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Samedi soir 6 mai, à la salle Wilfrid-Pelletier, dans une mise en scène de Stephanie Havey, c’était la première de Madama Butterfly, très célèbre opéra de Giacomo Puccini (1858-1924). L'Ovation debout spontanée ainsi que les longs et chaleureux applaudissements ont été amplement mérités.
Préambule
Une heure avant le début de l’opéra, au Piano Nobile (foyer) de la salle Wilfrid-Pelletier, je n’ai pas boudé mon plaisir d’assister au pré-opéra du docte Pierre Vachon, musicologue de son état, qui est toujours aussi bien documenté, préparé et intéressant. Il est très articulé, bilingue, volubile, et n’hésite pas à recourir à l’anecdote et aux extraits musicaux pour émailler son propos. En sa compagnie, on meuble agréablement le temps d’attente, de façon instructive, tout en sirotant notre consommation. Le pré-opéra se définit ainsi: « Une incursion au cœur de l’œuvre à la découverte de la musique, du livret, des symboles, de la mise en scène... avec extraits musicaux. » Bref, c'est un apéritif hautement recommandé avant d'attaquer le plat principal.
Le propos
Cio-Cio-San, jeune geisha de 15 ans, marie le lieutenant de marine américain B.F. Pinkerton, à l’encontre de la volonté de sa famille, en reniant du même coup ses traditions et sa religion. À l’insu de la belle, lui considère cette union comme temporaire, alors qu'elle aspire à la permanence. Il la quitte, alors qu'elle est enceinte, pour retourner vivre aux États-Unis durant trois longues années pendant qu'elle se résout à vivre d’espoir dans la solitude. Lorsqu'il revient enfin au Japon, avec ô surprise! Kate, sa femme américaine, Cio-Cio-San se laisse convaincre de se départir de son enfant au profit du couple américain. Se voyant ainsi trahie, abandonnée, privée de son fils, rejetée par sa famille, condamnée à retourner à son ancienne vie de geisha, elle choisit de mourir dans l’honneur, plutôt que de vivre dans le déshonneur, en se faisant hara-kiri. De la passion, du drame, de la trahison, des larmes, un suicide, c'est l'opéra à son meilleur!
Pourtant, à sa création en 1904, l’opéra a été un flop monumental parce que les spectateurs n’ont pas digéré que l’oeuvre soit en deux actes seulement, plutôt qu’en trois comme l'aurait voulu la tradition; que le deuxième acte soit si long; et qu’il n’y ait pas au moins une grande aria pour ténor. Puccini a donc remanié son opéra pour le découper en trois actes et y ajouter un grand air pour ténor, « Addio, fiorito asil », au 3e acte. Et c’est ainsi que Madama Butterfly triomphe depuis.
Décor et mise en scène
De grands panneaux carrelés et coulissants évoquent l’intérieur traditionnel de la maison de Pinkerton et Cio-Cio-San. Derrière ces cloisons, un grand écran occupe tout l’arrière-scène. Des toiles figuratives, représentant le paysage japonais, y sont projetées.
À la levée du rideau, au début de chaque acte, un autre écran, à l’avant-scène, cache temporairement le décor et est utilisé pour des projections évocatrices et contextuelles. Je lève mon chapeau au concepteur de cet efficace décor d’une somptueuse sobriété.
Deux personnages - rôles muets - ont été créés et greffés à l’histoire : Kate et Dolore, soit l’épouse américaine de Pinkerton et l’enfant qu’il a eu de Cio-Cio-San. Tous les deux sont présents sur scène dès le début de l’opéra. Madama Butterfly devient l’histoire que Kate raconte à Dolore.
