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Dimanche 24 novembre, le prodigieux et déjà mondialement reconnu pianiste argentin Tomás Alegre s'est produit à la Salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal dans un concert sous-titré Chopin et la postérité : guerre, mysticisme et passion.
Né à Buenos Aires en 1992, il est un « Protégé de Martha Argerich et étoile montante du piano sur la scène internationale ». Il nous a offert « un programme romantique de haute virtuosité, où se manifeste l’influence de Chopin sur les grands pianistes-compositeurs des XIXe et XXe siècles. »
Rarement ai-je assisté à un concert aussi renversant. L’étalage de virtuosité a été rien de moins qu’époustouflant. Au programme, dans l’ordre de présentation, on retrouvait les quatre œuvres éminemment virtuoses suivantes :
Sonate pour piano nº 3 en si mineur, op. 58, Frédéric Chopin (1810-1849)
Sonate pour piano nº 4 en fa dièse majeur, op. 30, Alexandre Scriabine (1871-1872)
Sonate pour piano nº 1 en fa mineur, op. 1, Sergueï Prokofiev (1891-1953)
Sonate pour piano nº 2 en si bémol mineur, op. 36 (version de 1931), Sergueï Rachmaninov (1873-1943)
Le Chopin, d’une durée de quelque trente minutes, innovateur, romantique et tourmenté, est en quatre planants mouvements et est le reflet de « la tension émotionnelle de l’été 1844 » vécue par le compositeur et imputable à sa santé chancelante et au décès de son père.
Le Scriabine d’à peine huit minutes, en deux mouvements, témoigne du virage « mystique » qu’a pris la vie du compositeur au tout début des années 1900. Lors du deuxième mouvement, voulu « aussi rapide que possible, à la limite du possible », Tomás a produit des étincelles.
Le Prokofiev, en un seul mouvement divisé en quatre sections d’une durée totale de sept minutes, est l’œuvre étonnante d’un compositeur qui n’avait alors que quinze ans.
Quant au Rachmaninov, en trois mouvements totalisant près de vingt-cinq minutes, dont Tomás a fait un spectaculaire feu d’artifice, il se veut être une évocation de sons de cloches et, pour Hélène Grimaud — pianiste française — « cette sonate chante la mort, celle des proches ou de ceux qui vont mourir, mais elle annonce aussi l’espoir. »
Tomás a joué entièrement de mémoire, sans aucun support visuel. Par moments, on aurait pu penser qu’il avait quatre mains tellement ce récital a été un quasi continuel déferlement musical semblant être produit par deux pianistes.
Le maestro a un faciès aussi changeant que la position de ses mains sur le clavier. Pendant qu’il soumet le pavé noir et blanc à rude épreuve, une pièce de théâtre se joue dans son visage aussi parlant que celui d’un acteur de film muet qui s’efforce de transmettre toutes ses émotions par son regard et ses expressions faciales. Ses yeux se ferment ou s’écarquillent, ses sourcils adoptent l’accent circonflexe ou se contractent, ses lèvres s’agitent, il monologue ou chantonne, il esquisse régulièrement des sourires tantôt réjouis, tantôt d’apparence chagrine. Bref, il est très intense et visuellement des plus éloquents.
Le virtuose, qui n’a pas prononcé un seul mot de tout le concert, a offert deux courts rappels, tout aussi enlevants que le contenu de son programme, sans toutefois rompre son mutisme pour les identifier. On ignore donc ce qu’il a joué et quels en étaient les compositeurs. Le premier rappel sonnait comme du Rachmaninov, à mon oreille, et le deuxième avait des accents jazzés par moments.
Qu’un musicien ne mentionne ni le titre ni le nom du compositeur d’une œuvre qu’il s’apprête à jouer sera toujours pour moi source d’étonnement et de déception : pour tout musicien, présenter son rappel en bonne et due forme ne devrait-il pas être un réflexe automatique ?
En conclusion de son flamboyant programme, et après chaque rappel, le valeureux pianiste a reçu une très légitime ovation debout accompagnée de longs et chaleureux applaudissements. J’en prendrais tous les jours des concerts de si haute voltige.
Immédiatement après le concert, Tomas s’est rendu au rez-de-chaussée où il a volontiers conversé avec des spectateurs (en espagnol au moment où je l’ai croisé) et signé des autographes.
Tomás Alegre est actif sur Facebook et vous invite à fréquenter son site internet bilingue, espagnol-anglais, pour en apprendre davantage à son sujet. Soit dit en passant, la charmante Salle Bourgie, inaugurée en septembre 2011, est située dans la nef d’une ancienne église (Erskine and American), jouit d’une acoustique exceptionnelle et est ornée d’une vingtaine de splendides vitraux Tiffany. N’hésitez pas à fréquenter assidûment son site internet pour consulter sa programmation des plus variées et relevées et vous procurer des billets pour un prochain événement.