, d’une durée de 18 minutes, m’est apparue fort évocatrice et tumultueuse. On y assiste à de nombreuses montées en puissance de l’orchestre entrecoupées d’accalmies alors qu’on suit l’évolution d’une tempête en mer et les sentiments de deux amoureux submergés par la passion.
Mon imagination débridée a contribué à me faire croire que, de mon siège, j’ai ressenti les embruns, le fort roulis du navire malmené par la tempête, et le déchirement des amants. Et tout ça sans drogue! La musique classique est indubitablement le plus sérieux compétiteur de la SQDC (Société québécoise du Canabis).
Pour le Concerto pour violon de Barber, Blake Pouliot nous est apparu dans une tenue scintillante, tout de noir vêtu, et arborant un coq sciemment rebelle qui lui retombait à dessein jusqu’aux sourcils.
En partant, je ne suis pas un inconditionnel de Barber dont je trouve l’opéra Vanessa particulièrement barbant (mon opinion n’engage toujours que moi seul). J’appréhendais donc quelque peu son concerto et c’est pourquoi je n’en ai été que plus surpris et ravi d’en être si irrésistiblement transporté. Ce sont 25 jouissives minutes d’audition que propose cette œuvre moderne à la fois lyrique, introspective et planante. Le quasi frénétique et certes enlevant troisième mouvement a offert une formidable vitrine d’exposition à l’irrécusable virtuosité du très expressif violoniste invité, qui a été éblouissant et a récolté une longue et chaleureuse ovation debout, qui ne nous a cependant pas valu de rappel.
Anecdote : Barber a composé ce concerto en 1938 en réponse à une commande par l’homme d’affaires et mécène Samuel Fels pour son fils adoptif, le violoniste d’origine russe Iso Briselli. Lors de la livraison initiale de l’œuvre, Iso a trouvé le troisième mouvement trop facile d’exécution et en a exigé un qui soit plus techniquement demandant. Le compositeur s’est donc remis à l’ouvrage pour accoucher d’une redoutable deuxième et finale version qu’Iso a alors jugé trop difficile à jouer. Il faut toujours faire attention à ce que l’on souhaite, parce que parfois le souhait se réalise. C’est finalement un autre violoniste, Albert Spalding, qui a créé l’œuvre à Philadelphie en 1941.
La Negro Folk Symphony de William Levi Dawson est une œuvre fascinante en trois mouvements - d’une durée totale de 30 minutes - qui se veut être l’expression « tant par son contenu que par sa genèse » de « l’identité noire ». Le compositeur aurait déclaré ce qui suit à un reporter de l’Associated Press : « Le plus beau compliment que l’on puisse dire à propos de ma symphonie, lors de sa création, serait qu’elle n’est incontestablement pas l’œuvre d’un homme blanc. Je veux que le public dise : ‘‘Seul un Noir aurait pu écrire cela.’’ »
Au risque de déplaire de façon post-mortem à feu William L. Dawson, mon oreille est colorblind (ne distingue pas les couleurs) et si je n’avais pas précédemment lu à propos de l’œuvre, l’identité du compositeur ne me serait pas venue à l’idée à la seule audition de l’œuvre qui, cependant, je l’admets après avoir examiné la partition, contient beaucoup de notes... noires.
Cette œuvre magistrale et percutante, qui vaut grandement d’être (re)découverte, n’est ni sombre ni oppressante, mais, à mon avis, plutôt lumineuse et triomphante. Alors que le deuxième mouvement est le plus introspectif et se termine solennellement par le retentissement du gong, le troisième finit de façon grandiose.
C’est un Roderick Cox visiblement inspiré et en grande forme qui a mené le bal de main de maître, au doigt, à l’œil et à la baguette, en dirigeant diligemment l’OSM pour ainsi nous offrir un mémorable concert qui nous en a mis plein les oreilles, les yeux, le cœur, l’imagination et la mémoire. Un autre triomphe à porter au compte de l’OSM qui ne cesse de se surpasser, et que l’on a copieusement récompensé d’une longue et chaleureuse ovation debout.
L'OSM, Roderick Cox et Blake Pouliot sont tous les trois actifs sur Facebook, et chacun a son site internet auquel vous pouvez accéder en cliquant sur le nom correspondant. L’OSM et ses invités récidivent samedi 14 octobre à 14 h 30 avec le même programme. Ne ratez surtout pas cette dernière chance d'assister à un formidable concert. L'OSM a une riche programmation et vous invite à fréquenter assidûment son site internet pour consulter son calendrier et vous procurer des billets. À vous de jouer maintenant.