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Le 16 mai dernier avait lieu le lancement officiel au Pow Pow de Bizou, le nouvel album d'Alix Fernz. Dans tout le brouhaha des semaines qui ont précédé le lancement - spectacle à la Sala Rossa, séance d'écoute au Système, visite éclair à Toronto pour un spectacle à The Baby G, entrevue avec Le Devoir et autres -, j'ai eu l'occasion de discuter avec lui au légendaire Club Social. Quelques mots à propos de cette rencontre et du nouvel album.
Sid Vicious a été élevé dans la pauvreté, par une mère indifférente et droguée qui subvenait pour un certain temps aux besoins de la «famille» en vendant du cannabis à Ibiza. À 16 ans, il abandonnait l’école, était jeté à la rue et grossissait les rangs de l’armée de jeunes travailleurs d’usine flétris et désespérés de l’Angleterre pré-thatchérienne. À 21, il mourrait d’une mort sordide.
Alexandre Fournier est né dans la banlieue Nord de Montréal, dans un quartier résidentiel anonyme et générique où se succèdent à l’infini de grandes maisons identiques. À 16 ans, son corps se rendait toujours à la polyvalente, mais son esprit, propulsé par une panoplie de psychotropes, s’était déjà enfui bien loin. Et à 24 ans, il vient de lancer, lors d’un spectacle mémorable au Pow Pow, son 4e album, Bizou, Le premier en tant que Alix Fernz.
Deux parcours bien différents. Pourtant, il faut admettre que leurs cheveux se ressemblent nettement.
C’est peut-être parce que même si, en termes de brutalité, la vie des années 2000 dans la banlieue de Montréal est incomparable à celle de l’East End de Londres des années 70, les deux se rejoignent dans la grisaille, l’ennui, l’absence d’horizon. Cage dorée, cage d’acier.
Alix aurait pu, comme d’autres, continuer à fumer du pot jusqu’à la carbonisation du dernier neurone en jouant à World of Warcraft et/ou s’adonner à d’autres évasions autodestructrices. Il a plutôt décidé de créer son propre univers, une réalité -sonore- alternative, dans laquelle s’entremêlent les influences les plus diverses. Rock garage, psychédélique, punk, post-punk, électro, synthpop…
Avant de se lancer dans l’écriture de Bizou, Alix composait sous le nom de Blood Skin Atopic et il est assez hallucinant, quand on a en tête son milieu d’origine et son âge à l’époque, de penser qu’une telle plante exotique et protéiforme a pu croître sur les pelouses régulières et immaculées de la morne banlieue. Chacun des trois albums sortis sous ce nom, dont les paroles et la musique sont entièrement composées et interprétées par lui, est véritablement singulier et intéressant (même si Alix me dit qu’à ce moment, il n’arrivait qu’à imiter ce qu’il aimait).
Il avait déjà emménagé à Montréal à l'époque de Blood Skin. Il étudiait -un peu à contre-cœur, pour répondre aux attentes familiales et occuper son temps- au Cégep du Vieux-Montréal, en technologie de l’électronique et audiovisuel. Il se produisait ici et là, avec les musiciens qui l’accompagnaient en tournée, dans des salles de la ville, à l’occasion de spectacles de plus ou moins grande envergure. Le projet, qui a sans doute culminé en 2020 avec la réception du prix GAMIQ de l’album punk de l’année pour Eczéma, connaissait un certain succès, mais sans prendre l’envol attendu.
Ce sont la pandémie et la réponse somme toute décevante du public au dernier album qui ont donné à Blood Skin Atopic son coup de grâce. Alix a été forcé, en même temps que nous tous, de se replier sur soi, de revisiter des états mentaux déjà parcourus - incluant les horizons enfumés et vaporeux du cannabis - et de réfléchir à la suite des choses. Tandis que d’autres exploraient la boulangerie et autres hobbys de fortune, les pénibles années de confinement discontinu et de léthargie forcée ont été l’occasion pour lui d’un face-à-face avec soi fructueux.
Bizou, composé encore une fois en solo, sorti sous le nouveau nom d’Alix Fernz, est le phénix qui renaît des cendres et du marasme pandémique. Et bien franchement, il s’agit d’un oiseau rare et flamboyant, au plumage tantôt sombre, tantôt multicolore, tout dépendant de l’angle dans lequel la lumière s’y réfléchit.
L’album, tout comme ceux qui l’ont précédé, flirte avec une multiplicité de genres, mais cette fois d’une façon qu’on sent plus personnelle et audacieuse. Les bangers racoleurs et rapides aux accents pop comme l’extrait Muselière sorti plus tôt ce printemps succèdent aux balades sirupeuses et sinueuses.
La chanson titre, la planante et psychédélique Bizou, s’étire à l’infini dans une succession de détours inattendus, dessinés par une trame au piano qui détone. Les textes, entre peintures primitivistes et envolées surréalistes, donnent à voir les paysages intérieurs et extérieurs parcourus par Alix, dans une traversée torturée et tortueuse de Gotham City.
Un été chargé attend Alix et la troupe de camarades qui l'accompagne sur scène (Vincent Lemay à la basse, Olivier Cousineau à la batterie). Dès cette semaine, une mini-tournée vers l'Est avec un arrêt à Chicoutimi le 23, à Québec le 24 et à Rimouski le 25. On aura l'occasion de l'entendre à nouveau à Montréal en juillet et en septembre, en compagnie de Laura Krieg, dans le cadre de POP Montréal.