Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
Vendredi soir, 21 avril, entre les murs du Théâtre Outremont, les mots du célébrissime poète Charles Baudelaire (1821-1867) ont à nouveau résonné. Ils ont été chantés par Marie-Nicole Lemieux, contralto de réputation internationale, accompagnée par le renommé pianiste américain Daniel Blumenthal, en plus d’être savoureusement récités et joués par l’excellent comédien Raymond Cloutier, qui personnifiait le poète.
Préambule
J'ai découvert la poésie de Charles Baudelaire alors que j’étais étudiant en 10e secondaire et que je devais présenter un poème de mon choix devant la classe. J’ai jeté mon dévolu sur « Spleen » que j’ai cueilli parmi toutes Les Fleurs du Mal.
En voici les premiers vers :
« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux long ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits; »
Durant mon adolescence j’ai donc appris par cœur ce poème composé de cinq strophes de quatre vers chacune, donc de cinq quatrains, et ne l’ai jamais oublié. Par conséquent, il hante ma mémoire depuis plus de cinquante ans – ce qui trahit mon âge avancé – avec vingt et un autres poèmes, également de Baudelaire, mémorisés par la suite.
Mais pourquoi ce préambule éminemment personnel? Pour démontrer que, depuis toujours, j’adore la poésie de Baudelaire, et que j’étais donc prédisposé à pleinement goûter un spectacle construit autour de son œuvre. J’ai apprécié la représentation, certes! Mais il y a eu ombre au tableau et je vous en fait part dans la section « Mes bémols » ci-dessous.
Les interprètes
La réputation de Marie-Nicole n’est plus à faire et la précède partout où elle se produit. Sa remarquable technique vocale et sa maîtrise du jeu la servent admirablement bien pour exprimer toutes les nuances nécessaires pour rendre justice au bilieux, romantique et torturé Baudelaire.
Quant à Raymond Cloutier, la publicité du spectacle y allait de cet éloquent constat : « l’immense acteur Raymond Cloutier incarne le poète, racontant sa vie, Paris, le Second Empire, l’origine de certains vers et récitant quelques poèmes et pages en prose de celui qui amena la littérature dans la modernité. » S’il n’est immense, il est au moins des plus talentueux, pertinents et intenses.
Décors et accessoires
Un écran géant, occupant tout l’arrière-scène, où ont été projetées d'authentiques photos de Charles Baudelaire, ainsi que des dessins le représentant, les paroles de trois de ses poèmes, et des toiles contextuelles, évocatrices, œuvres de différents peintres et représentant des paysages bucoliques ou la ville de Paris.
À gauche de la scène : une lampe sur pied et un fauteuil accueillant Marie-Nicole entre ses prestations. Au milieu : le somptueux piano. À droite, à la disposition de Raymond « Baudelaire » Cloutier : un porte-manteau, une chaise, et une table en bois chargée d’une lampe, d’un verre à vin, d’une carafe, et d'un livre.
Le programme
Au total, incluant le rappel, 22 prestations nous ont été proposées. Tantôt une saynète par Raymond Cloutier qui, pour l’occasion, prêtait son talent, son corps et sa voix au grand Charles, et tantôt une prestation de Marie-Nicole dont la virtuosité, la technique vocale, et la théâtralité sont toujours sources d’admiration.
Des 18 poèmes au programme, majoritairement tirés des Fleurs du Mal, trois font partie de mes favoris et sont indélébilement gravés dans ma mémoire : « L’Albatros », « La musique », et « L’invitation au voyage ». C’est « L’Albatros » qui a ouvert le programme, et l’a fermé en guise de rappel.
En plus de mes trois favoris ci-dessus, Marie-Nicole a également interprété les neuf autres poèmes suivants : « Chant d’automne », « Les Hiboux », « Hymne », « La Rançon », « La mort des amants », « Le jet d’eau », « Recueillement », « La Vie antérieure », et « Le Flacon ».
Raymond Cloutier a, de son côté, récité « L’Albatros » (en tout début de spectacle), « L’ennemi », « À une heure du matin » et « Enivrez-vous » (textes tirés du Spleen de Paris), « Harmonie du soir », « Recueillement », « La géante », et « L’invitation au voyage » (petit poème en prose).
Mes bémols
Une fois mis en chanson, chacun des poèmes de Charles est « beau de texte » mais pas nécessairement « beau de l’air ».
En effet, je défie quiconque d’en fredonner l’air après l’avoir entendu. Le poète n’écrivait pas pour être chanté. À mon humble avis, la structure de ses poèmes, la sonorité de ses rimes, la longueur de ses vers et de ses trophes, etc., ne rendent pas la conversion des poèmes en chanson particulièrement facile.
À mes oreilles, la musique d’accompagnement, bien que charmante et apaisante par moments, manque de lyrisme, de mélodies accrocheuses, voire enivrantes. Disons qu’elle ne cause pas d’infestation de vers d’oreille. Et pourtant, de célèbres compositeurs se sont attelés à la tâche, et pas des moindres : Ernest Chausson, Claude Debussy, Gabriel Fauré, Henri Duparc, Gustave Charpentier et, plus près de nous, Léo Ferré.
Mais malgré tout, grâce à l’envoûtante voix de la contralto Marie-Nicole Lemieux, et au jeu convaincant du comédien Raymond Cloutier, le charme opère, le temps s’écoule rapidement et, somme toute, on passe un très bon moment.
Autre détail qui m’a quelque peu turlupiné : les textes de seulement trois poèmes ont été projetés à l’écran! Je suis d'avis qu'ils auraient tous dû l’être! La matière première, l’essence même de ce spectacle, ce sont les textes de Baudelaire. Alors pourquoi ne pas les mettre en évidence lorsqu’on dispose justement d’un écran géant pour ce faire? Pourquoi ne pas leur avoir donné toute la visibilité qu’ils méritent? Je m’étonne et me désole qu’on ne l’ait pas fait.
L’impeccable élocution de Raymond Cloutier a fait que je n’ai perdu aucune de ses paroles. Son volume sonore et sa projection vocale étaient amplement suffisants. Par conséquent, projeter ses textes à l’écran aurait été superflu.
Mais à cause de la nature même de l’instrument utilisé par Marie-Nicole, c’est-à-dire sa voix, qui donne tour à tour - suivant les exigences de la partition - dans l’aigu, l’éclat de voix, le quasi chuchotement ou la montée en puissance, toutes les paroles ne sont pas aussi facilement ou également intelligibles, en dépit de son excellente diction. J’en ai donc perdu suffisamment pour franchement regretter que le texte n’ait as été projeté à l’écran pendant chacune de ses prestations. Sera-ce pour une prochaine fois?
J’en profite, ici, pour rappeler que mon opinion n’engage que moi et ne fait donc pas nécessairement unanimité chez les friands de Baudelaire en chanson qui ont assisté au récital.
Conclusion
À en juger par la réaction de la salle à la tombée du rideau, les amants de poésie baudelairienne ont été comblés puisqu’ils ont spontanément réagi avec force applaudissements et ovation debout. Les trois protagonistes de cette soirée peuvent donc légitimement déclarer : mission accomplie!
Marie-Nicole Lemieux et Raymond Coutier sont tous deux actifs sur Facebook. Vous êtes invités à fréquenter le site internet de Marie-Nicole, ainsi que celui du Théâtre Outremont en cliquant respectivement ici et là.