Du 18 au 20 septembre 2024, l’Agora de la danse présente Montréal - Marrakech, un projet porté par un quatuor initié par Taoufiq Izeddiou et par Danièle Desnoyers dans lequel les chorégraphes confrontent leurs écritures tout en témoignant de leur rencontre.

Montréal - Marrakech, «c’est deux cultures chorégraphiques, deux mondes, deux types de formation en danse, c’est deux façons de pratiquer la danse complètement différentes, c'est des façons différentes de vivre des conditions artistiques et c'est vraiment le dialogue entre tout ça qui a comme un peu forgé le cœur de la pièce, cette idée de rencontre», explique Danièle Desnoyers, chorégraphe et co-créatrice de la pièce, qui est aussi pédagogue.

Sur scène, le quatuor porté par Myriam Arseneault Campbell et Abe Simon Mijnheer du côté de Montréal, et par Chourouk El Mahati et Moad Haddadi du côté de Marrakech transpose un dialogue entre deux cultures. 

Un projet qui voyage 

Cette pièce est le fruit de la rencontre de Danièle Desnoyers et Taoufiq Izeddiou, qui avait invité la chorégraphe en 2019 pour présenter son travail lors de son événement appelé On Marche, un festival international de danse contemporaine à Marrakech. 

«À ce moment-là, il y avait des difficultés financières de part et d'autre pour financer le projet et Taoufiq m'a dit, j'aimerais que tu viennes au Maroc pour voir dans quelle réalité nous travaillons. Je connaissais déjà assez bien le continent africain parce que j'y habitais plus jeune [...] Ça fait que j'étais extrêmement curieuse.», raconte-t-elle.

Après avoir assisté au festival pendant une semaine, « on s'est assis ensemble, puis je disais à Taoufiq, “Moi, de la tournée j'en ai fait beaucoup je trouve ça vraiment bien, mais j'aimerais ça qu'on fasse autre chose ensemble, qu'on travaille les deux communautés ensemble.” Et c'est là que Taoufiq a dit, “Mais pourquoi on ne ferait pas une co-création?”»

De fil en aiguille, le projet a commencé à prendre forme, malgré la pandémie qui les a obligés à se réunir en France. Les deux chorégraphes ont bénéficié de résidences de créations, notamment avec Montpellier Danse, puis avec l'institut Français de Marrakech, ainsi qu’au Laboratoire Arts Vivants et Interdisciplinarité (LAVI) du département de danse de l’UQAM. 

Montréal - Marrakech a ensuite été présentée au Festival Montpellier Danse en 2023 avant de déposer ses bagages à Montréal cette année.

Le partage au cœur de la pièce

Pour Danièle Desnoyers, la pièce n’est pas seulement un dialogue: «S'il y avait un sujet, pour cette pièce, c'est vraiment le partage : partager son expérience, ses valeurs, ses croyances, partager ses façons de faire, c'est une pièce qui est tendue par cette notion de partage», explique-t-elle.

Montréal - Marrakech porte les deux signatures des chorégraphes, mais également celles des quatre interprètes. 

«C'est leur façon de se rencontrer dans la danse, de se toucher, de s'approcher. Ce n'est pas tant des sujets que des façons de faire qui sont tellement différentes d'une région du monde à une autre.»

Une pièce sobre pour mieux constater

De son côté, la scénographie a été pensée sobrement, le but étant de se focaliser sur la matière plutôt que sur le décor.

«[C’est aussi] se concentrer sur la beauté de ses interprètes et quand je dis la beauté, ce n'est pas la beauté physique. Moi, ce qui m'a le plus impressionnée, quand j'ai rencontré Chourouk, Moad, les interprètes, c'était la profondeur de leur âme, la profondeur de leur pratique.»

Le public, dans l’optique de ce projet qui voyage, sera transporté dans les deux continents par le biais de la danse avec les interprètes sur scène, mais également par la musique imaginée par Ben Shemie. 

«Je trouve que dans la musique de Ben, on retrouve vraiment la géographie des deux continents [...] c'est-à-dire qu'on sent qu'il y a des parties qui sont plus nord-américaines, d’autres plus nord-africaines».

En revenant sur les notions de partage et de rencontre de ces deux cultures, Danièle Desnoyers explique que Montréal - Marrakech est une pièce qui commence très lentement. 

«Parce qu'il y a ça aussi, les rythmes du monde ne sont pas les mêmes, Taoufiq n'a pas un même usage du temps que moi j'aurais, par exemple, et [il] tient beaucoup à transporter le spectateur dans des durées qui, parfois, se dilatent», ce qui coïncide avec la musique de Ben Shemie.

«Il y a des moments où c'est des moments de recueillement, parce que la musique nous transporte. [Comme] il y a d'autres moments, c'est plus la danse qui nous transporte.»

Dans Montréal - Marrakech, on retrouve également des dimensions performatives, un amalgame de différentes pratiques. «C'est une pièce qui est exigeante aussi physiquement», révèle Danièle Desnoyers.

«Le corps est notre langage, c'est un travail sur le corps. Tu n'as pas besoin de parler une langue en particulier.», continue-t-elle en expliquant que chacun et chacune peut se reconnaître dans la danse. 

Avec tous ces facteurs, la co-créatrice souligne un défi que soulève la rencontre de des deux écritures. Selon elle, il est important d’arriver à retrouver à chaque fois leur essence.

«C'est quand même une écriture hybride, qui est faite des deux pôles, et c'est de toujours nous rappeler, de nous retrouver dans ce qu'on transporte, comment on le dit, comment on le fait, comment on le vit», résume-t-elle.

La pièce Montréal - Marrakech sera présentée à l’Agora de la danse du 18 au 20 septembre 2024. Pour la billetterie ou pour plus d’informations, cliquez ici.