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Le 2 mars dernier, c’est devant un MTELUS à guichets fermés que le légendaire groupe Thievery Corporation lançait les festivités de la (longue) Nuit blanche montréalaise qui s’annonçait. Fondé dans le milieu des années 90 par le duo de DJ américains Rob Garza et Eric Hilton, Thievery Corporation a constamment repoussé les limites de la musique électronique, fusionnant des éléments de dub, de reggae, de trip-hop, de bossa nova, et de jazz dans une mosaïque sonore qui défie les catégorisations traditionnelles.
Autre élément inhabituel dans ce groupe, c’est pas moins de 5 interprètes différents qui se sont relayés sur scène, chacun dans son univers musical. Un concept de composition de groupe unique qui, à l’image de la carrière du groupe, transcende les frontières géographiques et musicales. Nous avons donc été emportés dans un véritable tour du monde musical… tout en restant sur place, à Montréal!
1996. Sortie du premier album du groupe Sounds from the Thievery Hi-Fi qui, à l’époque, a posé véritablement les fondements musicaux du combo: passion pour les musiques du monde, une base électronique à base de rythmes downtempo, une place prépondérante accordée aux voix et aux instruments organiques et une approche avant-gardiste de la production musicale. Depuis, le duo n'a cessé d'explorer et d'expérimenter au fil de leur discographie.
Des albums comme The Mirror Conspiracy, The Richest Man in Babylon ou encore Radio Retaliation ont consolidé leur réputation, introduisant des éléments de musique indienne, de samba, et de folk dans une palette musicale déjà bien éclectique. Les textes ne sont pas en reste et démontrent un engagement envers des thèmes sociaux et politiques, traitant de l'injustice, de la pauvreté, et de la nécessité d'une conscience globale face aux expressions de pouvoir liberticides et antidémocratiques, partout dans le monde. En tout cas, voilà pour la présentation du groupe et pour son travail en studio. Comment cela se traduit-il en concert?
Ce qui peut paraître difficile sur le papier s’est révélé être bien excitant en vrai, au plus grand plaisir des chanceuses et chanceux qui étaient ce soir-là au MTELUS! L’entrée sur scène s’est faite sur un medley instrumental mêlant sitar, basse, batterie, percussions, guitare et bien sûr, la rythmique électronique orchestrée par le duo en chef du groupe. L’atmosphère était électrique, le public étant immédiatement emporté dans l’odyssée sonore qu’il est venu chercher. Enchaînement fluide sur le classique et plus grand tube du groupe Lebanese Blonde avec l’entrée sur scène de la chanteuse Laura Vall, 1 des 5 interprètes précitées.
Toute la soirée s’enchaîna comme ça: sans véritable arrêt entre les chansons. On a vogué entre les styles, les chanteuses et chanteurs, les langues et les pays. Chaque morceau joué apportant sa propre couleur à cette toile musicale riche et variée. Les transitions fluides entre les titres, allant des ballades romantiques groovy à des hymnes énergiques, plus revendicatifs politiquement, ont mis en évidence la diversité stylistique qui caractérise le combo internationaliste.
La chimie entre les membres du groupe était palpable, chaque artiste (au chant comme en instrument) ayant l'opportunité de briller et de partager son héritage culturel et musical unique. Cette belle harmonie sur scène, en toute fluidité, a souligné la vision de Thievery Corporation: la musique comme force unificatrice et moyen d'expression au-delà des barrières linguistiques et culturelles. Enfin, pour ce qui était le 7e passage de l’histoire du groupe en terre montréalaise, le spectacle/tour du monde musical s’est fini en apothéose avec le titre Warning Shots chanté par 3 vocalistes en même temps… Fusion, on vous a dit!
En tout cas, avec ce concert, Thievery Corporation a prouvé que ce n’était pas simplement un groupe musical. C'est plutôt un mouvement d’ouverture, une ode à l’éclectisme, une invitation à voyage sonore pour explorer la richesse de la musique mondiale. Les voyageuses et voyageurs, embarqués depuis le MTELUS, ont eu l’air de beaucoup apprécier le périple!