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Cette phrase n’est pas une lapalissade : elle sort d’un monologue de Yvon Deschamps ! Comme bien d’autres phrases que l’on retrouve dans l’hommage à l’œuvre gigantesque de cet homme de mots et d’humour : Yvon Deschamps raconte La Shop.
Ce spectacle m’a réjoui par la (re)découverte des mots et des monologues de Deschamps. Jean-François Blais, idéateur, concepteur et metteur en scène, a eu la bonne idée de les entourer de plusieurs formes d’arts de la scène : musique, chansons, danse, théâtre, comédie, humour et cirque.
Certains pourraient ne pas être friands de ce type de spectacle fourre-tout ou auraient préféré avoir davantage de Deschamps et moins de danse hip-hop.
C’est loin d’être mon constat ni celle de mon accompagnatrice. Au contraire : la diversité artistique nous a beaucoup plu.
Ce spectacle musical et humoristique se base sur une vision créative des textes de Deschamps. Une vingtaine de succès musicaux québécois d’Yvon et de Charlebois, Desjardins, Dubois, Ducharme, Faulkner, De Larochelière, Fiori, Pagliaro, Séguin et Vallières, viennent ponctuer chacun des huit tableaux composant le spectacle. Antoine Gratton a réalisé les arrangements musicaux afin qu’ils collent à l’époque de La Shop.
Autour de ce concept, des hommes et des femmes évoluent dans différentes disciplines artistiques permettant de découvrir des personnages colorés et attachants, remettant en question la société, l’exploitation de la classe ouvrière, le sexisme, l’homophobie, le racisme et faisant réfléchir sur nos valeurs actuelles.
Et même 25 ans après la rédaction de son dernier monologue, on se rend compte que de se questionner sur les structures sociales, c’est encore d’actualité. Le public veut entendre du Deschamps et c’est ce qu’il entend.
Les spectateurs sont amenés dans le passé en 1942, dans l’univers de « la shop », là où hommes et femmes travaillent à la chaîne, répétant des dizaines de fois par jour les mêmes gestes, « punchant » leur carte à l’arrivée et au départ de leur journée, répétant le tout le lendemain, et encore et encore...
Cette répétition des gestes est exploitée autant dans le jeu des comédiens que par les mouvements répétés et saccadés des danseurs.
Le décor, fait d’amoncellement de boîtes de différentes grosseurs, contribue à nous transporter dans l’usine.
En me documentant pour écrire cet article, je découvre que Deschamps est fasciné par Charlie Chaplin qui lui a servi de modèle et d’inspiration pour écrire ses monologues, racontant des choses graves avec une certaine légèreté.
Cela explique le début du spectacle alors que le pianiste Guillaume Marchand entame la pièce Les temps modernes alors que sur un écran format hublot en fond de scène, on lit : « applaudissez », « riez », « souriez »…
Dès ces premières minutes, le public a l’impression de faire partie, lui aussi, de La Shop.
J’ai bien aimé les huit tableaux : j’avais l’impression de tourner les pages d’un livre imagé, chapitre par chapitre : les filles, la factrie, la noce de la fille du boss, la langue française, la paternité, lock out…
Des 18 artistes sur scène, quatre représentent le « gars de la shop » décrit par Deschamps. À Stéphane Archambault - le Mouton, Sylvain Marcel – le Syndicaliste et David Savard – le Frondeur, s’ajoute « une fille d’la shop », la Rêveuse, Elizabeth Dupéré. Chacun, avec sa personnalité bien distincte, représente bien les rêves, les drames, les amitiés, l’amour inconditionnel envers leur boss, et surtout, la recherche du bonheur de ces personnes travaillant à l’usine.
Les comédiens sont tellement investis par leur rôle que j’ai parfois eu l’impression de voir Yvon lui-même livrer un texte ou une chanson, et ce, sans imitation.
Leurs voix se marient bien lors des chansons. Mention spéciale à la voix soprano surprenante de Madame Duperré !
Le Contremaître, David-Alexandre Després, mime omniprésent sur scène, sait être clair dans son rôle d’employé curieux, autoritaire, contrôleur, croyant avoir du pouvoir, mais n’ayant aucune crédibilité auprès de ses collègues.
Le couple d’artistes circassiens Myriam Deraîche et Sam Charlton fait de superbes numéros athlétiques; mon préféré est le main à main acrobatique qui démontre une belle sensualité.
Les danseurs de la compagnie DM Nation interprètent avec énergie et dynamisme les chorégraphies de danse contemporaine aux accents hip-hop, signées par Marie-Odile Haince Lebel et Caroline Lemieux.
Autant ce spectacle suscite le rire, il nous fait aussi réfléchir à la mort, la pauvreté, les classes sociales. Le langage ouvrier est utilisé : moé, la grocerie, les piasses, du cash, on veut le wère, et les verbes en « -rait » employés avec des « si »…
La fin nous laisse sur un questionnement d’Yvon Deschamps : « Qu’est-ce qui va nous arriver… avec nos systèmes de santé, d’éducation…? »
Il pense que la vie continuera de s’améliorer mais qu’il faudra être vigilant.
Et même si on est dans une époque où l’humain est de plus en plus remplacé par la machine et l’intelligence artificielle, la célèbre question « Les unions, qu’ossa donne ? » a encore lieu d’être !
Yvon Deschamps raconte La Shop est le premier spectacle de la série RACONTE. Pour réaliser ces productions, les artistes à qui on rend hommage collaborent à l’élaboration des concepts.
Dans ce cas-ci, Yvon Deschamps a participé au développement à divers moments, mais est aussi présent sur scène par le biais de courtes vidéos récemment enregistrées. Il dit des mots « comme d’l’temps », et fait aussi des liens entre les différents tableaux.
RACONTE a comme souhait de proposer un spectacle original à grand déploiement par année, réunissant plusieurs types d’arts de la scène.
L’entracte d’une vingtaine de minutes n’est pas nécessaire à mon avis; ça réduirait le spectacle à deux heures, ce qui serait bien acceptable et éviterait de nous sortir de cet univers.
Yvon Deschamps raconte La Shop a d’abord été présenté au Théâtre Maisonneuve ces derniers jours. Plusieurs supplémentaires s’ajoutent dont une le 15 mars 2025 dans la même salle.
Consultez le site internet pour voir à quel moment il s’installera dans votre patelin : Québec, Saint-Jérôme, Longueuil, Sherbrooke, Trois-Rivières, Gatineau, Joliette et d’autres font partie de la tournée. La curiosité vous prend? Cliquez ici pour visionner la capsule de présentation du spectacle.