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Du 7 au 17 mai, à la Salle Wilfrid-Pelletier, dans une mise en scène des plus innovatrices, l’Opéra de Montréal réalise un coup de maître en nous offrant une flamboyante production de la Flûte enchantée de W. A. Mozart, qui remporte un retentissant succès. Mardi le 10, je suis allé m'immerger dans ce monde fantastique et j'ai été subjugué.
Propos
Je vous épargne les détails du propos tarabiscoté de ce conte de fées où l’on recourt à une flûte enchantée et à un carillon magique pour surmonter des épreuves en charmant hommes et bêtes. Je vais plutôt faire court en résumant à l’excès une trame dramatique complexe qui raconte plusieurs histoires imbriquées.
Sur trame sous-jacente d’initiation maçonnique visant à atteindre l’illumination, elle met en scène un combat entre le bien et le mal – entre le soi-disant maléfique Sarastro (assisté de son esclave Monostatos) et la Reine de la nuit (secondée par ses trois Dames) – ainsi que les histoires d’amour du prince Tamino et de Pamina (fille de la Reine de la nuit) et de l’oiseleur Papageno et Papagena, sa promise.
Décor
Il n’y en a aucun... traditionnellement parlant! Il n’y en a plutôt qu’un seul, mais il est magistral : l’arrière-scène est entièrement occupée par un écran blanc géant sur lequel sont projetées en permanence des images d’animation résolument bédéesques.
L’écran est doté de quelques panneaux ouvrants, ou pivotants et munis d'une plateforme, d’où certains protagonistes font leurs entrées ou sorties de scène, émergent de derrière l’écran, et d’où ils chantent et jouent.
Mise en scène
Elle est tout simplement spectaculaire! Ingénieuse! Innovatrice! Mémorable! Chanteurs et animations à l'écran interagissent les uns avec les autres, créant ainsi un spectacle visuel captivant qui rajoute à l’œuvre une couche supplémentaire de divertissement, une nouvelle histoire – quasi autonome – dans l’histoire. L’humour et les surprises y abondent. Personnages inusités, mécanismes et machines fantaisistes défilent presque continuellement à l’écran au risque réel d’occasionnellement détourner notre attention du chant et de la musique.
Tous les récitatifs (passages parlés à l’opéra) ont été supprimés pour laisser place à des dialogues écrits – en allemand sur l’écran-décor, et en français et anglais sur l’écran situé au-dessus de la scène – avec accompagnement au piano seul et occasionnels effets sonores, comme au temps du cinéma muet. D’ailleurs, l’apparence du personnage de Monostatos, incarné par le ténor américain John Robert Lindsey, est un clin d’œil non équivoque à Nosferatu, premier et très célèbre vampire du cinéma (1922).
Artisans de cette remarquable production
Nous sommes redevables de cette particulière production de la Flûte enchantée – qui a déjà fait le tour du monde – et qui se démarque par son décor-écran et sa fascinante animation, aux talents et efforts concertés de plusieurs méritants artisans dont la mention explicite s’impose : Le Komische Oper Berlin, les Los Angeles Opera (costumes) et Minnesota Opera (décors), à partir d'un concept des producteurs Suzanne Andrade et Barrie Kosky, ainsi que de l'animateur Paul Barrit. L'étonnante scénographie ainsi que les costumes sont dûs au talent d'Esther Bialas.
Distribution
Outre l’Orchestre Métropolitain, sous la direction du chef Christopher Allen, du Chœur de l’Opéra de Montréal, et trois des Petits Chanteurs du Mont-Royal, la distribution à saveur internationale réunit, entre autres : les ténors américains Brian Wallin (Tamino) et John Robert Lindsey (Monostatos), la soprano britannique Kim-Lillian Strebel (Pamina), le baryton slovaque Richard Sveda (Papageno), la soprano canadienne Elizabeth Polese (Papagena), la soprano polonaise Anna Siminska (La Reine de la nuit), la basse américaine Christian Zaremba (Sarastro et l’Orateur), trois divas canadiennes; les sopranos Andrea Núñez et Kirsten LeBlanc, et la mezzo-soprano Florence Bourget (les trois Dames).
Performances vocales
À mon humble avis, c’est-à-dire à l’oreille du mélomane et opéraphile que je suis, et non pas d’un musicologue patenté ou d’un musicien aguerri, tous, ou presque, ont admirablement bien tiré leur épingle du jeu. J’ai néanmoins une petite réserve envers les trois garçons (Petits Chanteurs du Mont-Royal) qui ne m’ont pas toujours semblé chanter juste et dont j’ai trouvé la voix un tantinet agressante, et envers la basse américaine Christian Zaremba (Sarastro et l’Oracle) qui a manqué de puissance dans le bas de son registre.
Mes coups de cœur vont au ténor américain Brian Wallin (Tamino) dont j’ai apprécié le timbre, la puissance vocale, et la qualité des aigus, et à la soprano polonaise Anna Siminska pour son impressionnante Reine de la nuit, et surtout au baryton slovaque Richard Sveda qui personnifie un savoureux Papageno – à l’allure d’un Buster Keaton (héro des films muets de jadis) – qui, dans son habit verdâtre ou jaune moutarde, et coiffé d'un canotier, joue merveilleusement bien, semble maîtriser l’art de la pantomime et démontre un grand sens du timing comique; c’est un régal pour l’œil et pour l’oreille à chacune de ses présences sur scène. Ce Monsieur Sveda joue très certainement aussi bien qu’il chante.
L’Orchestre Métropolitain, maestro Allen, et le Chœur de l’Opéra de Montréal ont très efficacement et impeccablement livré la marchandise.
À la conclusion de l’opéra, la longue ovation debout, les bravos et les applaudissements ont très légitimement été mérités.
La Flûte enchantée est encore à l’affiche pour trois autres représentations, les 12, 15, et 17 mai courant. Ne ratez surtout pas votre chance d’assister à cette inoubliable production. Informez-vous sur l'Opéra de Montréal et sur sa programmation 2022-2023, et procurez-vous des billets en accédant, ici, à son site internet. Aucun programme papier n’étant offert sur place aux spectateurs, vous devez vous le procurer en le téléchargeant suivant ce lien.