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Beaucoup de gens, déjà, ont été rejoints par l'album sorti le 5 juillet dernier par la jeune et ardente formation Truck Violence, intitulé avec une austère rudesse Violence. 60 000 écoutes au total sur les différentes plateformes de streaming et 120 cassettes de vendues.
Il faut dire que les huit poignantes tracks de l’album, faites d’haletants retournements rythmiques et mélodiques, peints au moyen d’une poésie symboliste parfois fulgurante, déclamée et hurlée avec une constante justesse, se parcourent en retenant son souffle.
Loin d’une atmosphère trop souvent détachée, ironique et éthérée, on est ici plongés, dès les premières notes de Undressed you layn’t before, dans la densité d’une œuvre à la fois âpre, sincère et sans compromis. Ce premier extrait, sorti le 7 mai dernier, qui constitue aussi le frontispice de l’album, s’ouvre avec un exorde instrumental urgent, saccadé et bruitiste aux accents black métal, immédiatement suivie d’un aveu sous forme de supplication : «Tell me/ Tell me that I’m good enough/ That I’m not too far gone/ That I am interesting». La formation ne fait qu’un avec cette offrande, tendue au public avec des mains tremblantes.
Il est difficile de faire voir et sentir à celui qui ne l’a jamais goûté la poésie particulière des hameaux isolés des plaines de l’Ouest canadien, poussières d’humanité engoncées comme par accident au milieu d’un paysage aride, hostile, sublime dans son immensité et sa monotonie. Une humanité coincée quelque part entre civilisation fruste et naturalité déchue, qui peine à se déployer sous le poids écrasant de tout l’espace disponible. Une humanité faite de drames ordinaires et tragiques, qui se terrent à l’ombre des néons criards des motels de bords d’autoroutes. Faite de rêves grandioses moisissant dans des hangars aux charpentes grinçantes. Mais aussi façonnée et vivifiée par le vent, le soleil, la pluie, la proximité du ciel et de la terre.
C’est pourtant ce qu’accomplit avec brio Violence, qui rend presque tactiles les conifères sévères, la suffocation et les longues routes cahoteuses qui ne mènent nulle part.
J’ai eu l’occasion, une journée avant la sortie de l’album, de discuter avec Karsyn Henderson, le vocaliste du groupe. On vous présente ici quelques moments de cette conversation à bâtons rompus.
Quelles sont les influences qui façonnent ta vision du monde et ta vision artistique, autres que la musique ? Tu avais un livre à la main quand on s’est croisés… que lis-tu ces jours-ci ?
Je suis un grand lecteur, j'adore lire. Mais je suis plus intéressé par la littérature et la poésie que par la théorie pure, sèche et analytique. En ce qui concerne la littérature, ces derniers temps, je lis beaucoup de romantiques et de symbolistes allemands et russes. J'aime en particulier Goethe, Hesse, Mann, Tsvetaïeva et Blok. J'aime beaucoup les symbolistes russes avec leur style brutal et froid.
Quel est l’idéal que toi et les autres membres du groupe souhaitez accomplir à travers l'art et la musique ?
Je veux créer quelque chose d'indéniablement beau, quelque chose dont on ne peut détourner le regard, qui soit universel dans sa spécificité. Je ne sais pas quand cela viendra, ni si cela viendra, mais c'est quelque chose que je vise.
Quelles œuvres d'art correspondent pour toi à ces critères ? Qu'est-ce que la beauté signifie pour toi ?
En ce moment, l'un de mes poètes préférés est Patrick Lane. Il a un style brutal qui me rappelle mon enfance dans les prairies. Tout y est très organique, d'une manière belle, mais inséparable de la mort et de la violence.
Quelques-uns de mes albums préférés, sur une note plus joyeuse, sont ceux de Brave Little Abacus et Frog. Ces deux artistes ont façonné ma façon de penser la musique. Frog a une manière vraiment magnifique de créer des mondes et d'utiliser l'espace. Brave Little Abacus est imparfait, immature et juvénile, mais de toutes les bonnes manières. Ce qui est beau, je crois, n'est pas ce qui est parfait et techniquement accompli. Mes pièces préférées sont souvent les plus imparfaites, mais imparfaites et sincères. Tant que je peux être honnête et sincère, je n'ai pas besoin d'être parfait.
Dirais-tu que la beauté donc a quelque chose à voir avec la vérité ? Comment exprimerais-tu ce lien ?
La confiance des gens en leur capacité à aborder l'art est cruciale. Beaucoup de gens évitent la poésie complexe et abstraite parce qu'ils ne croient pas pouvoir l'interpréter et la comprendre. Lorsqu'il s'agit d'interpréter une œuvre et de trouver la vérité en elle, il n'y a pas de formule unique. Il faut croire que ce que vous en retirez est ce qui doit être retiré. Cette interprétation est limitée bien sûr, mais elle fait partie de la vérité que l'œuvre contient. C'est pourquoi je peux écrire sur mon enfance dans les prairies, et quelqu'un né à Montréal peut l'écouter et sentir que ça a été écrit pour eux.
Comment perçois-tu à l’inverse qu'une œuvre d'art n'est pas vraie ?
Il est souvent facile de discerner l'intention d'un artiste et d'une œuvre, surtout en musique lorsque tu peux souvent voir l’artiste. Un bon exemple est lors d'un concert ; vous pouvez souvent voir un mur de prétentions que le performeur met en place, voulant apparaître d'une certaine manière - mystérieux, cool, etc. Quand tu vois cela, cela semble inauthentique, comme s'ils se conformaient à ce qui est considéré acceptable ou cool pour leur genre.
Est-ce que tu dois éviter consciemment d'offrir au public ce qu’il souhaite recevoir ? Comment fais-tu pour éviter d'être influencé par cette pression d'être vu ?
En tant qu'artiste, il y aura toujours un public qui comprend qu'il est là pour voir quelqu'un performer, et vous, le performeur, jouez avec le public. Il y a cette barrière, et j'ai essayé de la briser, mais c'est difficile. Il ne s'agit pas de chercher à être brut et laid. C’est seulement ce que je suis : brut et laid. Pour être authentique, je dois ne pas me soucier de mon apparence, des expressions que je fais, ou de mes mouvements corporels. Je n'ai pas besoin de faire des mouvements ou des poses particuliers – juste ce qui semble naturel. Je ne suis pas parfait dans cela, et je vais faire beaucoup d'erreurs, mais c'est ce que j'essaie d'accomplir.
Truck Violence, en plus du vocaliste et poète Karsyn Henderson, est composé de Chris Clegg à la basse, Paul Lecours à la guitare et au banjo, et nouvellement Gaël Parnas-Zver à la batterie (on entend à cet instrument Ryley Klima sur l’album). Le spectacle de lancement d’album, qui aura lieu le 16 août prochain à l’Église St-Édouard sur Beaubien, vient d’être annoncé.