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Samedi le 10 septembre, à la Salle Wilfrid-Pelletier, l’Opéra de Montréal (l’ODM) présentait la triomphale première d’une série de quatre représentations du très lyrique opéra Il Trovatore de Giuseppe Verdi.
L’argument
L’histoire est tragique à souhait et se résume difficilement en seulement quelques mots. Qu’il me suffise de dire qu’on y traite de :
l’exécution sur un bûcher d’une soi-disant sorcière gitane jadis injustement condamnée à mort
un enfant enlevé à ses parents, par vengeance, dans le but de le brûler vif
un autre enfant jeté par mégarde dans les flammes de ce même bûcher
une secrète substitution d’enfant
un lourd secret longuement porté, par une mère tourmentée, et finalement révélé
un conflit amoureux entre deux ennemis politiques jurés convoitant la même femme
le suicide de l’amoureuse
la décapitation de l’amant s’avérant être un fratricide
Incidemment, vous pouvez approfondir l’argument, dans tous ses croustillants détails, en le consultant ici, sur le site internet de l’ODM.
La distribution
Elle réunit les chanteurs canadiens suivants: le ténor Luc Robert (Manrico), la contralto Marie Nicole Lemieux (Azucena), le baryton Étienne Dupuis (Comte de Luna), et la soprano Kirsten LeBlanc (Iñez). L’équipe du tonnerre se compose également de la soprano australienne Nicole Car (Leonora), de la basse américaine Matthew Treviño (Ferrando), du ténor italo-canadien Angelo Moretti (Ruiz), du baryton canado-letton Mikelis Rogers (un vieux gitan), et du ténor canado-mexicain James Sandoval (un messager). Chœur de l’Opéra de Montréal, et Orchestre Métropolitain dirigé par le chef québécois Jacques Lacombe.
Le décor
L’évocateur et sobre décor, signé Jean Bard, donne dans le désencombrement, voire le minimalisme. Sur un écran géant occupant toute l’arrière-scène est projeté un permanent ciel nuageux où les teintes de gris abondent et où apparaissent tour à tour, la lune, des silhouettes d’arbres et le profil d’une tour ou d'une prison. Les éléments de décors ponctuels additionnels sont un grand panneau percé de quatre arches évoquant un château, deux ou trois arbres longilignes, et un second panneau percé d’une fenêtre pourvue de barreaux rappelant un cachot. L’aspect lugubre de l’ensemble, manifestement voulu ainsi, traduit éloquemment l’oppressante lourdeur du drame qui se déroule sous nos yeux. Comme rien n’accroche vraiment l’œil (effet secondaire de l’austérité du minimalisme) toute notre attention peut être dirigée vers la musique et le chant.
La mise en scène
Signée Michel-Maxime Legault, elle se distingue par le statisme, l’économie de mouvements et l’évocation plutôt que la reconstitution.
La musique et le chant
Tant en solo, qu’en duo ou en chœur, c’est une suite quasi ininterrompue de highlights (moments forts). Une enfilade de mélodies envoûtantes et de mémorables airs lyriques. Une mine de vers d’oreille. On a qu’à penser, entre autres, aux célébrissimes « Stride la vampa » chanté par Azucena, « Chi del gitano i giorni abbella? » (aussi connu, sinon mieux connu, sous le titre de « l’air des enclumes » ou « Le chœur des forgerons ») chanté par les gitans, « Ah, si ben mio. Di quella pira! » chanté par Manrico, le duo « Udiste? ... mira di acerbe lagrime » chanté par Leonara et le Comte de Luna. Bref, du Verdi à son meilleur. Qui plus est, l’ODM, fidèle à lui-même, a impeccablement livré la marchandise sous la baguette de maestro Jacques Lacombe.
Prestations des chanteurs
Après la tombée du rideau, la salle s’est spontanément levée pour légitimement ovationner l’ensemble de cette éminemment méritante production. Les bravos et les applaudissements ont longuement fusé. Alors que chacun des principaux protagonistes se présentaient tour à tour sur scène, pour saluer et récolter les applaudissements, c’est la renommée contralto Marie-Nicole Lemieux qui a suscité la plus bruyante réaction de la foule, et pour cause : sa performance est remarquable et certainement digne de mention et... d’ovation. Elle incarne une Azucena criante de vérité. Son jeu empreint de réalisme est des plus touchant. Sa théâtralité est à la hauteur de son impressionnante voix qu’elle utilise et projette avec une maestria consommée.
Le réputé baryton Étienne Dupuis propose un Comte de Luna qui s’impose et en impose. La voix est sûre, solide, puissante, et semble inébranlable. Avec celle de Marie-Nicole Lemieux, c’est sa prestation qui m’a le plus impressionné. Quant à la non moins réputée soprano Nicole Car (conjointe d’Étienne dans la vie) elle offre une saisissante et impeccable performance. À mon humble avis, cependant, ça manquait de passion dans les échanges entre Manrico (Luc Robert) et Leonora (Nicole Car), et la colère du Comte de Luna n’a pas vraiment transpiré dans le jeu d’Étienne Dupuis : immobilité, statisme et retenue, des choix discutables de mise en scène.
Vocalement, le ténor Luc Robert s’acquitte avec brio et apparente aisance du rôle de Manrico, jusqu’à ce qu’il s’attaque au réel défi que représente « Di quella pira », aria hautement attendue par les férus d’opéra qui l’ont déjà entendu interprétée de magistrale façon par notamment Luciano Pavarotti, Franco Corelli, et Franco Bonisolli, dans un glorieux passé pas si lointain.
L’aria se termine par une note haute (le fameux contre-ut), sur le mot « alarmi », que les ténors au souffle inépuisable se plaisent à prolonger, et qu’ils exécutent en deux temps, c’est à dire « alar » et « mi », qu’ils prononcent distinctement, qu’ils chantent à pleine voix de poitrine, et qu’ils soutiennent l-o-n-g-u-e-m-e-n-t pour notre plus grand plaisir. Or, dans sa finale, Luc Robert fait bref sur « alar » et coupe très court sur « mi », ce qui nous laisse un tantinet sur notre appétit... de sensationnel.
Ai-je vraiment besoin de préciser que, comme d’habitude, tous les commentaires ci-dessus n’engagent que moi, ne relèvent que de ma perception personnelle, et ne font très certainement pas unanimité dans le merveilleux monde de l’opéra.
En conclusion, je ne saurais trop recommander cette particulière production. C’est assurément à voir et à entendre. Il Trovatore sera de nouveau en scène les 10, 13 et 15 septembre, à 19 h 30, et dimanche le 18 septembre, à 14 h. Pour une courte biographie de chacun des chanteurs et pour vous procurer des billets, vous êtes invités à visiter le site internet de l'ODM. Tous ces méritants chanteurs sont présents sur Facebook et plusieurs d’entre eux ont leur propre site internet : ils vous attendent donc sur leurs pages respectives pour vous dévoiler leur parcours étoffé.