Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
Fondatrice d’Un autre blogue de maman, Pascale Clavel a signé son tout premier livre, Plume, une histoire d'anorexie, aux Éditions Isatis en avril dernier. S'inspirant de sa propre histoire, l’auteure nous présente l'histoire de Plume sous forme d'un journal intime où elle se raconte et où on découvre le terrible fardeau d'une jeune fille de 14 ans qui souffre d'anorexie.
Plusieurs jeunes adolescents souffrent encore en silence du trouble alimentaire. Il y a certes plus de filles que de garçons qui en sont atteints, mais ces derniers ne sont pas à négliger. On a souvent dit que le trouble alimentaire était une maladie de femme… Mais un trouble de santé mental ne se leurre pas aux stéréotypes. Beaucoup de jeunes hommes n'en parlent tout simplement pas.
« Depuis l'entrée au secondaire, rien n'est pareil. Tout a un goût bizarre. Le changement, c'est nul, ça goûte l'abandon, le trop plein d'émotions… En attendant de trouver une nouvelle meilleure amie, j'essaie de me fondre dans le beige des corridors, une sorte de couleur l'aide et brune. »
Plume a 14 ans et vient d'entrer au secondaire. Elle vit sa première peine amicale; sa meilleure amie a choisi un autre groupe d'amies plus cool qu’elle. Elle est dévastée, se trouve moche et grosse et devient obsédée par son image. Elle calcule les calories, fait des exercices en cachette dans sa chambre, perd du poids, perd sa vie, elle n'a plus rien. En croyant prendre le contrôle de sa vie, elle le perd petit à petit. Personne ne la voit sauf ses parents qui, un jour, s'inquiètent pour Plume et décident de consulter. Est-ce possible de se sortir de cette noirceur pesante qui bouffe toutes nos couleurs, notre personnalité, notre vie entière ?
« Cela fait maintenant presqu’un mois que mon combat a commencé. J'ai débuté tout doucement, subtilement. De plus petites portions, moins de sauce, de garniture, cette inutile fioriture. Le midi, j'ai décidé de tout couper en deux : une moitié de sandwich, une moitié de pomme, une moitié de yogourt vanille. Une moitié de fille... »
Plume se perd dans l’illusion que lui apporte la maladie. Elle se referme sur elle, sur le monde créé par l’anorexie. Elle attire malheureusement des félicitations; se transformer d’une fille abandonnée à une fille qui en plein pseudocontrôle d’elle-même est souvent une image de réussite.
« Pour la première fois de ma vie, je ne suis plus transparente ! Mon nouveau corps suscite l'admiration ! Je croule sous les félicitations. Ma cousine Rose, qui est la grâce incarnée, m'a même dit que je ressemblais à un mannequin dans ma robe de velours rouge si ajustée. »
Se faire admirer alors qu'on se fait si mal est un véritable calvaire. Comment pourrait-on redevenir celle qu'on était avant ? Quand pour une fois, les autres nous regardent les yeux pleins d'étoiles, qu'on nous voit belle, qu'on s'occupe de nous… et si en cessant notre régime on perdait tout ça?
« Ce midi je suis allée à la bibliothèque. C'est mon nouveau refuge. À quoi bon rester avec les autres alors que j'ai si peu à dire ? De toute façon, ils ne comprendraient pas. Nous vivons à présent sur deux planètes différentes. Penser au prochain repas occupe toutes mes pensées. Quel aliment vais-je choisir ? Quelle quantité ? Combien de calories ça fait ? Mon téléphone est devenu mon meilleur allié pour me donner réponse à tout. »
La maladie devient son amie, sa seule amie. La tristesse se dissout dans sa grande noirceur. Plus rien ne compte, même pas ses parents.
« Je les déteste ! Ma mère pour sa trop grande ingérence et mon père pour son silence. Son regard, lui, ne me lâche pas.
On revenait de chez le médecin. Encore.
"On ne peut plus te faire confiance. Ça ne peut plus durer. Tu n'as plus que la peau et les os!" m'ont-ils asséné, impuissants. »
L'impuissance, tant chez la personne malade que pour ceux qui l'entourent, est insoutenable. Comment aider une personne dont l'âme est profondément atteinte ? Il faut faire un saut de la foi; croire même si on n'y croit plus. Demeurer présent sans se laisser ensevelir par la maladie. Car le trouble alimentaire est sans pitié, il gobe tout sur son passage. Mais on peut s'en sortir. Avec la thérapie, le temps, une bouchée à la fois. Faire confiance à ceux qui veulent nous aider.
Et un jour, après bien des efforts, on reprend goût aux choses si simples pour les autres; manger un biscuit avec son frère, prendre un repas avec mamie, aller à des soupers de famille sans craindre le repas qui y sera préparé.
La rémission est possible
Pascale Clavel présente également la première hospitalisation de Plume de manière courte, puisqu’il serait impossible d’étaler toutes les étapes que vivent les personnes hospitalisées pour un trouble alimentaire. Les passages à l’hôpital sont nombreux dans plusieurs cas, chacun pouvant durer des mois. Les pages de la fin relatent le point de vue de l’auteure et s’ouvrent sur l’espoir. Il faut beaucoup de courage pour passer au travers d’un trouble alimentaire.
Certaines personnes s’en sortent, mais il faut noter qu’il y a toujours des séquelles mentales et physiques, parfois suite à la maladie. Heureusement, plusieurs équipes se développent maintenant pour aider ces personnes complètement démunies face au trouble et à leur entourage.
Les illustrations de Gabrielle Morrisseau sont pures, intimes et rendent hommage tant à la fragilité qu'à la détermination de Plume. Sous le poids de l’anorexie, le corps, la personnalité, la vie de la personne s'effondrent. Il ne suffit pas de recommencer à manger pour guérir ni de prendre du poids; le mal ronge les pensées, crée des distorsions, avale toute miette de volonté. Un suivi tant mental que physique est nécessaire. Il faut s’accrocher à l’impossible pour que le voile se lève et que nos yeux commencent à voir les sublimes couleurs qui nous habitaient avant la maladie.
« Je comprends désormais que ce qui me définit, ce ne sera jamais mon poids. Mon essence, je la puise dans mes idées, mes passions et surtout mes choix. Je suis parfois triste, parfois joyeuse et légère. »
À la fin de l’album, l’auteure nous livre quelques pages de soutien et d'accompagnement. Elle nous parle d’insatisfaction corporelle, d’estime de soi, des ressources pour aider les personnes qui vivent un trouble alimentaire. Sa voix, ses mots, son discours sont sincères et empathiques. L'histoire de Plume, l’histoire de Pascale Clavel, l’histoire de chaque personne, toutes ensemble, forment un filet de sécurité pour s’en sortir.
Plume, une histoire d’anorexie est une histoire parmi des milliers d’autres. Cet album est nécessaire pour les jeunes et les adultes qui cherchent à s'accrocher ou pour les aider à ouvrir les yeux sur leur mal. Très belle et malheureuse histoire qui se termine bien.
Merci à l'auteure d’avoir écrit cet album.
Plume, une histoire d’anorexie est disponible chez les Éditions Isatis.