« L’aspect visuel [...] s’articule autour d’un rouleau narratif traditionnel appelé ko-e. [...] Les illustrations utilisées dans le ko-e sont de nature symbolique et fournissent des détails essentiels qui n’apparaissent pas dans le texte. » C’est le cadre choisi, pour raconter Madama Butterfly, par lequel l’enfant « découvre son histoire et la beauté de son passé complexe. »
Mon bémol concernant les costumes et les maquillages
Durant son pré-opéra, et à ma grande stupéfaction, Pierre Vachon nous a fait remarquer qu'en ces temps frileux où nous vivons, où l'appropriation culturelle fait jaser et débattre, l'Opéra de Montréal a décidé de laisser les chanteurs au naturel, c'est-à-dire sans les maquiller à l'oriental et sans faire porter à Cio-Cio-San la traditionnelle perruque typique de geisha. Il ne reste donc que les seules tenues vestimentaires pour évoquer la mode japonaise d'antan. Pour ma part, je m'en désole et le déplore, car l'opéra est également un voyage dans le temps, un retour dans le passé, une mise en scène de la vision du compositeur et du librettiste, et des moeurs, coutumes et mentalités de l'époque. Faut-il absolument qu'il devienne maintenant le reflet de nos frilosités par trop contemporaines? La question vaut la peine d'être soulevée.
Les principaux protagonistes
La soprano libano-canadienne Joyce El-Khoury (Cio-Cio-San), le ténor américain Matthew White (Lieutenant B.F. Pinkerton), le baryton québécois Hugo Laporte (Sharpless), la mezzo-soprano canadienne Lauren Segal (Suzuki). Tous les membres de la distribution mériteraient amplement d'être individuellement nommés, mais je me fais violence en m'en abstenant par souci de concision.
Mes coups de cœur
Au 1er acte, la colère du Bonze, incarné par la basse Matthew Treviño, alors qu’il renie Cio-Cio-San et quitte la scène avec la famille outrée par le mariage de celle-ci avec un Américain.
Le charmant duo Pinkerton-Butterfly, de la fin du 1er acte, avec deux chanteurs à voix, et en voix, Joyce El-Khoury et Matthew White, parfaitement audibles, dans une touchante prestation.
L’aria, très attendue, « Un bel dì vedremo », magnifiquement rendue par Joyce El-Khoury (Cio-Cio-San) tant vocalement que théâtralement.
Le « Coro a bocca chiusa » (Chœur à bouche fermée, Humming chorus) à la fin du 2e acte : du pur lyrisme planant et envoûtant. Vous pouvez, entre autres, entendre la version d'André Rieu et son Johann Strauss Orchestra, ici, sur YouTube.
Au 3e acte, un très solide « Addio, fiorito asil », air pour ténor impatiemment attendu par les connaisseurs de cet opéra et aisément rendu, avec brio même, par l'excellent Matthew « Pinkerton » White (photo ci-dessous).
J'admire toutes les prestations du baryton Hugo Laporte, que je trouve très constant et pertinent, et qui possède une voix riche et volumineuse.
De mon siège, en rangée S du parterre, tous les chanteurs de cette excellente distribution, sans exception, m’ont semblé être solides et vocalement à la hauteur de leurs rôles respectifs.
Au départ, avec la musique de Puccini, nous sommes assurés de passer de très bons moments. Le vérisme et le lyrisme sont certes au rendez-vous. Et sous la baguette du chef espagnol Pedro Halffter, l’Orchestre Métropolitain et le Chœur de l’Opéra de Montréal livrent la marchandise en donnant la pleine mesure de leur incontestable talent.
Conclusion
À mon humble avis, voilà une production dont on ressort invariablement avec quelques vers d'oreille et qui vaut certainement, visuellement et vocalement le déplacement. Un autre franc succès dont l’Opéra de Montréal peut légitimement s’enorgueillir. Madama Buttefly est encore à l’affiche les 9, 11, 14 et 18 mai courant. Rendez-vous sur le site internet de l’Opéra de Montréal pour en apprendre davantage sur cette production, sur sa distribution, et pour vous procurer des billets. Sans oublier que la majorité des chanteurs sont actifs sur Facebook et n'attendent que votre visite.